Aujourd’hui, quiconque veut se faire entendre s’expose à la répression sous des formes sans cesse renouvelées. On criminalise des mots, des comportements, des mouvements collectifs dans le seul but de les étouffer. Actions et manifestations riment avec coups de matraque, flicage et condamnations. Mais les flics et les juges ne nous empêcheront pas de nous opposer.
On part du constat qu’il faut – a minima – se défendre face à ces répressions qui s’expriment avant-pendant-après les manifestations et actions visant à critiquer l’ordre établi, parce que nous ne pouvons plus faire croire que la répression est une exception.
Elle passe souvent par un isolement des personnes visées : garde-à-vue, interdiction de voir certaines personnes, d’aller à certains endroits, procès individuel, prison, amendes…
C’est aussi le constat que la police et la justice font des dégâts importants en terme de fichage, d’arrestation, d’emprisonnement et d’amendes dans des parts importantes de la population.
On est plus fort à plein, la répression policière et politique s’attache à séparer les différents acteur.rices de ces solidarités.
Toute la population, toutes les activités ne pâtissent pas de la répression de la même façon selon si on est racisé.e ou non, ouvrièr.es ou ingénieur.es, chômeur.ses ou autoentrepeneur.se …
Plusieurs outils existent sur Toulouse pour s’auto-défendre face à une répression qui n’est jamais anodine, mais politique. Il s’agit pour elle de casser un mouvement social, d’étouffer une contestation politique, de briser des solidarités.
Les outils d’autodéfense qui sont présentés ici sont : la legalteam et la Caisse d’Autodéfense Juridique (CAJ)
LEGALTEAM - lteam31@riseup.net - 07.58.42.50.42
Qu’est-ce qu’une legalteam ?
C’est un outil collectif, autogéré et anti-autoritaire d’anti-répression qui entre en jeu pendant et immédiatement après les manifestations et actions, durant un mouvement social. Ce sont plusieurs personnes qui s’organisent ensemble pour rendre l’isolement de la garde à vue moins rude et le rapport aux tribunaux-juges-avocat.es moins hostile. Certain.es ont des connaissances juridiques, d’autre pas ; certain.es ont des connaissances informatiques, d’autres pas.. Bref, nous ne sommes ni des spécialistes, ni des amateur.ices, l’équipe est rejoignable par toutes les personnes qui se sentent concernées et veulent filer un coup de main.
A quoi sert une legalteam ?
Casser l’isolement passe par un aller-retour intérieur-extérieur. Aller-retour car les gens dedans savent que leur proche ne sont pas seuls à essayer de les faire sortir, et car les gens dehors savent comment se rendre utile et ne sont pas seuls pour le faire. Plus pratiquement, à quoi sert une legalteam :
- Témoigner d’une arrestation (lieu + heure de l’interpellation, description vestimentaire)
- Se manifester en tant que proche pour assurer un suivi
- Assurer un suivi immédiat avec les proches si illes se sont manifesté.s ( dossier, aller au tribunal, rencontrer des avocat.es…)
- Aider à monter des dossiers de "garanties de représentation"
A quoi ne sert pas une legalteam ?
- Décrire une situation : tout est matière à charger la personne en garde-à-vue (contentez-vous de donner lieu et heure de l’interpellation + comment ille est habillé.e)
- La pêche aux infos : le téléphone de la legalteam est sûrement sur écoute, il vaut mieux envoyer un mail. Aussi, le rythme est intense quand il y a de la répression (il faut agir relativement vite) la legalteam n’a pas le temps de répondre à toutes les questions hormis celles des proches.
Comment utiliser une legalteam ?
Quand on est témoin d’une arrestation, pour décrire la tenue, l’heure et le lieu de l’interpellation et le nom de la personne arrêtée si elle l’a crié, il est recommandé d’appeler la legalteam pour la tenir au courant et enclenché le suivi. On peut aussi donner le nom de l’avocat.e qui est marqué sur les papiers en le criant à la personne. La legalteam sert particulièrement pour les proches, afin de savoir comment monter un dossier de garanties de représentation + avoir un suivi de ce qui se passe (si on est au courant) et comprendre le système judiciaire et policier dans l’urgence. La legalteam assure un suivi rapide de la répression après les manifestations et les actions : combien d’arreté.es, quelles peines, quel type de procès...
Caisse d’Autodéfense Juridique (CAJ) - caj31@riseup.net - caj31.noblogs.org
Qu’est-ce que la CAJ ?
C’est un outil d’entraide, de solidarité, établi sur des bases éminemment politique. Ce qui a motivé sa création est d’en finir avec le cycle infernal de l’anti-répression. C’est un outil sur du long terme, pour prendre le temps de réfléchir et d’agir collectivement.
A quoi sert la CAJ ?
- Rompre l’isolement dans lequel la machine répressive nous enferme chaque fois ue l’on y est confronté.
- Apporter une aide financière, une réflexion collective, des contacts d’avocats.
- Approfondir et diffuser nos connaissances de ce milieu hostile qu’est la justice afin d’être davantage préparé à l’affronter.
- Mettre en place des ateliers d’autodéfense juridique
- Sortir de l’angoisse générée par le flic, le juge et le maton…
A quoi ne sert pas la CAJ ?
La CAJ s’oppose à la machine judiciaire au service de la classe dominante. Cet outil n soutiendra donc aucun recours à la justice et n’aidera pas une défense qui consiste à s’innocenter aux dépends d’autres personnes. La CAJ ne se soustrait pas aux différents comités de soutien, caisse antirep interne ou particulière.. Elle s’attache à rompre l’isolement des personnes qui n’ont pas de réseaux, militants ou autres. La répression ne concerne pas que les militants, la CAJ est donc un outils d’autodéfense général et ne demande pas de « cv militant » pour la solliciter.
Comment utiliser la CAJ ?
- Pour faire un atelier d’autodéfense juridique, pour les multiplier ensuite dans les différents réseaux ou cercle d’ami.es.
- Pour aider à construire une défense face à un tribunal
- Pour une aide financière ( mandats ou amendes, selon les fonds disponible)
- Pour soutenir les différentes personnes réprimées : organiser des concerts de soutien, des bouffes ou autre
- Pour avoir un suivi global de la répression sur la ville (et des fois plus largement !)
BILAN DE LA REPRESSION au mardi 24 mai 2016, à Toulouse
La legalteam recense au moins 74 arrestations sur les différentes manifestations et actions qui ont eu lieu ces dernières semaines.
Pour les suites, il y a, a minima 13 procès de prévu, jusqu’en octobre, pour :
outrage / rebellion / violence sur personne dépositaire de l’autorité publique, avec ou sans ITT / participation a un attroupement / degradation par incendie / caillassage / jet de gravas / degradation de bien public … Il y a plusieurs formules : soit un seul de ces chefs d’inculpation, soit un mix de plusieurs.
Pour les procès qui ont eu lieu, on en est pour l’instant à :
- 440h de TIG
- 4 mois de sursis + 5 ans mise à l’épreuve
- 1100 euros de frais (dommages et intérêts ou frais de procédure)
On remarque aussi qu’il y a eu des contrôles d’identité ciblés à la sortie de la fac du Mirail.
Il peut être judicieux de s’organiser dés maintenant pour le soutien financier aux inculpé.es, le soutien politique (communiqué, récit d’interpellation …). On peut : organiser des concerts, des bouffes, faire tourner des caisses de solidarité, faire des dons à la CAJ, monter des comités de soutien, bref anticiper..
Il n’y aucun doute que la répression ne va que s’intensifier.
complements article
Proposer un complément d'info