Mardi 12 avril : grève, blocage, manif sauvage !

Contre la loi travail et tout le reste, pas moins de six actions ont été menées à bien mardi à Toulouse ! Une grosse journée qui a commencé dès 6h pour les lycéenNEs qui ont entrepris de bloquer leurs lycées, et qui s’est terminée en fin de journée sur le péage Vinci du Sud de Toulouse pour les étudiantEs ! Entre temps, 80 personnes ont bloqué des ronds points stratégiques de Blagnac avec l’aide des flics, les lycéenNEs sont partiEs en sauvage et le portail du Conseil Général n’a pas résisté aux quelques 300 invitéEs surprises du jour.

Ce mardi, la Nuit debout, la Coordination Nationale Étudiante, l’Assemblée de lutte, les coordinations lycéennes et les syndicats avaient appelé à toute une série de blocages économiques sur Toulouse.

Ces initiatives se sont globalement confrontées à une forte présence policière : multiples baqueux dont des voltigeurs, des RG, une dizaine de camions de CRS, un bus, ainsi que la police nationale. Mais peu ou prou, la plupart des actions ont été menées à bien !

6h : blocages lycéens

  • Ozenne
    Des lycéenNEs d’Ozenne se sont retrouvéEs à 6 heures du matin pour mettre en œuvre le blocage. Vers 8h a été voté son maintien pour toute la journée.
Source : Maxime Reynié.
  • Lycée Sainte-Marie de Nevers
    Les élèves du lycée catholique ont bloqué aussi leur lycée toute la journée.
Source : CôtéToulouse.

Selon CotéToulouse, s’ils n’ont pas été bloqués, les lycées de Jolimont, Berthelot et des Arènes, ont, quant à eux, installé des piquets de grève.

7h30 : blocage économique à Blagnac

L’Assemblée de lutte, qui se réunit régulièrement à la Chapelle, organisait depuis plus d’une semaine une "randonnée pédestre contre la loi travail", ayant pour objectif de bloquer le fret d’Airbus, ce gros monstre tentaculaire autour de Toulouse. Il s’agissait de tenter un premier blocage économique, pour que ce mouvement prenne, pour qu’il dépasse l’attentisme habituel des syndicats et qu’il créée un vrai rapport de force. Récit :

De bon matin, une petite troupe...

7h30. A peine réveilléEs, nous étions entre quatre-vingt et cent determinéEs venant de divers horizons, avec l’envie d’agir collectivement et directement contre ce monde de merde. La police se fait discrète à notre arrivée, nous suit en voiture pendant une vingtaine de minutes pendant notre trajet jusqu’au point de blocage. Quand on emprunte un chemin pédestre, bien embêtés, BAC et nationale nous suivent à pied, et de de plus près.

...accueillie par du bleu et de la lacrymo

ArrivéEs à notre but, nous bloquons un premier rond-point quelques minutes, puis nous nous déplaçons vers un second point pour bloquer les camions de fret d’Airbus. Pour tout cela, il nous aura suffit de nos jambes et de quelques barrières.
Un premier camion ne tarde pas à venir. Le chauffeur, visiblement plus concerné par son petit bonhomme de chemin que par notre volonté de porter un conflit politique, sort de son véhicule pour nous embrouiller. Ni une ni deux, la BAC avance et utilise le seul langage qu’elle connait. Pour couper court à tout dialogue ou engueulade intéressante qui aurait pu se nouer à ce moment-là : une bonne rasade de gazeuse à main pour tout le monde, chauffeur compris.

Ensuite, on nous menace de nous dégager dans moins de cinq minutes. Notre fin nez tactique nous suggère une retraite stratégique. Retraite légèrement différée par l’envie irrépressible d’un chauffeur gazé, les yeux rougis et gonflés, d’aller régler leur compte aux kisdés sans attente ni médiation. Désir finalement inassouvi : si face à la police les mêmes envies nous viennent spontanément, il faut parfois doser le risque... pour l’instant !

Nasse, controle d’identité et sexion d’assaut : "Haut les mains, haut les mains".

Quelques mètres parcourus à peine, et c’est la cavalerie : un bus et une dizaine de fourgons de CRS. Encerclement, nasse, ça se pousse un peu. S’ensuit un long contrôle d’identité sur place, unE par unE, pour la soixantaine de personnes présentes à ce moment. C’est donc surtout grâce au concours de ces écervelés en armure qu’on va bloquer la route, leurs nombreux véhicules créant un bel embouteillage. En plein soleil, encadréEs de près par les CRS, on se marre ensemble. Une mini-sono improvisée nous fout la pêche sur les airs de Sexion d’Assaut (’Haut les mains, haut les mains’), d’I want to break free et de "Résiste, prouve que tu existes !"

On finit par être relâchéEs, on repart toutEs ensemble, mais non sans une menace d’un gradé : "Là on n’a pas fait d’arrestations, mais si vous faites ça dans le centre-ville, ça sera pas la même". De même, les keufs nous suivront le long de notre chemin retour avec une obsession en tête : savoir vers où on se dirige et si on va continuer à bloquer autre part. De quoi nous donner de la suite dans les idées : soyons mobiles, soyons partout.

La Dépêche du Midi est revenue en image sur cette action :


10h : manifestation lycéenne et sauvage

Les élèves d’Ozenne ont essayé de débrayer Saint-Sernin, sans succès. La sécurité ne les a pas laisséEs rentrer.

