Revue de stress #2.8 - semaine du 24.10

Une revue de stress bien remplie cette semaine, où ca parle de Calais, de manifs de peigne-culs avec et sans uniformes, et même d’action directe ! Pour la semaine prochaine ca continue comme d’habitude ici.

Action directe

Un incendie s’est déclenché, peu avant minuit, dans la nuit de samedi à dimanche, chez un loueur de véhicules, avenue Didier-Daurat, dans le secteur de Montaudran à Toulouse. Neuf véhicules ont été incendiés et deux autres ont été endommagés par propagation. Il n’y a pas eu de blessés. Dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 octobre, un autre incendie a ravagé un local technique d’Orange à Toulouse, privant d’internet et de téléphone 800 foyers. Les lignes ont été rétablies jeudi.

Samedi, encore une supérette braquée au couteau, cette fois rue des Fontaines.

Surveillance

Ces dernières semaines, les établissements scolaires de l’académie de Toulouse ont préparé un exercice « attentat-intrusion ». "La sirène de l’école s’est mise à sonner, on a immédiatement bloqué la porte de la classe avec une table, puis les enfants se sont réfugiés sous leur bureau en silence, les portables doivent être éteints. L’exercice dure cinq minutes et l’objectif, c’est de ne plus être vu de l’extérieur et de ne pas faire de bruit". Désormais, l’accueil à l’entrée des écoles et établissements scolaires est assuré par un adulte de l’école ou de l’établissement. De même, un contrôle visuel des sacs peut être effectué et l’identité des personnes étrangères à l’établissement est systématiquement vérifiée. Dans les écoles primaires, il est demandé aux familles de ne pas s’attarder devant les portes d’accès pendant la dépose ou la récupération de leurs enfants. Les écoles et les établissements du second degré (collèges et lycées) peuvent assouplir leurs horaires d’entrées et de sorties pour mieux contrôler les flux d’élèves. Il est nécessaire d’éviter que les élèves attendent l’ouverture des portes de l’établissement sur la voie publique.

Racisme d’État

Une personne malade, placée au centre de rétention de Toulouse et considérée comme potentiellement contagieuse a été mise en isolement disciplinaire après... deux tentatives de suicide. Mardi 25 octobre, son avocat a demandé sa remise en liberté compte tenu de son état de santé. La décision du juge est attendue pour le jeudi 27 octobre, en fin de matinée. Cette affaire survient quelques jours après un nouveau refus de séjour, assorti d’une obligation de quitter le territoire français, pour un ressortissant nigérian atteint du VIH. « Alors même que le ministère de la Santé avait rappelé, en avril 2015, aux administrations locales que les personnes atteintes du VIH issues de pays en voie de développement devaient bénéficier d’un droit au séjour pour soins… », s’indigne la Case de Santé de Toulouse.

L’expulsion et la destruction du campement de la jungle à Calais ont eu lieu toute la semaine. Parmi les nombreuses violences, celles infligées aux 120 mineurs laissés pour compte avant d’être transférés dans des centres en Normandi et dans le Morbihan. Beaucoup de couverture médiatique mais globalement peu d’opposition. Lundi, il y a quand même eu une petite manif à Toulouse, qui a rassemblé une centaine de personnes, et un rassemblement mercredi à Figeac.

Après l’expulsion et le voyage en bus télésurveillé, notamment pour environ 300 personnes envoyées en Occitanie, c’est la case CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation), avec des résultats apparemment très variés suivant les assos qui gèrent ces structures. Celui de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) est décrit comme un monde de bisounours orientalistes, c’est en tout cas l’un des rares gérés par une asso spontannément créée par des habitant-e-s et non pas par des professionnels de l’humanitaire : "le salon résume l’esprit du lieu, une rencontre apaisée de l’Orient et de l’Occident entre canapés d’ici et tapis ou poufs dans l’esprit de là-bas, tous offerts par des habitants du village"...

