Jeudi 26 mai, la police à fait son sale boulot de maintien de l’ordre : coups, blessures et arrestations. Il y a eu des vidéos, des cris et des indignations bien légitimes.
Lundi 30 mai, comparutions immédiates pour deux des arrêtés après un long week-end en prison. Le premier avait jeté un bidon d’huile vide sur le casque d’un CRS (photo), le second une bouteille de bière toute aussi vide à leurs pieds. Qu’importe le geste pourvu qu’on ait la condamnation, c’est l’adage des comparutions immédiates, outils politiques visant à montrer aux pauvres et aux insoumis qui c’est qui commande.
Quand on lui fait remarquer que manifestant.e.s et forces de l’ordre ne se battent pas à armes égales, le procureur s’exclame : « Pas à armes égales, heureusement ! Sinon, imaginez ce que serait la France... » Et d’ajouter : « Les policiers bloquent la ville (sic) pour permettre aux citoyens de manifester. C’est grâce à eux que nous pouvons exercer nos libertés individuelles, dans cette démocratie qui nous est chère. Et c’est comme ça que vous les remerciez ? (...) Vous avez le droit de manifester, mais de 14h à 17h, point ! »
Sur le bidon d’huile, il a cette remarque qui fait froid dans le dos : « Heureusement qu’il était vide ! Sinon nous ne serions pas là. » Le message est clair : dorénavant, toute tentative autre que purement symbolique de se défendre contre la milice du capital sera traitée en cour d’assises. [1]
Plus problématique, l’avocate des deux prévenus Maître Bonafé ne se contente pas de livrer un discours politique nauséabond consistant à distinguer entre les bon.ne.s et les mauvais.e.s manifestant.e.s (« Mon client n’est pas organisé, il ne fait pas partie de ces groupes de casseurs qui ne sont là que pour faire dégénérer les manifestations. »), mais rentre sinistrement dans le jeu de la dramatisation et de la criminalisation à outrance. On apprend en effet en écoutant sa plaidoirie que le jet d’une bouteille vide de 33cl en direction des CRS « aurait pu entraîner des blessures graves ». Madame Bonafé a-t-elle déjà vu un CRS ?
Résultat de cette petite mascarade : le premier prévenu écope de 105 heures de travail gratuit (pour avoir manifesté contre la loi travail, c’est un comble) et 4 mois de sursis, le second d’un an de prison dont 6 ferme... Eh oui, ce dernier avait deux lignes en trop sur le CV : condamné à exactement la même peine suite aux manifestations après la mort de Rémi Fraisse, il était depuis sa sortie de prison sans domicile fixe. Deux éléments qui à eux seuls méritaient un mandât de dépôt… [2] Une journée normale au tribunal de la justice de classe...
Les mouvements passent et la merde s’accumule.
Trop de juges pour qu’il y ait la paix.
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