Qui est Guy Corneau ?
C’est un psychanalyste québécois, auteur notamment de « Père manquant, fils manqué » (1989). Il développe l’idée selon laquelle l’identité masculine serait mise en péril suite à l’acquisition de nouveaux droits sociaux pour les femmes, permise par les mouvements féministes [1]. Il se pose également en défenseur de la virilité qui est selon lui constitutive de l’identité masculine et que les femmes rechercheraient chez les hommes. Son livre sur les rapports pères-fils sert de caution scientifique aux groupes de pères séparés que l’on a pu voir en action sur les toits, les grues ou les cathédrales depuis février 2013. A ce sujet il faut rétablir la vérité : non, les décisions des juges aux affaires familiales ne sont pas motivées par une justice matriarcale. Si en effet suite à un divorce la résidence principale est beaucoup plus souvent fixée chez la mère que chez le père, il s’agit d’un consensus entre les deux parents dans 79% des cas de divorce et 84% des séparations (couples non mariés). Il n’y a désaccord sur la résidence de l’enfant pour seulement 2% des divorces [2].
Que sont les groupes de paroles d’hommes ?
Le réseau Hommes Québec, fondé en 1992 entre autres par Guy Corneau, visait à rassembler des hommes dans le cadre de groupes de parole et d’entraide. Sur le site du réseau québécois, on peut lire que l’un des objectifs est de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. Cela est incompatible avec un autre objectif, celui de « favoriser l’émergence d’une véritable conscience masculine, individuelle et sociale » et de « rompre le silence qui entoure la vie affective des hommes » et de « briser l’isolement masculin ». Comme si les hommes étaient aujourd’hui en position subalterne par rapport aux femmes au sein de la société ! Comment y croire quand le pouvoir économique, politique, syndical, est aux mains des hommes ? quand le travail domestique et parental est encore majoritairement assumé par les femmes ? quand les violences conjugales tuent au bas mot 130 femmes par an, quand on dénombre au moins 75 000 viols par an commis très principalement par des hommes sur des femmes ?
Que des hommes souhaitent réfléchir sur l’identité masculine et sa construction sociale, l’éducation des garçons et la place des hommes par rapport aux femmes n’est pas en soi gênant. Ce qui est problématique c’est quand cela se fait sur le dos de l’égalité et sur la négation des rapports de pouvoir entre femmes et hommes qui continuent de favoriser les hommes.
Parce que nous sommes féministes, nous luttons pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Nous invitons les hommes à réfléchir sur leur place au sein de ce système qui leur donne des privilèges et du pouvoir sur les femmes. Mais cette réflexion ne peut pas se faire sur les bases de la défense d’une cause des hommes, qui n’a pas lieu d’être puisque les hommes ne sont pas victimes d’une discrimination sur la base de leur sexe comme c’est le cas pour les femmes.
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