Une rentrée à l’arrière-goût de mise à l’envers

Tract de l’équipe de Bad Kids sur la réforme des retraites.

Une rentrée à l’arrière goût de mise à l’envers, comme l’énième étape d’un écrasement à petit pas de la condition de vie des prolétaires. Aujourd’hui la retraite, hier l’emploi, l’État, qu’il soit de gauche ou de droite, respecte scrupuleusement, comme un acteur indispensable, ce que le capitalisme avance comme une nécessité structurelle : baisse des salaires, directs et indirects, sans distinction aucune. Pour ça, nous aurons le droit à toutes les explications naturalistes et économiques qui nous rappelleront à la raison. Que la population vieillit, que le rapport actifs/retraités est en baisse du fait du baby-boom d’après-guerre, qu’en ces temps de crise, l’État déficitaire est sommé de venir gratter les poches des hommes et des femmes qui se font exploiter sur son territoire, un point c’est tout. Le système des retraites par répartition signifie une chose simple : ce n’est ni un cadeau ni une caresse, c’est une prestation qui nous est du, une simple part de revenu extirpée de nos maigres salaires pour pouvoir s’assurer des moyens de subsistance après des années de turbin. Certains diront que cela reste un avantage. On les emmerde. Allonger l’âge légal de départ à la retraite et augmenter les cotisations salariales, c’est baisser les salaires et rester dans la droite ligne de l’austérité, qui a pour mission de niveler par le bas les conditions de vie des prolos du monde entier, en cohérence avec le jeu de la concurrence mondiale pour la baisse des coûts de production comme ils nous appellent. Et ça n’est pas amené à s’améliorer au vu des projections gouvernementales d’ici à 2035, autant dire que les fractions les plus jeunes des galériens peuvent sérieusement songer à ne plus faire de cadeau. Rappelons que la « jeunesse » n’a pas d’âge.
Sécurité de l’emploi, services publics, retraite, allocs, rien n’est laissé de côté. La loi sur l’emploi voté en mai dernier, l’ANI, ou encore les accords de compétitivité des grandes entreprises, tout ça peut rassurer les bourges, la mise au pas des travailleurs est assurée par l’obligation de flexibilité et la précarité qui l’accompagne. Les organisations politiques de gauche rouspètent pour la photo, les directions syndicales négocient, poing levé et calculette à la main. Et les galères de thunes qui nous touchent ont évidemment tendance à nous isoler, nous prendre davantage de temps et à exacerber la concurrence entre prolos.
Mais le problème des retraites, comme de la loi sur l’emploi ou du démantèlement des services publics, n’est pas un problème de comptabilité, sauf pour ceux qui souhaitent gérer notre épuisement comme de parfaits petits cadres. Ce qui apparaît aujourd’hui, c’est le paradoxe de notre survie, de moins en moins évidente.
Et les chemins déjà tracés de la contestation syndicale sont une contrainte à dépasser si on veut changer la donne. Grèves, blocages, manifestations, ce que l’espace urbain nous offre comme réseaux, nous nous devons de nous le rapproprier comme une arme paralysante contre l’économie. Et l’émergence de ce beau bordel passe sûrement par une organisation à la base, d’assemblées, spontanées ou prévues, de réunions informelles ou formelles, d’actions improvisées ou commandos. Il n’y a pas de spécialisme militant qui tienne, ceci est un appel à tous ceux qui en ont marre de trimer pour quelques kopeck, à Toulouse et ailleurs. Établir un réseau dissident, offensif et sans remord. En mode révolution.

Bad Kids
badkids@riseup.net

Les autres publications et le journal du groupe sont disponibles sur le site "Bad Kids".


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