Cet écris vient d’un groupe de militants antifas effectuant une veille sur l’extrême droite à Carcassonne et alentour. Il vise simplement à faire état de nos connaissances sur le groupe Novelum qui sévit dans notre ville et alentours. D’autres groupes du même genre fleurissent un peu partout en France, y compris dans de petites villes comme la notre où l’on se croise plus facilement que dans les métropoles, et où leur présence peut vite être ressentie comme oppressante.

Nous avons repéré il y a bientôt 2 ans les activités de Novelum, un groupe qui se revendique comme identitaire, nationaliste et patriote, à l’orientation clairement fascisante. A l’origine ce groupe était constitué d’une petite dizaine de membres organisés autour de deux ou trois fondateurs (clairement identifiés) sortis de l’ombre à l’occasion de la campagne d’Éric Zemmour pour la présidentielle 2022. Ils agissent aujourd’hui en groupe d’environ 15 personnes qui multiplient les affichages provocateurs appelant à la haine des étrangers, des réfugiés, des LGBTQIA+, et des militants de gauche en général. Ils rebondissent aussi sur l’actualité la plus tragique, du moment qu’elle sert leur rhétorique xénophobe (affaires Lola, Axelle, Thomas, guerre en Arménie, manifestations d’agriculteurs, etc.) dans une stratégie d’instrumentalisation répétitive et d’appel à la panique morale.

Novelum est présent sur Instagram, Facebook et Télégram et participe à de nombreux rassemblements de l’extrême droite française et européenne (6 mai 2023 à Paris, mais aussi un rassemblement en hommage à la fondation du parti fasciste italien en janvier 2023, academia christiana en août 2023). Leur groupe rassemble aussi quelques royalistes, et certains d’entre eux avaient déjà fait parler d’eux dès 2020 à l’occasion de l’hommage pour Louis XVI, très suivi le 21 janvier à Carcassonne. Plusieurs d’entre nous présents en contre-manifestation festive à l’occasion de cet évènement ont pu assister à leur première attaque organisée, avec le soutien de militants d’extrême droite royaliste (Action française) et de hooligans toulousains, avant la fondation officielle du groupe Novelum. Durant leurs deux ans d’existence ils ont tissé de nombreux liens avec d’autres groupes, rencontrant à l’occasion leurs homologues de Perpignan, Albi, Paris, Lyon et d’autres à l’occasion d’évènements ponctuels et de "formations".

Aujourd’hui nous savons que le noyau dur rassemble une quinzaine de jeunes hommes et quelques femmes, principalement militaires (Carcassonne abrite en son centre la caserne du 3ème RPIMA). Certains se rassemblent sur une base hebdomadaire pour s’entrainer aux arts martiaux, que plusieurs pratiquent (principalement MMA). Selon leurs propres affichages "la chasse aux antifa est ouverte". Les militaires du 3ème RPIMA (Régiment de Parachutistes et d’Infanterie Marine) ont aussi déjà une assez mauvaise réputation à Carcassonne, avec au moins un précédent d’attaque raciste en groupe.

Concernant leur implantation à Carcassonne, ils misent sur une image très ancrée localement, reprenant les armoiries de la ville et la symbolique occitane. En septembre dernier ils ont démarré une campagne de recrutement par affichage, renvoyant sur leurs réseaux sociaux avec instruction de les contacter par messages privés. Ils se vantent d’avoir rassemblé 70 personnes à l’occasion de ces premières rencontres. Depuis d’autres rendez-vous ont eu lieu. Tout dernièrement, ils annoncent avoir fait "un repas caritatif pour une classe de 3ème voulant se rendre au Puy du fou"... Ils se donnent une image de groupe sympa et solidaire (mais pas avec tout le monde évidemment).