À Toulouse, il y en a a priori deux, un à l’hôpital de Purpan où sont arrivées 29 personnes mercredi, et un dans le quartier des Pradettes [1] où sont hébergées 37 personnes depuis jeudi. 44 autres personnes seraient arrivées samedi matin mais on ne sait pas où elles sont hébergées.

Pour une fois, une réaction de la grande presse à saluer : la rédaction de France 3 Midi-Pyrénées s’insurge contre les commentaires racistes sur ses réseaux sociaux et prend position. C’est le minimum vu l’ambiance de récupération fascite, comme dans le Puy de Dôme ou un CAO a été incendié.

Tech

Climat délétère dont certains tentent de profiter pour faire du business, comme les followers de "Make Sense", réseau international qui tente de donner une allure "sociale" et "écologique" au monde capitaliste des startups, et qui a fait sa propagande lors du forum EmTech à Toulouse : "Nous voulons aussi sortir de l’espoir et montrer qu’on progresse car c’est fatiguant pour un citoyen d’être bénévole sans retour sur son action. Avec les outils de collecte de données, nous allons pouvoir voir l’impact des 85 projets qui travaillent sur la question des réfugiés."

Encore un nouveau venu sur la ZAC d’Andromède à Blagnac, Akka Technologies, groupe d’ingénierie et de conseil en technologie qui a réalisé en 2015 un chiffre d’affaire de 1,068 milliard d’euros. Répartis à l’origine sur sept sites, 950 des 2 000 salariés toulousains du groupe sont actuellement regroupés dans ce bâtiment de 11 000 m2. À Aucamville c’est un centre de loisirs réservé aux drones qui vient d’ouvrir [2]. À ce rythme c’est presque naturel de se poser la question "La robotique est-elle l’avenir de l’agriculture ?" comme le fait le journal la Tribune, en faisant la pub pour la première édition du Forum International de Robotique Agricole (FIRA) les 18 et 19 novembre prochains à Toulouse, lancé par la startup Naïo Technologies [3] .

La centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, à une centaine de kilomètres de Toulouse, a émis des rejets radioactifs pendant deux minutes, mercredi 19 octobre, ce qui a ensuite été classé comme simple incident par l’Autorité de sûreté nucléaire.

Et lisez quand même la savoureuse histoire du virus informatique Mirai qui utilise les objets connectés (développés notamment par la multinationale Sigfox implantée à côté de Toulouse) pour se propager et faire tomber des gros sites.

La rue est aux fachos...

Alors que le gouvernement poursuit et renforce ses mesures fascisantes contre la "radicalisation", en s’appuyant "sur des bases scientifiques toujours plus solides" [4], les keufs occupent toujours la rue quasiment tous les jours.

Après un défèrlement de "manifs sauvages" la semaine dernière, les syndicats se mettent de la partie et ont appelé vendredi dernier, après quatre jours d’une mobilisation croissante qui a essaimé en province, à "des rassemblements silencieux devant les palais de justice" tous les mardis de 13H00 à 13H30, puis à une grosse manif samedi.
Ils ont de nouveau été devancés par une vague de manifs non déclarées mercredi midi, avec 150 vauriens près de la gare Matabiau à Toulouse, dont Jean-Luc Moudenc, 200 furoncles à Cahors, 30 grosses merdes puantes à Saint-Gaudens, 200 sacs de pisse à Tarbes, 150 tas de gerbe à Carcassonne, et également 100 vieilles chaussettes puantes à Montauban... La manif appelée samedi au Capitole a quant-à elle rassemblé 400 peigne-culs en présence de quelques pompiers sans doute venus au cas où ces brutes se crèveraient les yeux avec leurs propres flashballs.

