Cet automne est chargé, le mouvement des gilets jaunes qui n’a pas eu de trêve continue de plus belle, et les contre-attaques policières et judiciaires remplissent tribunaux et prisons.
Bien qu’aucune victoire ne puisse être prononcée après presque un an de résistance, il y a bien des choses gagnées. Les réformes libérales marchent au ralenti malgré la cadence infernale que voudraient imposer macron et sa clique, et la solidarité vis à vis des pratiques de manifestations et d’actions n’a eu de cesse de grandir. Tout a été essayé pour calmer les rues. Il y a eu des morts et blessés graves, une peur entretenue par des moyens délirants de police et de renseignement. Les peines de prisons ont battu des records dans des instructions qui ne prenaient plus la peine de trouver des faits. Un gilet jaune suffit pour une amende, voire quelques mois d’emprisonnement.
Nous ne lâchons pas malgré la peur et la fatigue. Comme toujours. Pour tenir cette lutte jusque là où l’État nous force parfois dans cet isolement que sont les gardes à vues et la prison, nous proposons d’aller puiser dans des luttes plus anciennes pour trouver un peu d’inspiration.
Parce que c’est là où souvent la solitude pèse le plus, où le collectif fait ressentir ses faiblesses. Ne pas sous-estimer ces dispositifs nous a poussé à aller questionner les différentes manières de politiser l’enfermement dans l’histoire récente.
Du statut politique des luttes d’indépendance Nord Irlandaise et Basque au mouvement Black Panther et aux luttes carcérales dans l’Italie des années de plomb, nous proposons de comprendre ce qu’a pu être ce statut, ses limites et ses débordements.
Très vite l’enfermement fait d’une condition d’oppression commune un espace de politisation qui ouvre le statut politique et ses revendications à l’ensemble des prisonniers. Des grèves de la faim aux demandes d’amnistie c’est toute la question de la reconnaissance de la légitimité du combat et de l’irréconciabilité avec L’État qui entre en jeu et en contradiction. Dans les années 70 et 80, les révoltes en prisons vont reprendre pèle mêle une critique de l’enfermement et du statut politique. S’’y inscrivent la naissance du GIP, de la lutte contre les QHS et les campagnes d’Action Directe pour l’amnistie. Il ne s’agit pas de brandir une position mais plutôt de comprendre comment ne pas nier ces contradictions et définir une stratégie collective qui permette de tenir et continuer dehors comme dedans à lutter et grandir. En prison le corps devient une arme, son propre champ de bataille, et les revendications sur les conditions de détention une nécessité. Elles peuvent prendre des formes diverses, comme l’évasion ou la grève.
Comprendre ce que nous pouvons recréer, sur quoi s’appuyer pour nous défendre collectivement face aux délires judiciaires nécessite de pouvoir penser ensemble cet héritage de résistance.
« Nous prisonniers républicains connaissons mieux que quiconque ce qu’endure tout prisonnier privé de liberté. Nous ne refusons pas aux prisonniers de droits communs tout ce que nous pouvons gagner pour améliorer les conditions leurs peines. Bien au contraire, par le passé, tous les prisonniers ont gagné des luttes de résistances républicaines à l’intérieur des prisons. »
Mercredi 2 octobre, 20h : projection de Hunger (Steve McQueen, 2012) et discussion autour de la revendication du statut de prisonnier politique et des luttes carcérales de l’IRA et de l’ETA
Mercredi 9 octobre, 20h : projection d’Attica (Marvin J. Chomsky, 1980) et discussion autour des luttes de prisonniers de droit commun politisés par les contextes sociaux des Etats-Unis et de l’Italie des années 1960-1970
Mercredi 16 octobre, 20h : projection de Sur les Toits (Nicolas Drolc, 2014) et discussion autour des différentes luttes anticarcérales de l’époque en France, de la lutte maoïste pour le statut politique à la création du GIP qui ouvre la parole à tous les prisonniers, en passant par la campagne pour l’amnistie d’Action directe et les luttes contre les QHS
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