La fête de la lutte pour les droits des travailleurs de cette année était humide mais déter à Toulouse. Répondant à l’appel d’un cortège de tête avec deux camarades, nous avons rejoint la manif vers 10h45, avant de pouvoir nous changer tant bien que mal entre Alsace-Lorraine et Wilson. À ce point, et après de premiers heurts par mégaphone interposé avec la CGT, le cortège de tête est bien formé, et assez conséquent.
Autour de Capitole, les premiers cars de shmitts avaient été aperçus, mais l’ambiance de la manif était plutôt bonne, les gilets jaunes devant reprenaient des slogans anti-flics, les banderoles renforcées donnaient bon espoir d’avoir un bloc déterminé et combatif.
Vers Jean-Jaurès, vu l’abondance de caméras, je décide de sortir mon parapluie, et la manif continue tranquillement sa route. Les premiers flics casqués se font apercevoir mais reculent et laissent la rue.
Quelques camarades ont le bon goût de décorer les vitrines de capitalistes et de défoncer des JC Decaux (bravo !), le parapluie sert bien pour les gens qui veulent se changer / boire un coup.
En arrivant vers Jeanne D’arc, les keufs se font plus menaçants, ils avancent plus lentement et on repère deux CI sur les flancs en avant. Un peu de chaos dans le bloc, des hésitations sur l’endroit ou mettre les bannières, à quel point coller la CGT juste derrière etc... Toujours aucune attitude directement menaçante envers les keufs si ce n’est notre présence (déjà beaucoup trop subversive pour les pantins de l’état). Après qlq minutes d’appréhension, ils finissent par avancer, bousculant les compas GJ vers nous.
C’est là que je perds un peu le fil de ce qui s’est passé. De ce que j’ai compris à posteriori, les camarades autonomes se sont écartés vers les trottoirs. Ma·on binôme avait besoin du parapluie pour enfiler des lunettes de piscine pendant le début de la charge, ce qui fait qu’on avait une très mauvaise idée de ce qui se passait (on voyait à peine la banderole devant nous et les gens qui partaient précipitamment). En se retournant, on voit un trou derrière nous et je commence à paniquer gentiment.
Sûrement à cause d’une erreur de jugement, je traverse entièrement la rue (de la gauche vers la droite) avec mes 2 copaines, moi derrière pour faire écran avec le parapluie. Je sens un premier coup de tonfa sur le para, puis sur mon épaule, et lâche la main de mon binôme qui essayait de m’entraîner pour dégager. À ce moment j’ai aucune idée de là ou je suis ou de si le cortège m’entoure ou pas. La panique à complètement pris le dessus et je me débat un peu contre les flics, avant de me faire maîtriser et mis à terre. Je les entends discuter un peu et me dire de filer ma main (ils la tenaient déjà et un des porcs me tord le poignet). La mise au sol à été violente, j’ai mal aux genoux et à la tête –je me rendrais compte plus tard que je m’en suis sorti avec des égratignures au visage (arcade, nez, front) et aux genoux par chance, mais sur le moment je saignais- .L’un des flics dis à ses collègues qu’il me tient bien et qu’ils m’embarquent. D’un coup le flic qui me maîtrise vacille et tombe. J’en redemande pas et déguerpi aussi sec, intact, et n’ayant à déplorer qu’un vieux parapluie.
Je tiens à remercier la personne qui m’a capté en train de courir pour me dire de me changer et d’enlever mes lunettes de piscines rose fluo (peut-être pas l’item fashion idéal maintenant que j’étais une cible pour les flics). Je me change à l’arrache un peu plus bas dans le cortège, heureusement mon bloc est facile à enlever. Quelqu’un·e d’attentionné·e me propose de voir un médic, et je refuse (comme j’avais rien suivi de la fin de la charge je voulais pas occuper un médic pour mes égratignures, surtout qu’on a entendu une grenade de désencerclement en partant). J’ai retrouvé mon groupe et notre sac plus tôt, mais la chronologie est encore hyper flou à cause de l’adrénaline, plus de peur que de mal.
Ça paraît évident mais j’emmerde les flics et les 15 jours d’ITT qu’ils vont vampiriser aux travailleurs ; et je loue infiniment le courage de cell·eux qui se sont interposés pour me dés-arrêter.
C’est la fin de ce témoignage, mon groupe était assez choqué par ce qui venait de se passer du coup on est passé par des ruelles pour trouver un bar ou attendre qu’il y ait plus un poulet en train de patrouiller aux alentours.
Merci aux camarades d’abord, à l’observateur de la LDH qui a pris mon premier témoignage à vif au Bazar au Bazacle ensuite, à mon groupe adorable pour la bière. Pas merci à la CGT qui a reculé sur le moment et créé un appel d’air. Apparemment iels se sont moins laissés faire après que je sois parti, ça fait quand même plaisir. Soutien à la camarade inculpée, force à tous et vive l’anarchie.
Crédit photo du logo : @reid.rev sur instagram
L.
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