Expulsion de la jungle de Calais
Fin octobre, la jungle de Calais a été expulsée ainsi que certains campements parisiens. Les migrant-es ont été « disséminé-es », pour reprendre les termes de l’État, aux quatre coins du pays, les poussant bien souvent à l’isolement.
En Haute-Garonne, au moins huit Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) ont été créés à la hâte pour y abriter des centaines de migrant.es : notamment à La Vache, à Purpan ou encore aux Pradettes.
Début novembre, certain-es d’entre nous ont été à leur rencontre. Devant les besoins exprimés (nourriture, aide juridique, traduction, cours de français, etc.) nous avons appelé à une réunion mi-décembre pour mettre sur pied un réseau d’entraide.
Des permanences juridiques et des assemblées
Le collectif s’est organisé autour d’une permanence juridique hebdomadaire (le samedi 14h) pendant laquelle des avocat-es de l’ADE (Association de Défense des Etranger-es) apportent leur aide.
Mais ce rendez-vous est aussi l’occasion d’organiser ensemble, migrant-es et soutiens, l’entraide au quotidien (cours de français, réparations vélo, fripes, etc) et l’élaboration de revendications politiques et de perspectives de lutte.
Cassez Dublin !
Une des revendications principales des exilé-es est que l’Etat respecte la promesse qu’il leur a faite lors du démantèlement de la jungle de Calais, à savoir la non-application du traité de Dublin, qui leur interdit de demander l’asile ailleurs que dans le premier pays dans lequel iels ont donné leurs empreintes - empreintes qui ont été relevées de force dans des conditions traumatisantes en Italie, en Bulgarie ou en Grèce.
Sans cette promesse, les exilé-es ne seraient pas monté-es dans ces bus qui les ont dispersé-es dans des lieux où iels n’ont rien à faire et où leur situation n’évolue pas. Or, aujourd’hui, certain-es préfets ont choisi de trahir cet engagement et lancent des procédures de Dublin.
Le préfet de la Haute-Garonne étant de ceux-là, un rassemblement s’est tenu le 22 décembre devant la préfecture : 150 personnes ont rappelé à l’Etat ses engagements. Une délégation a été reçue, mais les autorités sont restées sourdes, arguant qu’une telle promesse n’a jamais été faite, et qu’il s’agissait seulement de ne pas mettre à exécution les procédures par la force. Autrement dit, les exilé-es sont empeché-es de demander l’asile, mais ne sont pas expulsé-es manu militari.
La lutte se poursuit
Les exilé-es appellent maintenant à des rassemblements quotidiens (du lundi 16 au vendredi 20 janvier) à Jean Jaurès, de 12h à 14h pour exiger qu’aucune « dublinage », sous quelque forme que ce soit, ne leur soit appliqué. Venez nombreux.ses les soutenir !
Le prochain gros rassemblement a été fixé le jeudi 2 février à 18h devant la préfecture (métro François Verdier).
D’ici là, rendez-vous tous les samedis à 14h au Centre Social Autogéré, 15 rue Roquelaine, métro Jeanne d’Arc !
Nos besoins les plus pressants :
- des traducteur.ices (arabe, anglais, pachtoune, farsi, oromo, ahmarique, ...) ;
- des personnes motivées/dispo pour aller régulièrement rendre visite aux différents CAO et ainsi faire circuler l’information ;
- des profs ou des personnes souhaitant donner des cours de français ;
- des fringues, de la bouffe, des tickets de métro.
Contactez-nous à l’adresse suivante : solidaritemigrantes31@autistici.org.
Rejoignez notre groupe Facebook.
Nous, migrant.e.s hébergé.e.s en ce moment dans des CAO (Centres dits d’Accueil et d’Orientation) de Haute-Garonne et alentour, sommes arrivé.e.s suite à l’expulsion des campements de Calais, dans des bus qui nous ont éparpillé.e.s un peu partout à travers la France.
Nous avons décidé de monter dans ces bus suite aux promesses de représentants de l’État nous affirmant que nous pourrions déposer des demandes d’asile selon la procédure normale, nous certifiant que la procédure Dublin -qui permet de nous expulser vers le pays par lequel nous sommes entrés en Europe- ne nous serait pas appliquée.
La préfecture de Haute-Garonne, à notre arrivée ici, a réitéré cette promesse. Mais elle trahit à présent son engagement, et remet aux personnes qui se présentent à leur rendez-vous, des dossiers de demande d’asile Dublin, et ce contrairement aux pratiques administratives adoptées dans d’autres départements.
C’est le hasard du lieu dans lequel nous avons atterri qui nous permet de reprendre un peu d’espoir, ou nous impose au contraire de fuir à nouveau.
Nous dénonçons donc aujourd’hui les pratiques insidieuses de la préfecture de Haute-Garonne et exigeons qu’elle respecte les engagements pris à notre égard.
Nous, personnes soutenant les migrant.e.s, refusons à leurs côtés les manœuvres répressives et opaques que leur infligent l’Etat et les institutions affiliées qui spéculent sur le racisme et la misère.
Sous couvert d’opération humanitaire, L’État a une nouvelle fois organisé la chasse des migrant.e.s présent.e.s à Calais, en les éparpillant, les isolant et les invisibilisant davantage.
Nous soutenons et souhaitons faire entendre les revendications des exilé.e.s de Calais face à la préfecture de Haute-Garonne qui, fidèle à ses pratiques, met en œuvre une conception restrictive et coercitive du droit des étrangers.
complements article
Proposer un complément d'info