Intervention contre une présentation de « Mauvaise Troupe »

Quelques personnes sont intervenues au début de la présentation du nouveau livre du collectif "mauvaise troupe" au bar l’itinéraire bis à Toulouse le samedi 1er juin 2019. Un texte a été lu et distribué aux personnes présentes.

Ce samedi 1er juin, on est allées à quelques personnes lire à plusieurs voix le texte qui suit au début de la présentation du nouveau bouquin du collectif « Mauvaise Troupe » et en lien avec l’orga de l’anti G7 de cet été. Il y avait une trentaine de personnes dans le bar L’itinéraire Bis.
La lecture s’est passée sans réelles réactions de leur part, et on est parties, comme prévu, direct après la lecture..

On avait envie et on voyait du sens à les faire chier, alors on s’est dit que c’était chouette si ça pouvait donner des idées et des envies à d’autres de perturber la suite de leur tournée publicitaire.
Hésitez pas à ré-utiliser ce texte, si jamais.

Si vous voulez les trouver, ils seront à :
Tarnac (19) le mardi 4 juin 2019 à 19h00 au Magasin Général
Poitiers le mercredi 5 juin 2019 à 18h00 à l’Envers du bocal, 16 ter rue de la Regratterie
Nantes le vendredi 7 juin 2019 à La Dérive 1 rue du Gué Robert
Rennes le lundi 10 juin 2019 à 18h00 Maison de la grève 37 rue Legraverend
Rouen le vendredi 14 juin 2019
Caen le samedi 15 juin 2019
Douarnenez le mercredi 26 juin 2019 à 19h00 L’Ivraie
Zad Notre-Dame-des-Landes le dimanche 7 juillet 2019
Val susa le samedi 27 juillet 2019 Venaus

Voilà le texte lu et distribué à ce moment : (Le titre est une référence à un de leurs textes victorieux dégueulasse « Et toc ! » distribué au moment de l’abandon du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes)

Et TOC TOC TOC ! On est toujours là !!

Salut,
On a envie de dire 2-3 trucs parce qu’on voit que le collectif Mauvaise Troupe va intervenir ce soir.
Mauvaise Troupe c’est un collectif qui a publié plein de textes et livres sur la ZAD de Notre Dame des Landes, il y a des gens de ce collectif qui y vivent depuis des années.
Et dans leurs écrits c’est toujours pareil : une vision ultra romantisée et aseptisée de ce qu’il se passe là-bas, ça parle d’une résistance plus forte et plus belle que tout. On est plusieurs personnes à y avoir passé du temps et à avoir observé qu’ielles mettent les moyens pour diffuser leur vision de l’histoire et prendre une place de "porte parole" en écrasant d’autres visions bien plus critiques, que nous partageons.
Les personnes de ce collectif participent (soit en soutenant, soit de manière plus directement active), à des dynamiques de prises de pouvoir sur la ZAD, à des pratiques autoritaires, sans remise en question ou changement malgré les nombreuses critiques et confrontations.

On va pas trop rentrer dans les détails de ce qu’il s’est passé sur la ZAD ces dernières années (on vous file des références de textes en dessous qui parlent de ça, si ça vous intéresse) mais en tous cas, ce collectif et d’autres ont imposé leur vision politicienne de la lutte.
On peut en voir les conséquences dans comment la zad a évolué : une zone en cours de normalisation, entre autre à travers les négociations avec l’état.
Toute une partie de celleux qui voulaient résister est partie, ne voyant plus de sens à rester sur place et/ou suite aux divers coups de pression (humiliations, menaces, agressions physiques et verbales) de la part de personnes défendant la légalisation en cours et se faisant ainsi les relais de la répression étatique. Par ailleurs, des personnes sont toujours en lutte là-bas contre ces logiques.

Ca nous met très en colère de voir que malgré ça, y a plein de personnes/groupes (dont Mauvaise Troupe) qui continuent à voir et présenter, encore aujourd’hui, la ZAD comme un espace de résistance et une victoire politique.
En colère qu’ielles tirent une légitimité de cette image faussement radicale, qu’ielles ont contribué à créer à travers des moyens médiatiques et commerciaux.
En colère et inquiètes que cela leur permette d’exporter leur modèle nocif vers d’autres luttes, comme on peut le voir à travers cette tournée de présentation de leur dernier livre. Une tentative de trouver un nouvel élan en se joignant à l’appel à converger autour de l’anti G7 au Pays Basque cet été.

