Quand la flicaille débarque chez toi la nuit.

EpuiséEs pleinEs de rage nous voilà dehors. DéterminéEs à ce que leurs sales méthodes ne deviennent pas une habitude. Que rien ne soit passé sous silence. Plus rien ne nous étonne de la part des sbires de l’état, nous connaissons leurs pratiques et saurons nous en protéger. Leurs coups de pression n’empêcheront rien, la prochaine fois nous saurons les accueillir.

Irruption nocturne. Il est deux heures du mat’, tout le monde dort. Malheureusement un volet n’a pas été fermé, pas barricadé. C’est la porte ouverte à toutE intrusE. Ça n’y manque pas.

Le bruit d’un carreau qui se brise à l’étage nous fait sursauter et nous réveille. Voilà que deux types s’introduisent dans la maison. Ils prennent le soin de couper le courant, sans doute pour ne pas qu’on reconnaisse leur sale gueule. La seule source de lumière reste celle de leur maglite.

A peine réveilléEs, dans le noir complet, prostréEs dans nos chambres, nos cerveaux confus et flippés tentent de capter ce qui se passe, ce qui va nous arriver et ce qu’on peut faire. Dans un vacarme l’un d’entre eux débarricade à la hâte les différents accès, tandis que l’autre s’applique à ce que personne ne sorte de sa chambre et que chacunE reste bien tranquille « Vous restez dans les chambres, ça sera mieux pour vous ». Dès que quelqu’unE d’entre-nous tente d’ouvrir la porte pour comprendre ce qu’il se passe ils nous repoussent de manière calme et sereine. De vrais pros. Pas un mot plus haut que l’autre, des gens très polis. Pour finir, l’un des deux donne des coups sur la porte d’une des chambres avec ce qui semble être une barre de fer. Cela fait un bruit violent, terrifiant, qui se répète quatre fois. Et en moins de 10 minutes les deux individus disparaissent par la porte du garage en emportant le double des clés. « C’est bon ils sont partis ! ».

Les copains et copines sont appeléEs, touTEs débarquent aussitôt.
Les personnes qui étaient à l’intérieur sont sous le choc. Mais ce soir le nombre fait la force. On en va touTEs de nos hypothèses. La première est tout de même celle que ce sont de sales keufs, ils en avaient la dégaine et les manières. La même sale assurance. Des sales bakeux, c’est sur ! Mais on évoque tout de même l’éventualité que ce puisse être des FAFs, des flics fafs, des fafs flics et inversement proportionnel. On pense également aux voisinEs vigilitantEs qui montent leur brigade anti-squat, et même à l’opus dei [1] mais la dernière ne tient pas la route. On se rassure, on s’inquiète aussi et surtout on est ensemble.

Le lendemain, on guette par la fenêtre tout mouvement ou présence qui nous paraîtrait louche.
On attend le retour de la police, qui aurait eu tout le temps de préparer notre expulsion grâce à leurs repérages nocturnes. Et puis plus le temps passe plus on se dit qu’elle ne repassera pas... qu’on va pouvoir rester ici. Et on se relance dans notre quotidien. La bouffe est sur le feu, on attend avec impatience de déguster notre premier repas de la journée. A tort. Lorsque nous nous retrouvons à moitié moins, sur les coups de 16h la sale flicaille débarque. Bouclier à la main, casques vissés sur la tête, lance grenade armé et taser prêts à être utilisés. 4 camions, 3 voitures sérigraphiées soit une petite trentaine d’anti-émeute, une dizaine de bleus et une bonne dizaine de bakeux. Pour ne pas perdre de temps le serrurier est même déjà là.

Il faut savoir que les flics étaient déjà venus en nombre trois jours auparavant. Ils avaient déjà pris les preuves, étaient restés une heure avec 2 fourgons et 2 voitures prêts à agir. Ils avaient déjà très envie de nous voir à la rue. Ils étaient repartis bredouille tandis que nous hurlions notre joie par la fenêtre. Squatteureuses 1 - Flics 0. De trop courte durée. Ils n’ont pas du le supporter. L’un d’eux au moment de partir nous crie « Vive la France, je vous crache à la gueule. Allez travailler ! » Plutôt mourir que de faire leur taf !

Les keufs pénètrent assez rapidement sur les lieux. Ils ont quand même mis un petit moment avant d’enfoncer la porte du garage à gros coups de bélier. Les barricades résistent et nous laissent le temps de rassembler nos affaires persos. Plus aucun doute, les visiteurs de la nuit passée étaient de la même espèce. Des sales keufs zélés en mal d’action. Bravo, beau boulot ! L’un des condés se trahit même en disant à l’un d’entre nous : « si la police n’était pas là des gens pourraient s’introduire chez vous la nuit ». Puis tout va relativement vite. Le soutien arrive rapidement mais pas assez pour empêcher les arrestations de 5 d’entre nous. Mais fort heureusement nous avons été vite relâchéEs après une audition libre que nous avons refusée. Ils ont tout de même tenté de nous photographier et de prendre nos empreintes sans qu’il y ait de garde à vue annoncée.

Finalement, voilà... Une expulsion illégale. En bonne et du forme. Est-ce pour cela que les genTEs sont si vite sorties du comico ? Après tout comment auraient-ils pu justifier leur visite nocturne ? Quelle est d’ailleurs la raison de cette visite ? Est-ce pour nous faire peur ? Est-ce pour préparer l’expulsion du lendemain ? Ou pour la justifier ? Tant de questions sans réponses.
Encore une fois les copains, copines sont présentEs à la sortie et ça réchauffe le cœur.

EpuiséEs pleinEs de rage nous voilà dehors.
DéterminéEs à ce que leurs sales méthodes ne deviennent pas une habitude. Que rien ne soit passé sous silence. Plus rien ne nous étonne de la part des sbires de l’état, nous connaissons leurs pratiques et saurons nous en protéger. Leurs coups de pression n’empêcheront rien, la prochaine fois nous saurons les accueillir. Pour que la terreur change de camps, qu’une fois de temps en temps ils aient peur et ne gagnent pas si facilement. Tant qu’il y aura des maisons vides, tant qu’il y aura des expulsions, tant que la police fera son sale boulot nous continuerons de nous organiser.

Que crève l’état et la police.


A.C.A.T

Notes

[1L’eglise est co-proprio de la maison

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