Réconcilier les citoyens avec l’urbanisme

Ce sont les mots de Jean Luc Moudenc au moment d’annoncer les nouvelles règles pour la construction dans Toulouse. Encore une fois, on veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes et esquiver les questions centrales comme les 1% de la population de la ville sans logement fixe.

Le PLUI-H, kezaco

C’est deux documents administratifs en un seul : plan local d’urbanisme intercommunal (sur les 37 communes de Toulouse Métropole) et programme local de l’Habitat. Pour faire cours il s’agit de fixer les règles d’utilisation des sols. Hauteurs de construction, distance minimale entre les constructions, place de parkings etc… Et ce précisément rue par rue, quartier par quartier, ville par ville… Il contient aussi des idées pour l’avenir à travers des « orientations d’aménagements et de programmation » (OAP) et des « programme d’orientation et d’actions » (POA). On y retrouve la question du transport, des espaces verts, des commerces etc. Il y a eu tout un tas de discussion préalable, de tractation, d’études et ce depuis le 9 avril 2015. Alors bien sûr parce qu’il y a eu cette longue séquence d’élaborations on nous dira que c’est un projet qui tiens compte de l’avis des habitant.es et de l’intérêt public. De quoi se plaint t’on ? Ben, justement…

Calmer les propriétaires

La construction d’immeuble par des promoteurs, en dehors des Zones d’Aménagements Concertés (ZAC) mis en place par les pouvoirs publics, représente 80% des constructions. C’est là que se concentre la majorité des contentieux sur les permis de construire, c’est-à-dire des conflits entre les propriétaires habitant.es et les promoteurs. En vue des élections la mairie à beau jeu de souligner qu’elle met fin aux « opérations immobilières qui se réalisent au coup par coup et poussent ici et là, sans aucune cohérence, dans des quartiers pavillonnaires ». La mise en scène de cette annonce nous peint un maire chevalier blanc venant défendre sa ville contre l’appétit des promoteurs. Rien n’est plus faux. Alors que c’est justement elle qui distribue les permis de construire. Il n’y a pas d’un côté les méchant promoteurs et de l’autre les gentils pouvoir public, sinon à la façon du « good cop, bad cop », ensemble dans la même ambition : faire du fric !

Reprise en main du projet urbain

L’opération vise donc à renforcer les pouvoirs publics dans leurs interventions sur la ville. Les ZAC et les OAP déjà nombreuses. Rien que sur Toulouse : TESO, Montaudran, Borderouge, cartoucherie, Niel, Malepère, St Exupéry, La salade, Pont Jumeaux, Izars-Trois cocus, Moulis Croix bénite, St Maritin du Touch, Tibaous, Lombez, Desbals, Bagatelle, Reynerie- Jean gilles. Cela en fait des travaux, des modifications de la ville en profondeur. Jean-Luc Moudenc voudrait nous faire croire à « la recherche d’un équilibre qui est celui de la densité modérée et une approche nuancée de l’urbanisme, à l’inverse d’un rouleau-compresseur ». C’est bien un rouleau compresseur qui passe sur la ville. Celui d’une « ambition métropolitaine » fondée sur une alliance entre commerçant.es et propriétaires autours d’une volonté de faire de la ville un investissement lucratif. Le seul critère qui importe c’est la rentabilité.

1% de la population toulousaine sans domicile fixe

4 163 SDF recensé.es à Toulouse au 10 avril 2019. On peut imaginer que le chiffre est sous-évalué quand on connait le travail d’invisibilisation que subit cette population. Les pouvoirs publics, métropolitain et municipaux, mènent une campagne d’expulsion et d’exclusion. Les interstices de la ville (canal latéral, zone du ramier, Ginestous) sont progressivement investis par des projets (zone vertes, tourisme, golf), pendant que des services de bases sont périphérisés (halte santé, boutique solidarité) impactés par des projets urbains excluants (hôtel de luxe, quartier d’affaire). Ainsi l’organisation de la vacance de logement due à la spéculation [1] et l’embourgeoisement continue, fabriquent une ville toujours plus excluante et hostile à ses habitant.es les plus modestes.

Nous pourrons nous réconcilier avec l’urbanisme quand celui-ci sera guidé par le souci de donner à chacun.e un espace pour vivre dans la mesure de ses moyens et dans la satisfactions de ses aspirations. Ne doutons pas que ce n’est pas la modification d’un document administratif qui nous donnera ce plaisir. Il est possible qu’alors l’urbanisme ne soit plus l’urbanisme mais simplement la prise en main de la vie quotidienne en dehors du diktat de la marchandisation du monde…

Notes

[1Voir un article précédent publié sur iaata.info. 2,8 millions de logements vides en France : on choisit la réquisition !

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