Dans la ville rose, c’est sur la place du Capitole que quelque chose d’extraordinaire est en train de se passer depuis le 36 mars. Une remise en cause générale du système qui dépasse largement la simple contestation de la loi travail. Les Nuits Debout ne rassemblent pas que des jeunes et elles ne se contentent pas de dire Non. Il s’agit d’un mouvement horizontal qui questionne et déconstruit le système. Il repense le monde d’aujourd’hui pour imaginer celui de demain.
Une véritable liberté politique souffle sur les Nuits Debout
Tous les soirs, à partir de 18 heures, le rassemblement s’organise et le capitole se transforme alors en une véritable agora. La soirée commence par une assemblée générale durant laquelle nombre de sujets de fonds sont abordés par le biais d’une réflexion collective. Puis vient le tour des commissions en petits groupes. Plus facile pour partager des idées. La liste n’est pas exhaustive mais s’étire aux grès des initiatives : Le rapport au pouvoir et à la représentation, le problème économique lié à la mondialisation financière ou encore les rapports humains, cantonnés à des catégorisations sociales. Autant de thématiques importantes pour le vivre ensemble qui sont débattues par tous et en pleines lumières.
Toute personne qui le souhaite peut donc prendre part aux débats et y ajouter sa réflexion personnelle. Contre la liberté individuelle du système représentatif et aussi incroyable que cela puisse paraître, les citoyens sont en train de trouver la liberté politique que le système électoral confisque depuis toujours. Les Nuits Debout ne sont pas apolitiques. Bien au contraire. Elles représentent l’essence même de ce qui fonde une véritable démocratie. L’organisation collective et le débat contradictoire des citoyens.
Les risques du succès
Pas de représentants officiels donc pour ce mouvement . C’est le débat philosophique de la démocratie directe des anciens contre la démocratie représentative des modernes qui semble être en train de se jouer en ce moment même sur les places publiques. A Toulouse comme ailleurs, les citoyens prouvent par l’action que l’organisation du vivre ensemble est l’affaire de tous. Attention cependant à la petite musique qui commence à se faire entendre, aussi bien par les grands médias que par certains militants , et qui voudrait que ce mouvement participe à la mascarade politique des élections qui arrivent. Une petite musique qui laisse entendre qu’il faudrait un représntant pour institutionnaliser cette impulsion citoyenne.
Si le mouvement dure et s’amplifie dans le fond et la forme, il sera bientôt face à de nouvelles problématiques. Il devra résister à la tentation du pouvoir et faire très attention à l’instrumentalisation de sa philosophie. Les Nuits Debout doivent éviter de tomber dans les pièges que le système politique actuel commence déjà à lui tendre. Le risque est grand en effet d’être dans la reproduction et non dans la création d’une nouvelle façon de vivre ensemble. Ne laissons pas se terminer ce mois de mars. Mais dans le cas contraire d’un essoufflement, nous savons aujourd’hui que tout cela est possible.
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