À partir d’entretiens avec les protagonistes des événements – notamment Charles « Jachy » Hoffman, Richard Bauer et Roberto Suso Escriba, condamnés à l’époque pour vols, mais aussi d’un ancien surveillant Chrisitian Payot –, le réalisateur revient sur des événements majeurs survenus entre novembre 1971 et fin 1972 : les mutineries dans de nombreuses prisons françaises et plus particulièrement celles de Charles III à Nancy et celle de la centrale de Toul. Les raison de cette révolte : les conditions déplorables de vie et d’hygiènes dans les cellules, les nombreux sévices endurés… En somme, la déshumanisation.

À l’extérieur, les prisonniers sont soutenus par le GIP (Groupe d’Information sur les Prisons), soutenu par Jean Marie Domenach, Michel Foucault et Pierre-Vidal Naquet, qui avait pour but de permettre la prise de parole des détenus et la mobilisation des intellectuels et professionnels impliqués dans le système carcéral. Celui-ci eut un effet direct, l’entrée dans les prisons de la presse et de la radio, jusque-là interdits, déstabilisant ainsi l’institution pénitentiaire et le gouvernement en place. Certes, entre l’après-guerre où le détenu n’avait aucun droit et les conditions actuelles de vie des prisonniers, les choses ont évoluées mais tout est loin d’être parfait. Le prisonnier reste un exploité, un miséreux, un moins que rien. C’est donc avec nostalgie mais aussi avec beaucoup de désillusions que les protagonistes évoquent cette période, dans un film qui s’impose donc comme un témoignage historique et politique d’une grande valeur, donnant à voir et à entendre les mal aimés de notre société.