Alors voilà, on trouvait ça important de faire exister cette critique et partager notre colère et notre méfiance de les voir ici ce soir.
On va pas rester, parce que ce collectif, ces stratégies de luttes et ces pratiques autoritaires plus ou moins bien déguisées, nous prennent déjà bien trop d’énergie dans nos vies, et qu’on a mieux à faire que de les écouter une fois de plus.


Si vous voulez lire des regards critiques sur ce qu’il s’est passé sur la zad ces dernières années, on vous conseille entre autre :

(brochures et textes trouvables sur infokiosques.net ou nantes.indymedia.org)

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  • 6 juin 2019

    Bonjour,

    La démarche de cette action me parait bonne car il est certain que la parole entendue en public (dans les ZAD et ailleurs) est trop souvent celle du Parleur (Majuscule + masculin, volontairement ici), mise en avant ensuite par les médias (petits et gros), souvent par facilité ou par connivence.

    A Sivens (Gaillac) où j’ai vécu ce phénomène, c’était devenu une lutte en soi de faire entendre d’autres échos (forme et contenu), surtout quand le micro ou l’objectif brillaient à l’horizon.

    Peut-être aussi se poser la question sur pourquoi tel lieu (ici le café Itinéraire Bis) accueille telle Mauvais Troupe ? Qui récupère l’autre ds l’histoire (à moins que les 2 ne se récupèrent entre eux et s’annulent ?) ?

    En tous cas, c’est courageux d’intervenir sur place à ce moment là, et utile d’en avoir l’info ensuite.

    Bonne suite,

    Chevalier Gambette.

  • 3 juin 2019

    Aussi : https://lechatnoiremeutier.noblogs.org/post/tag/critiques-de-louvrage-constellations-tajectoires-revolutionnaires-du-jeune-21eme-siecle/
    Consternations

    Collectif ‘Mauvaise Troupe’, Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21ème siècle, Edition de l’Eclat (Paris), mai 2014, 704 pages.

    Il semblera peut-être étrange à certains de pouvoir critiquer près de 700 pages grand format en seulement quelques lignes. Et pourtant, malgré la consternation procurée par des récits qui, les uns après les autres, finissent plus par accumuler un sentiment de conciliation avec l’existant que de rage, nul besoin d’abattre quelques arbres supplémentaires pour tirer deux-trois enseignements de ces « trajectoires révolutionnaires ».

    Un mois avant la parution de ce livre, on pouvait lire sur des sites du mouvement que la mairie de Dijon (du pas encore ministre socialiste du Travail) avait voté dans son budget l’allocation d’une somme de 1,6 millions d’euros pour réhabiliter un bâtiment qui sera offert en gestion à un collectif d’anciens squatters. Passer en quinze années d’une occupation illégale d’un lieu à sa légalisation par contrat, avant de finalement déménager dans l’espace culturel ripoliné des ambitions municipales, voilà un exemple assez banal de collaboration avec le pouvoir et de l’absorption qui s’en suit. Mais pour nos saltimbanques du verbiage, il ne s’agirait surtout pas de confondre cette intégration politique avec leur « pari tactique » lié au fait que le mouvement aurait « besoin de « vitrines » ». Grâce à cet ouvrage, on pourra donc hisser fièrement le drapeau du réalisme politique en guise de parcours radical, face aux tenant d’un « inatteignable idéal de pureté » qui ont encore à coeur de lutter contre l’Etat et de briser toutes les vitrines, face à ces partisans « d’objectifs maximalistes » qui ne font que produire « un certain sentiment d’impuissance ». Grâce à cet ouvrage, on pourra aussi découvrir comment la novlangue de ce début de 21ème siècle transforme une négociation entre bureaucrates des deux côtés de la barricade en création de « rapports de force » qui permettent de se maintenir du « côté tranchant ». Grâce à cet ouvrage, on apprendra que pour tenter d’éviter les insultes comme « bouffer à tous les râteliers », mieux vaut oeuvrer à la « constitution de réseaux… [avec des] avocats, artisans, journalistes, architectes, maraîchers, fils et filles de flics et de politiciens, militants associatifs et syndicalistes, mécanos et métallos, filous et gitans ou fonctionnaires complices » !

