Retour sur la contre "manif pour tous" du 15 Aout à Villeneuve d’Aveyron.

Une camarade du coin revient sur la contre manif qui a eu lieu le 15 Août à Villeneuve d’Aveyron.

Ce jeudi avait lieu un "apéro pour tous", penchant assurément hédoniste et cool de la manif pour tous, à Villeneuve, un bled à 9 km de chez moi. On est allées polluer leur rassemblement, à pas beaucoup mais bien motivées, ça fait quelques mois qu’on habite là, au moins on fera le tri, chez qui acheter son pain ou pas, tout ça. Voici un résumé :

(et je ne résiste pas à l’envie de partager le sous titre de leur site internet : "pratiquons le harcèlement démocratique autour de l’apéro" gasp ! pourquoi pas "pratiquons le lynchage trankilou autour d’un cassoulet terre/mer")

On est arrivés faire du repérage et là on a bien flippé, pleins de caisses garées partout (pour un village plutôt mort d’ordinaire), des familles tout de blancs vêtues avec leurs foulards de merde, des meufs enceintes jusqu’aux oreilles (j’ai rien contre les femmes enceintes, les bébés c’est trop mignon, mais tant qu’elles sont pas plus de 4 autour de moi).
On est revenus, à 6, avec deux banderoles bien crusty, "pas d’aligot pour les bigots" et "homophobes hors de nos villages", le sound system à L. qui balançait "mais qu’est ce qu’on attend" d’NTM.

Quelques personnes, plutôt agacées, se sont mises avec nous, ça nous a bien motivé, j’en menais pas large, les mains qui tremblent pour tenir la banderole et rouler une clope en même temps c’est pas l’idéal.
Un grand mec vient nous dire qu’il nous laissera volontiers le micro pour exprimer nos idées, avec la condescendance de rigueur, à qui on répond qu’on l’a pas attendu pour prendre la parole et que nos banderoles sont très claires.
Ensuite c’était le jeu de qui met sa banderole le plus haut, les leaders ont essayé à plusieurs reprises de nous les prendre, même pas en rêve, faut pas déconner j’ai mis au moins 10 minutes à les faire, et pris un malin plaisir à leur taper sur les mains en criant "c’est MON balai tu touches pas MON balai", car le ridicule ne tue pas.

Une vieille vient vers moi et me dit que "l’homophobie ça n’existe pas", peur de rien quoi, elle est bonne celle là, je lui pouffe au nez (fardé). Et que "l’aligot c’est pour tout le monde", vexée la vieille qu’on ose s’attaquer à son patrimoine culinaire, là d’un coup on est tous égaux face à l’aligot, ce qui est bien avec ces gens là c’est qu’ils ont de l’humour et le sens de la mesure.

G. s’est mis à danser chelou au milieu d’eux, ils avaient l’air perplexes quand à l’état de sa santé mentale.

Deux jeunes filles sont venues demander à A. si on était communistes, elle leur dit que même si c’était le cas elle voit pas bien le rapport, et là leurs visages ont muté en mode damien la malédiction et elle se sont mises a hurler "sale coco, sale coco !".

Des mecs (ah bon ? sans déc ?) prenaient le micro pour faire leur discours à balle de références et à balle deux (youpi, j’ai calé un zeugme !), tout le monde y passait, j’ai retenu Socrate, Hannah Arendt, Sophie Scholl (en entendant son nom la daronne d’A. s’est énervée, faut dire qu’elle connaît même le nom du frère de cette meuf, je serais prête à parier qu’elle connaît sa pointure).

C’est bien connu l’église catholique a fait de son mieux pour éviter la shoah, et les homos faisaient des galipettes arrières dans les paturages pendant que les juifs se faisaient zigouiller, puisque l’homophobie ça n’existe pas.

Au moment de leur photo devant la mairie on scandait "la photo des fachos !" en mode hyper enthousiaste. Deux gendarmettes plutôt cool (sic) étaient étrangement de notre coté.

La mère d’A. a grave assuré, elle a un gros bagage culturel et enterrait leurs arguments un à un avec l’autorité des références pointues et de son age, pointu (hein ?). Ca créait un équilibre avec nos "gros porcs", nos "priez pour nous on baise pour vous", nos "fachos" i tutti quanti.

Une vieille du coin sur-vénère les a bien fait chier aussi, quand un parlait de mai 68 au micro elle se foutait de sa gueule "t’as même pas fait mai 68, mais de quoi tu parles !" sauf qu’à un moment l’intervenant était belge et parlait de la législation belge et qu’elle hurlait "on est en aveyron ici, et l’aveyron c’est en france", mais vas y ta gueule manquerait plus qu’on passe pour des racistes.

Communistes, racistes, ignorants, sans morale, vulgaires et violents.

Et là tu vois des minettes blanches bourgeoises ras la gueule, avec leurs tee shirts et leurs foulards de merde et leurs coupes de cheveux atroces et leurs mocassins dégueulasses lui rétorquer qu’elle est raciste, situation ubuesque, mais elle l’a bien cherché. A un moment elle en pouvait vraiment plus visiblement et elle s’est mise à chanter "les tripoux, les tripoux !" en agitant les bras, surréaliste.

Un mec de leur bord s’est pris une patate parce qu’il tentait d’étrangler L., il s’est retrouvé avec la bouche pleine de sang, ça lui faisait comme du rouge à lèvres, un petit relooking de circonstance.

On a attendu que tout le monde se casse, deux trois curetons en manque de recrutement essayaient tant bien que mal de nous faire avaler la parole de djizeuss, mais il était déjà 13h30 et on avait pas mangé.

Bon voilà quoi, des nouvelles du militantisme en nord-aveyron, à peu près aussi dense que ma collection de boites de camembert pakistanaises.

Ah pis sinon c’est la fête de village, hier en y allant on s’est fait alpaguées par un gars pour boire du rosé chez lui, on entre, il y avait son cousin torse nu et le gars se sent obligé de dire "c’est mon cousin, chuis pas pédé", G. lui rétorque "et même si ça avait été le cas je vois pas où est le problème" à quoi le mec répond "pas de ça chez nous".

Pas de rosé, tant pis, ce sera juste un voisin en moins à saluer.

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