Pourquoi le terme Femme* ne nous suffit pas

Le terme Femme* est de plus en plus utilisé ces derniers temps et il nous semble urgent d’ouvrir le débat afin qu’il ne s’impose pas sans qu’il y’ait eu une vraie discussion sur les enjeux qu’il représente.Un article à lire sur Renversé, site de Suisse romande du réseau Mutu

En effet ces dernières années ce terme est apparu dans une tentative d’englober toutes les personnes concernées par les opressions patriarcales, notamment lors des moments de lutte comme la grève féministe du 14 juin et à plusieurs reprises dans des textes d’analyse ou de revendication d’actions, notamment sur renverse.co. ainsi que par des syndicats ou encore le festival "Les Créatives" qui se dit « féminin et féministe ».
Si ce terme semble au premier abord représenter une amélioration par rapport à des termes tels que "femme", "réservé aux femmes", "féminin" etc. Il ne fait, selon nous, que reproduire des oppressions et invisibiliser encore une fois les personnes trans et non-binaires.

Or il nous semble que le féminisme en ce moment est une lutte forte, visible, qui devient incontournable et nous pensons que nous sommes à un tournant ou nous ne devons laisser personne derrière. Mais nous voyons bien que le féminisme qui reçoit le plus d’attention ne visibilise pas ou peu les personnes racisées, trans* et non-binaires. Nous ne devons pas nous laisser devenir un instrument du patriarcat pour marginaliser les autres revendications.

Nous pensons que le maintien de la binarité de genre est un outil du patriarcat. Les trans*phobies et les violences envers les personnes non-binaires sont donc des oppressions patriarcales, au même titre que l’inégalité salariale entre les genres, mais nous ne voulons pas débattre de cela. Il s’agit ici de considérer l’existence et la légitimité des personnes trans* et non binaires au sein les luttes féministes et d’affirmer que nous avons besoin d’elleux dans les rangs de nos camarades de lutte (n’oublions pas qu’iels sont des milliers). Au même titre qu’elleux ont besoin d’espaces d’organisation et de revendication dans lesquels iels se sentent légitimes.
Nous ne devons pas leur demander de faire l’effort de se sentir inclu.x.e.s, c’est à nous de tout faire pour que ce soit le cas et nous ne pouvons pas nous permettre de raccourcis comme le terme Femme*. Ni de décider pour elleux ce qu’iels doivent accepter ou non. On ne va pas développer ici sur le consentement, on sait que vous connaissez.
Si nous disons raccourci c’est que nous comprenons Femme* comme une tentative inaboutie d’inclure toutes les personnes subissant le patriarcat. Nous pensons que l’objectif est manqué dès lors que les personnes non binaires et trans*masculines ne peuvent pas s’y reconnaître. Mais ce qui est plus grave, c’est de ne pas prendre en compte les raisons de l’impossibilité pour ces personnes de s’y reconnaître.
En effet, vivre une identité trans* masculine ou non-binaire c’est lutter tous les jours pour ne pas être appelé.x.e / lu comme femme et être discriminé.x. de manière souvent très violente pour cela. De plus, vivre une transition c’est passer par un processus extrêmement lourd et complexe, mais les personnes concernées en parleront mieux que nous cf. bibliographie en fin de page.
Nous ne pouvons donc pas demander à ces personnes de se reconnaître Femme(*) pour participer à nos moments féministes.

Voir en ligne : Pourquoi le terme Femme* ne nous suffit pas - Renversé

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  • 11 juillet 2019

    Merci pour cet article qui me permet de faire grandir ma réflexion.

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