Restauration vs cruising
Le dimanche 5 juin s’inaugure un nouveau café-restaurant à Toulouse. Le projet s’appelle la Centrale, il est codirigé par Jean-Pierre Rives et Bibi Heuillet.
C’est en 2007 que l’ancien rugbyman achète l’ancienne usine hydroélectrique de l’île du Ramier pour la modique somme de 74000€. Son projet est clair : demander à la mairie de participer au financement des travaux d’aménagement et de voirie et participer à la rénovation de l’espace en virant les homosexuels.
Son projet ne voit pas le jour, la mairie de l’époque n’est pas prête à investir 240.000€ pour un projet en zone inondable. Avec l’arrivée de Moudenc et de l’UEFA, c’est chose faite. Pourtant, la nouvelle mairie de Moudenc est bien connue pour rendre difficile la survie des lieux de café-concerts, mais quand il s’agit de gentrification et d’homophobie, là la mairie est encore une fois au dessus des lois.
Donc la Centrale ouvrira ses portes et accueillera son public dans une zone inondable à forte probabilité de crue, sans respecter les conditions de sécurité qui sont imposées à l’ensemble des établissements de Toulouse.
Par ailleurs, la Centrale est situé dans une zone naturelle où le PLU (Plan Local Urbanisme) interdit noir sur blanc les « nouvelles occupations et utilisations du sol à destination : d’habitat, d’hébergement hôtelier, de bureaux, de commerces, d’artisanat, d’industrie… » Et pourtant, la municipalité autorise Jean-Pierre Rives à détruire tout le paysage, la végétation et l’écosystème.
Et surtout à chasser les homosexuels qui s’y rendait. Car depuis plus de cinquante ans, le Ramier est un lieu de cruising. A l’intérieur de l’usine abandonnée, des dizaines de corps voire une petite centaine certains soirs, se frôlaient, se touchaient, se léchaient, se pénétraient, dans la cave ou en haut. Tout autour du « temple du foutre », se retrouvaient des personnes pour discuter, se rencontrer, échapper au monde hétéronormé en se réconfortant, en se donnant un peu de cette chaleur humaine tellement interdites aux gays, aux pédés, aux hommes ayant du sexe avec d’autres hommes.
C’est ce fameux temple du foutre qui sentait à mort la pisse, le foutre, le cul et la sueur qui est transformé en ce moment en restaurant familial ! Faites attention à vos assiettes !
C’est ce fameux restaurant familial tenus par des mafieux de la restaurations potes de l’équipe municipale qui va finir avec cinquante ans de devenir pd, de rencontres, d’amour, d’amitié...Ce lieu sera ouvert 7/7 jusqu’à 3 h du matin donc autant dire que nous les pd devront aller autre part...
Pourquoi faut-il se battre contre ce lieu ?
L’état a inventé la dissociation privé/public pour mieux régner. Il gouverne sur tous les domaines de notre vie en donnant une image de ce qui est toléré dans l’espace dit public et ordonne nos désirs et plaisirs dans des leurres d’espace privés. Mais nulle part, les rencontres homosexuelles sont autant possibles que le sont les hétérosexuelles. D’où l’importance de lieux alternatifs comme les lieux de cruising.
Alors oui il y a des lieux ou il se passe quelque chose. Il y a des lieux qui sont propices à la méditation, à la réflexion, à la rencontre, à la pénétration entre pédés. Il y a des lieux où les personnes peuvent se raconter, dialoguer, et au delà de la parole, il y a des moments et des lieux où les corps se touchent et comprennent leur désirs en les réalisant. Pour ceux et celles qui avons d’autres désirs que d’utiliser nos sexes pour fonder des familles capitalistes ou pour satisfaire ce que la majorité veut de nous, nous avons besoin d’un espace qui puisse accueillir le temps de nos rencontres. Un espace libre, gratuit, autogéré, où chacune peut s’y rendre sans distinction de classe, de race, d’apparence ou d’âge.
Souvent un pd se suicide car il pense qu’aucun lieu, qu’aucun espace, qu’aucun temps ne sera propice à la réalisation de son désir.
La réalité c’est que Toulouse est en plein processus de gentrification, du quartier Belfort jusqu’au Ramier, on vire violemment les pauvres, les SDF, les putes, les pédés, les indésirables.
L’état nous force à imaginer que les désirs des personnes minorisées ne peuvent se jouer dans l’espace public, contrairement au système hétérosexuel qui colonise lui tous les espaces. Car il est plus désirable pour le capital que tout le monde soit hétéro, que personne ne baise dans les parcs (et encore moins les pédés, et encore moins les gouines.)
Pour nous PD précaires, travailleurs, chômeurs, fainéants, tapins, l’accès a l’espace privé est impossible ou très difficile. Donc nous vivons nos fantasmes dans nos imaginaires, dans nos corps, sur nos corps, ou une fois un peu plus assumés que nos trou du cul sont révolutionnaires, nous essayons de les vivres dans une rue cachée, derrière un buisson, dans une auto, dans un toilette publique... Nous profitons de chaque moment d’intimité pour faire jouir nos désirs...
Nous voulons encore nous montrer, être visibles car la visibilité est une arme contre la police des corps. Nous voulons encore jouir, car la jouissance est une arme contre la police des mœurs. Nous voulons encore nous faire enculer dans l’espace public, car nos anus dilatés sont des armes contre la police des représentation hétérosexuels qui condamne le sexe anal en nous poussant à l’isolement et au suicide !
Nous sommes fiers comme les chênes centenaires du Ramier, nous bâtirons milles temples du foutre sur les ruines de votre société hétérocapitaliste, nous étoufferons nos gorges de plaisir plutôt que de disparaitre ! L’île du ramier est avec nous !
Pedo de Pasiva XXL du collectif Sodomytho31.
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