Illes sont donc partiEs en manif spontanée et joyeuse, par la rue du Taur, le Capitole, Jean Jaurès, puis retour Saint-Sernin.
Les slogans entendus étaient : "Un pas en avant, deux pas en arrière...", "El-Khomri, t’es foutue"...

A l’arrivée de la manif, ça discute, ça propose de rejoindre les cheminots ou le rassemblement au Conseil Général, ou de se retrouver à 16h pour une action ou une manif. Les SO lycéens font leur taff et semblent décourager les lycéenEs d’aller à la gare : ce serait, parait-il, trop dangereux pour elleux.

12h30 : rassemblement à la gare

Le NPA, Solidaires EtudiantEs et la CNE avait appelé à se joindre aux cheminotEs en lutte à 12h30 devant la gare Matabiau.

Si les policiers étaient présents en masse, les cheminotEs n’étaient apparemment pas au rendez-vous...

S’est tenue malgré tout une AG avec la cinquantaine d’étudiantEs présentEs.

Source : Facebook Solidaires EtudiantEs

13h : visite du Conseil General

A 13h avait été appelé un rassemblement devant le Conseil Général (qui se trouve aux Minimes), à l’appel de Solidaires, CGT et FO pour protester contre une série de décisions prises par le Conseil Général début avril conduisant à la fin de la prise en charge hôtelière de familles et mineurEs isoléEs, qui se retrouveront donc à la rue.

La situation s’est vite tendue entre les 300 manifestantEs et les agents de sécurité du site. Voilà un récit glané sur révolutionpermanente.fr :

« Une moitié a d’abord envahi les lieux, à l’intérieur de l’enceinte, débordant la sécurité assurée par les vigiles, alors que l’autre moitié restait à l’entrée, BAC et CRS se chargeant d’opérer quelques contrôles d’identité. Passés les quelques moment de tension, tout le monde s’est regroupé devant l’entrée pour tenir une assemblée générale. Outre la dénonciation de ces mesures iniques, il a été rappelé que la convergence des luttes, qui sera la clé pour faire reculer le gouvernement sur la loi travail, le sera aussi sur cette bataille, un syndicaliste intervenant notamment pour remercier les jeunes venus soutenir leur action. »

Source : Aparté.

La Dépêche nous apprenait le lendemain que le Conseil Général a décidé de porter plainte suite aux "violences et dégradations". Le portail a en effet été bien secoué...

Source : La Dépêche du Midi.

16h30 : Opération péage gratuit

A l’appel, entre autres, de la coordination lycéenne, une action de blocage économique se met en place dans l’après-midi.

Récit :

Le jeu du chat et de la souris...

Un rendez-vous à Jean Jaurès avait été donné publiquement. Les bleus sont bien sûr au rendez-vous, aux aguets. Pendant plus d’une demi-heure, on jouera au chat et à la souris avec eux.

Tout ce qu’on sait, c’est qu’on doit se retrouver à Ramonville. Des petits groupes commencent à descendre dans le métro, l’air de rien. Alors qu’une bonne partie d’entre nous s’est déjà évaporée, une équipe de la BAC descend à son tour et procède à des contrôles. CertainEs d’entre nous décident alors d’aller à pied à François Verdier... Une équipe de la BAC nous y attend ! On les contourne et on s’engouffre dans le souterrain.

... jusqu’à Ramonville

ArrivéEs à Ramonville, belle surprise, on est nombreuxEs ! Peut-être 80 ? Beaucoup de lycéenNEs (quasi-exclusivement de Saint-Sernin) et d’étudiantEs du Mirail. Pas un flic à l’horizon !

On apprend enfin que notre objectif est le péage du Palays. Nous voilà partiEs pour une joyeuse balade de deux kilomètres le long des voies rapides puis de l’autoroute. Un convoi bien peu discret, mais nous arrivons sans ambages au niveau du péage.
Une fourgonnette de gendarmerie nous y attend, mais personne n’en sort.
On se place par petits groupes (entre 5 et 10) à chaque station de péage pour maintenir les barrières en l’air et proposer aux automobilistes de donner de l’argent à la caisse de grève plutôt qu’à Vinci. Beaucoup s’exécutent avec le sourire. Le bruit des pièces au fond de la caisse déclenche systématiquement applaudissements et cris d’encouragement.

Source : Maxime Reynié.

Chose étonnante, une partie des usagers de la route ne veut rien entendre et tient absolument à payer le péage, sans doute par peur de la vidéosurveillance. Effrayant spectacle que celui de cette autodiscipline désincarnée, syndrome de l’intériorisation du principe de surveillance.

Après trois quarts d’heure, un malheureux incident survient. Un des gendarmes présents sur place lance à l’attention d’unE particpantE : "Les CRS arrivent !". Voilà que la rumeur se répand à toute vitesse et que tout le monde prend ses jambes à son cou ! Le gendarme n’en revient pas et rigole ouvertement.

On avait pourtant prévu de rester "juqu’à la première sommation". Il faut dire que la moyenne d’âge tourne autour de 19-20 ans et que beaucoup participent à leur première "action", a fortiori à leur premier péage gratuit. Dommage, on aurait pu rester beaucoup plus longtemps, mais ce n’est que partie remise !

Cette réaction des lycéenNEs et étudiantEs questionne néanmoins sur l’impact des images de violences policières et des divers témoignages relayés par les médias, automédias et réseaux sociaux. Ne finissent-ils pas par être contre-productifs ? La peur qu’inspire l’uniforme est bien compréhensible, mais quand nous sommes 80 contre une dizaine de gendarmes sans aucun équipement anti-émeute, est-elle bien rationnelle ?

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