Depuis l’arrivée de Chega dans le monde politique portugais, on se doutait bien que le pays n’était plus à l’abri de la tentation fasciste. Chassé du pouvoir un jour d’avril 1974, le retour de la bête immonde s’est effectué de la plus simple des manières : par les élections, dans les prétoires et surtout dans les esprits.
Ainsi, pour s’être défendu face à une horde fasciste animée par la haine de l’autre, Jonathan, antifasciste, a été renvoyé devant un collège de trois juges au tribunal de Braga (Province du Minho). Alors qu’il était clair que l’on avait affaire à une question de légitime défense, dans l’enceinte, la justice n’a rien trouvé de mieux que de quasiment donner son absolution à ses agresseurs. L’avocat général, bien évidemment toujours du côté du manche, a demandé la requalification du "crime de lésion aggravée" en "tentative d’homicide", ce qui revient à inverser les rôles, Jonathan devenant dès lors l’agresseur, et surtout à légitimer les attaques de l’extrême droite contre les militant.e.s et les minorités.
On savait pertinement que le débat dans le prétoire ne serait pas politique, ou du moins n’irait pas sur le terrain des idées. Mais, bien que ne relevant alors que d’un cas de droit commun, la sentence qui sera rendue le 14 mai prochain aura inévitablement des répercussions dans la question de la lutte antifasciste au Portugal. Si Jonathan est condamné, ce cas pourrait ouvrir la voie à une vague d’agressions et d’actions violentes de la part de ces groupes fascistes, portés par une impunité visible désormais au grand jour, et dont ils ont de plus en plus tendance à bénéficier un peu partout dans le monde.
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