Hier, Pascal Mailhos, le préfet de Région, a reçu, à la demande du ministre de l’Intérieur, les organisations syndicales policières. Il a « assuré les policiers du soutien et du respect de l’État face aux missions toujours plus dangereuses qu’ils exercent pour garantir la sécurité de notre République ». On n’arrête pas la routine pour autant. Jeudi, une trentaine de nationaux et municipaux ont mené en plein après-midi une opération anti-cambriolages à Montauban. Et à la veille du grand week-end de la Toussaint, la gendarmerie se mobilise pour assurer des patrouilles de surveillance aux abords des cimetières. "Il faut que les gens soient acteurs de leur propre sécurité, qu’ils soient vigilants." Une nécessité en effet face aux keufs, qui ont de nouveau tué vendredi soir, criblant une personne de 5 balles parce qu’elle les aurait braqués avec "un objet indéterminé"... Le message est direct et assumé dans le Dauphiné Libéré : "Le travail des enquêteurs de l’IGPN et de la PJ va également consister à déterminer l’existence de la légitime défense". Effectivement, c’est leur travail.

On retiendra plutôt les quelques images de la manif de mercredi en mémoire de Rémi Fraisse et contre les violences policières, même si la presse jouent bien son rôle en filtrant la plupart des slogans vénères.

Ville

Vendredi 21 octobre 2016, le conseil municipal a entériné une délibération autorisant la construction d’un immeuble de 150 m de haut, près de la gare de Toulouse-Matabiau. À Toulouse, les promoteurs peuvent à présent envisager des projets entre 100 et 150 mètres de haut. Une délibération en ce sens sera mise au vote du conseil communautaire de Toulouse Métropole le 20 novembre prochain. C’est aussi le moyen de renouer avec la tradition bien phallique des Capitouls qui voulaient la plus haute tour sur leur hôtel particulier ? En tout cas le prochain plan local d’urbanisme intercommunal de l’habitat (PLUIH) de Toulouse Métropole, qui entrera en vigueur en 2019 [5], est en cours d’élaboration en ce moment par 6 agences d’urbanisme [6].

Un peu d’opposition avec jeudi midi l’occupation des locaux de Mesolia contre une expulsion locative à 2 jours de la trève hivernale, expulsion qui a malheureusement quand même eu lieu. Le même jour, dans le cadre de la journée internationale des droits des enfants, une autre action a eu lieu place du capitole pour prendre la parole en soutien à 60 enfants qui sont à la rue... Petit hic : l’action se focalise sur les enfants scolarisés, et la FCPE [7]], plutôt que de rappeler les fondamentaux du droit au logement, semble s’insurger surtout contre le fait qu’ils n’aient "pas d’endroit pour faire leurs devoirs"... Faut savoir, on veut les enfermer ou les soutenir ?

Travaille !

Lancement d’un mouvement de grève lundi à l’hôpital d’Albi suivi par environ 80 salariéEs, tandis qu’au service de gynécologie de l’hôpital de Purpan ca continue depuis le 13 octobre pour dénoncer le manque de personnels, diminué après la réorganisation de l’hôpital mais surtout après que quatre personnes sont parties en congés maladie, notamment pour épuisement professionnel.

Tout ca risque pas de s’arranger avec la signature dimanche de l’accord commercial CETA entre l’UE et le Canada, prélude au TAFTA toujours en négociation.

La situation en Pologne

Ca chauffe avec une dérive toujours plus autoritaire du gouvernement polonais, notamment contre le droit à l’avortement. Le point de vue de Mediapart dans deux articles publiés cette semaine.

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Dans une Pologne divisée, les résistances tentent de faire surface
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« La peur » a poussé les Polonaises dans la rue

Notes

[1dans les locaux du CADA Pierre Nougaro 37 CHEMIN DES PRADETTES, géré par l’association Adoma

[2il s’est vendu 300 000 drones civils en France en 2015...

[3dont les locaux sont situés 12 avenue de l’Europe à Ramonville Saint Agne

[4Valls : "En parallèle de l’activité de surveillance et de l’action judiciaire, qui sont bien évidemment déterminantes, nous avons travaillé à une meilleure prise en charge sociale, éducative, psychologique ou psychiatrique"

[5sauf en cas d’insurrection d’ici là

[6Interland, l’Atelier 2/3/4, la Fabrique urbaine, l’agence COT, Pierre Lascabettes. Joan Busquets quant à lui conserve la maitrise de l’hyper centre.

[7syndicat de gôche de parent-e-s d’élèves, mais probablement pas de celleux qui sont à la rue

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