    Certes, pour contrebalancer un peu l’égout de la politique qui traverse tout le livre, le « collectif d’écriture d’une douzaine de membres » a bien lancé quelques incursions en dehors d’îlots alternatifs (squats, jardins potagers ou autres cultivateurs/éleveurs ruraux) présentés comme des luttes subversives, en allant aussi s’aventurer un peu plus loin que son panel de militants post-gauchistes (composés de soutiens aux inculpés de Tarnac, de CQFD ou de Luther Blisset/Wu Ming). Mais là encore, leur constat est sans appel : l’issue à la question révolutionnaire ne réside pas dans la rupture préalable avec l’existant – ses institutions, ses hommes et ses mécanismes -, mais dans la construction quantitative d’un contre-pouvoir qui dialogue avec une domination qu’il prétend combattre (le collectif Mauvaise Troupe n’a pas résisté deux mois avant de rédiger un article pour Le Monde, hors-série Génération Rebelle, juillet 2014). Ainsi, même le texte d’un groupe de « casseurs » (« Le marteau sans maître ») finit par nous expliquer qu’après « la fièvre nihiliste » vient le temps où il faut savoir « ménager des moments de compromis » avec les citoyennistes et les démocrates, « enlever la cagoule pour composer avec d’autres ». cesser « la recherche du point d’affrontement le plus haut ». Un autre texte, celui d’une fille qui cultive les « illégalismes jubilatoires » depuis le mouvement lycéen de 2005 (« Mots d’absence »), nous explique pour sa part que son auteure a « pour seule ligne de conduite une éthique fluctuant selon les nécessités ». Un peu comme un reflet de ce monde de bourges, en somme.

    Ce pavé aux angles limés, dont le titre initial Vivre et lutter reflétait de façon moins grandiloquente des cheminements pratiques qu’on peinerait ici à qualifier de « trajectoires révolutionnaires », est finalement assez symptomatique de l’évolution d’une frange du mouvement radical. Que cette dernière ait pris son élan lors des contre-sommets de l’altermondialisme ou au cours des émeutes du CPE, son printemps anti-autoritaire et « autonome vis-à-vis des pouvoirs institués » n’aura duré qu’une courte saison, avant de plonger dans les échappatoires offertes par le système capitaliste ou de revêtir prestement la veste rapiécée de la politique et de ses travers. Le tout, en maintenant bien sûr encore pour un temps un radicalisme imagé dont ce livre n’est qu’une distorsion, mélange confus de démocratisme radical, de mouvementisme pragmatique, d’intellectualisme universitaire (comme cette présentation du bouquin le 4 juin dernier par ses auteurs à Montpellier, « animée par Pascal Nicolas-Le-Strat, maître de conférence en sociologie ») et de références autoritaires quant aux moyens à employer. Car si le mélange écoeurant qui relie constamment toutes ces constellations est souvent « cacophonique » (et on vous épargne ici le chapitre sur la fête ou sur les « espaces de luttes ouverts à travers internet »), il vomit en revanche un choeur unanime de raisonnements à base d’alliances, de composition, de victoire, de tactique ou de force. Mais lorsqu’on choisit de suivre la voie ouverte par d’autres apprentis politiciens de ce « jeune 21ème siècle » en commercialisant à son tour ses idées chez un éditeur de gôche tout en prônant par ailleurs l’autonomie, et qui plus est chez un éditeur dont le titre suivant – dans la même collection d’ailleurs – est le recueil de cinq textes d’un féroce révolutionnaire parvenu au pouvoir comme on sait (Lénine, Mieux vaut moins mais mieux et autres textes de 1923), plus rien n’étonne…

    En ce siècle comme aux précédents, il faudra beaucoup, beaucoup de troupes pour que soient satisfaites les ambitions consternantes de leurs auteurs. Mais il suffira de quelques individus insoumis pour qu’elles soient ruinées. A jamais.

    Publié dans la revue ‘Subversions’ n°4 (octobre 2014), p. 36


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