Etrait du site rapporte de force, la suite à lire ici.
« Tu connais ce son, Roger ? », hurle Martin, la voix couverte par les basses de sa vieille Clio. La playlist « reggae de guerre » du jeune étudiant retentit sur le périphérique toulousain où des dizaines de bagnoles improvisent, gilets jaunes aux fenêtres, une opération escargot. Roger, 70 ans, ancien directeur des impôts, qui a fait de l’optimisation fiscale son hobby de retraité, reste calme au milieu de tout ce bordel. Cela le change de Bercy où il a bossé plusieurs années.
Martin zigzague sur sa voie, klaxonne en sautillant sur son siège. En une vingtaine de minutes, des kilomètres de bouchons se forment. Ce n’était pas prévu. Ni par mes compagnons de covoiturage, joints sur la page Facebook « Blocage 17 novembre Toulouse », ni par les personnes présentes au rassemblement. L’objectif était de préparer l’action, la vraie, celle qui aurait lieu samedi prochain. Il a pourtant suffi d’un mot, d’une simple suggestion faite au micro : « Et si on rentrait chez nous sans trop se presser ? » pour que le périphérique soit bloqué.
On peut prolonger la lecture avec un texte plus critique qui s’appuie sur une lecture de classe.
C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie…
Ce 17 novembre n’a pas encore eu lieu que pourtant déjà fleurissent un peu partout des commentaires qui érigent cet appel en « mouvement » . On parle ainsi d’agrégat de colères diverses et variées, de vent de révolte populaire au sens strict du terme, et de formes de mobilisation échappant aux organisations conventionnelles. Un mouvement social aux formes inédites et capable de dépasser la situation sociale actuelle serait en gestation ? Pour l’heure, le moteur et le seul trait commun de l’ensemble des appels à l’action est une grogne antifiscale, devant se manifester par le biais d’un blocage routier…
« On bloque tout » ? On rit jaune…
Si le terme de « blocage » semble clair pour quiconque a une fois dans sa vie participé de près ou de loin à un mouvement social, dans le cas présent il revêt un aspect pour le moins singulier, notamment en raison de sa date de mise en application : le samedi. Que peut-on espérer concrètement d’un blocage un jour de fermeture de la plupart des entreprises ? Voilà la question qu’on peut se poser en premier lieu. Contre qui espère-t-on imposer un rapport de force si l’on décide d’être le moins nuisible possible pour les patrons ? D’autant plus que l’on voit fleurir parmi les consignes de certains évènements des messages du type « laisser passer ceux qui travaillent », etc.
Ces modalités d’action n’ont rien d’inédit : elles sont courantes chez les groupements politiques droitiers, les syndicats corporatistes, les petits commerçants défendant la liberté d’exploiter… Dupont-Aignan a plusieurs fois lancé des actions de « blocage » auprès de stations de péage autoroutiers, même chose pour les Bonnets rouges. À chaque fois fut posé en règle de base le respect de la « liberté de travailler » justifiant la date et permettant de créer la distinction à faire avec les mouvements sociaux ; à chaque fois ces actions furent qualifiées d’un prétendu « spontanéisme populaire des gens des périphéries », qui trouveraient par ce biais les moyens de « se faire entendre ». Le « blocage » des gilets jaunes n’en est pas un : il n’a pas pour objectif de perturber l’économie, de mettre en difficulté le patronat, ni de libérer du temps pour s’organiser, mais uniquement de rendre visible une « colère » censée être « apolitique ».
La suite sur le blog de la défense collective de Rennes
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