3 faits récents nous font craindre pour la sécurité des militants de gauche, des personnes racisé.e.s, des personnes LGBTQIA+, et plus généralement des habitant.e.s de Carcassonne et alentour :

Premièrement la marche des fiertés 2023 a été l’occasion d’une grosse démonstration de force en pleine journée et en pleine ville. Entre 8 et 12 militants d’extrême droite se sont rassemblés au départ de la marche, l’ont suivi, et ont fini par agresser physiquement un groupe de participant.e.s après l’avoir pris à parti. En amont le chemin emprunté par la marche et plusieurs ponts de la rocade de Carcassonne avait été recouvert d’autocollants et d’affichages LGBTphobes. Leur présence avait été annoncé sur les réseaux sociaux. Une personne solidaire de la marche des fiertés ayant dénoncé leurs provocations et leur propos homophobes a été harcelé sur Instagram. Le compte Instagram de Novelum, après multiples dénonciations, avait alors été supprimé d’Instagram avant d’être recréé quelques jours plus tard en mode privé cette fois-ci.

En septembre de cette année un homme a été pris à parti en pleine rue et suivi pendant une quinzaine de minutes par un groupe qui l’a insulté au prétexte qu’il était "habillé comme un gauchiste". Ils l’accusaient notamment d’arracher leurs autocollants (ce qui était faux). La personne s’est réfugié au plus proche endroit possible, craignant que ses poursuivants ne repèrent son domicile et l’agressent physiquement.

Le 17 novembre 2023, alors qu’un groupe d’une quinzaine d’individus formellement identifiés comme appartenant à Novelum collait leurs stickers dans les rues du centre ville, vers 21h, un consommateur anonyme à la terrasse d’un bar est allé voir de plus près l’un des autocollants en question. La réaction du groupe a été très violente, et bien que personne sur cette terrasse n’ai tenu de propos hostiles à leur égard ils s’en sont pris aux consommateurs et au personnel dudit bar.

Le lendemain de cette rixe se déroulait au centre-ville une marche pacifique et déclarée en soutien au peuple de Gaza. A cette occasion au moins deux membres de Novelum ayant participé à l’altercation de la veille se sont tenus à distance du cortège et ont photographié certain des participants. Ce même jour deux militaires sortant de la caserne du 3ème RPIMA, probablement partant en permission, en tenue civile mais avec leurs sacs à dos militaires ont été vu collant des stickers de Novelum (activité politique normalement interdite aux bidasses).

C’est qui ces gens ?
Nous avons identifié l’un de leurs membres fondateurs et plus actif contributeur : Louis Fernandez alias Louis Stomper en référence à un gang dont il était membre au Québec autour de 2020. Il apparait de plus en plus souvent à visage découvert dans les publications du groupe, alors qu’auparavant on le reconnaissait principalement grâce à son t-shirt "Vive la mort" en hommage aux phalangistes espagnols. Durant son séjour au Québec il a appartenu au groupe Atalante et a sans doute beaucoup appris en termes de communication et d’organisation d’un groupe militant d’extrême droite à leurs côtés. Enfin il avait agressé physiquement un individu dans un bar au prétexte qu’il s’agissait d’un antifasciste. Il a été condamné à 15 mois de prison avant d’être renvoyé en France.

Sources :
https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2020-12-03/attaque-gratuite-dans-un-bar/la-prison-pour-un-sympathisant-d-atalante.php
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1142161/agression-bar-lvlop-saint-roch-quebec?depuisRecherche=true
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1754394/crime-haineux-bar-quebec-agresseur-condamne-15-mois?depuisRecherche=true
https://montreal-antifasciste.info/fr/2019/07/25/atalante-et-ses-partisan-e-s-partie-3-louis-fernandez-et-baptiste-gilistro-la-filiere-francaise/

Enfin nous savons qu’au moins un membre de Novelum appartient à la 1ère compagnie du 3ème RPIMA (les fantômes) dont le drapeau non officiel reprend le symbole du soleil noir.

Dans l’Aude comme ailleurs, le fascisme monte dans les urnes, dans la rue, dans les discours quotidiens… mais on ne les laissera pas prendre plus de place et de pouvoir sans y résister de toutes nos forces.

Le Collectif de Luttes Antifasciste Carcassonnais