Au cours du mouvement étudiant de l’hiver dernier, à l’initiative d’étudiant-e-s, un collectif féministe s’est monté à l’Université Toulouse 2. Depuis lors, des assemblées générales ont lieu régulièrement, permettant des discussions, en mixité et en non-mixité, sur les enjeux des rapports sociaux de sexe à l’université et au sein du mouvement étudiant. Mardi 27 janvier une assemblée générale était organisée par ces étudiant-e-s du collectif, notamment dans le but d’aborder la question du harcèlement moral et sexuel à l’université. L’amphithéâtre 8 où devait avoir lieu la réunion, était bloqué par quatre agents de sécurité qui l’ont également fermé à clé. Pas contrariant-e-s les étudiant-e-s ont décidé d’aller en amphithéâtre 9 dont ils et elles ont été violemment sorti-e-s par les agents de sécurité, qui n’ont pas hésité à user de violence physique (pousser une étudiante contre la porte) et verbales (injures sexistes et homophobes). L’assemblée féministe a pu se tenir dans une salle du bâtiment de philosophie, réunissant une centaine d’étudiante-s, preuve s’il en fallait une, de la nécessité de telles réunions.
Le collectif des Précaires du Mirail condamne cette censure orchestrée par la présidence ainsi que la violence des vigiles. Nous condamnons également les restrictions au libre usage des salles qui ont eu lieu tout au long de cette année universitaire : jeudi 22 janvier il a fallu batailler pour que se tienne une réunion visant à réfléchir sur les conséquences des attentats du 7 janvier, appelée par le syndicat solidaires étudiant-e-s. Durant le premier semestre 2014, une réunion d’information sur la situation en Palestine, organisée par des militant-e-s du NPA avait failli être annulée pour des raisons de sécurité. En décembre 2013, pendant une action étudiante lors d’un CA budgétaire, les mêmes vigiles s’étaient comportés comme de véritables agents de la BAC à l’égard d’étudiant-e-s équipé-e-s de casseroles et drapeaux. Tout cela au mépris du code de l’éducation qui garantit aux usagers et usagères de l’enseignement supérieur et de la recherche « la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. »
Manifestement le développement de l’esprit critique et la confrontation de points de vue politiques cadrent mal avec la volonté de promouvoir une nouvelle image pour l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès, celle d’un pôle d’excellence abrité dans des bâtiments tout neufs. Les multiples communiqués de la présidence, dénotant un mépris de classe certain, lors de l’occupation pacifiste de l’université l’hiver dernier donnaient déjà le ton de cette volonté d’endiguer toute politisation des étudiant-e-s au sein de l’université. Les attentats du 7 janvier et les mesures sécuritaires et liberticides qui s’en sont suivies servent de prétexte pour continuer cette politique répressive, qui va de pair avec la transformation progressive des filières de sciences humaines et sociales, réputées pour apporter une réflexion critique sur la société, en filières toujours plus professionnalisantes et toujours moins réflexives. Avec l’interdiction d’utiliser les locaux pour des activités autres que celles qui sont validées par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, la boucle et bouclée et l’université cessera d’être un lieu où l’on peut avoir la chance de développer une véritable conscience politique, critique des rapports de domination et porteuse de transformation sociale.
Nous ne devons pas rester silencieuses et silencieux face à cette nouvelle attaque de nos libertés. Nous avons les moyens d’agir et nous proposons de lancer une grève de la fermeture des salles de cours, jusqu’à ce que la présidence s’exprime et surtout s’explique sur ces faits inacceptables. L’université ne peut exister qu’ouverte et c’est à nous tous et toutes de le garantir, personnel technique, personnel administratif, enseignant-e-s, chercheur-e-s, étudiant-e-s.
Ne soyons pas les agent-e-s de l’enfermement, refusons de fermer les portes.
Le collectif Précaires du Mirail
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