Avec plus de trente sites web « au service de la communauté », le réseau No Gods No Masters attire des dizaines de milliers de visiteurs quotidiens. Forums, plateformes illégales de téléchargement musical, agrégateurs de contenu militant, agenda contre-culturel : l’écosystème mis en place depuis une quinzaine d’années a progressivement pris de l’ampleur, jusqu’à s’imposer discrètement, sans susciter beaucoup de questions, dans le paysage numérique militant. Pourtant, loin du modèle coopératif « non-profit » et de la transparence revendiquée, tout semble montrer qu’une seule personne est à la tête de cette très lucrative constellation de sites.
Un système bien rodé qui repose sur une logique simple, mais redoutablement efficace : piller les contenus, rediriger le trafic, engranger des bénéfices.
Une « coopérative » fictive au service d’une seule personne
Tout commence modestement en 2004, avec des sites artisanaux comme Resistance.tk ou encore Anarkhia.org fondés par un Montréalais répondant au pseudonyme d’AnarchOï. Le Réseau Résistance est alors présenté comme un « outil pour les militants ayant pour but de faciliter l’organisation des luttes libertaires, tant au niveau local qu’international ». La réalité est plus prosaïque, s’il y a plus de dix mille inscrits en vingt ans d’existence, le forum compte à peine une dizaine de membres actifs et n’a jamais été autre chose qu’un espace d’échange d’opinions plus ou moins confuses.
En 2008, un nouveau projet de plateformes dédiées au téléchargement musical voit le jour. Rapidement déclinés en plusieurs langues et pays (Pirate-Punk, QuebecUnderground, Anarcho-Punk, etc), ces forums réunissent plus de 125 000 inscrits et proposent quelque 33 000 albums à télécharger illégalement, devenant ainsi des piliers du piratage musical au sein de la scène alternative et militante. Si l’objectif affiché est d’aider à promouvoir les groupes underground, de nombreux artistes concernés ne l’entendront pas de cette oreille. Sur les forums, c’est le défilé des artistes tentant de se faire entendre et de revendiquer leur droit de proposer, ou non, leurs œuvres sur les canaux de diffusions qu’ils choisissent. Pugnace avec les petits groupes de musique indépendants, l’administrateur du réseau est nettement plus conciliant quand les ayants droits de labels viennent lui intimer l’ordre d’effacer les liens de téléchargement.
En 2016, AnarchOï lance InfoLibertaire, un agrégateur de contenu qui moissonne automatiquement les articles de plus de quatre cents sources militantes grâce à des techniques de scraping Web agressives. Les articles sont purement et simplement copiés dans leur intégralité sur Infolibertaire, sans modération préalable. Cette pratique conduit régulièrement la publication de contenus réactionnaires, complotistes, transphobes, etc. Une fois les articles copiés, une armée de bots diffusent l’information sur les réseaux sociaux, en renvoyant le lecteur vers les sites estampillés NDNM – jamais vers les sources originales. Résultat : une captation de trafic massive au détriment des vrais créateurs et des sites d’informations. « C’est un détournement organisé du travail militant », critique une activiste qui préfère rester anonyme. « Il prétend soutenir nos causes, mais en réalité, il les instrumentalise ».
Jamais avares de grandiloquence oratoire, le fondateur et administrateur de ces projets les présente comme des « collectifs autogérés qui fonctionnent sur des principes d’autogestion » dans le but « de s’organiser et de collaborer sans les contraintes et la surveillance imposées par les intérêts des grandes multinationales ». Dans les mois qui suivent son lancement, Infolibertaire est décliné sous le sigle « Anarchist Federation Network » en 11 langues différentes, s’appropriant ainsi l’identité de l’Internationale des fédérations anarchistes. Derrière la vitrine, toujours pas de collectif autogéré, mais encore le même mode opératoire : l’agrégation automatisée de contenus produits par des centaines de véritables collectifs militants.
Aujourd’hui, l’ensemble de l’écosystème élaboré par AnarchOï est composé de dix serveurs qui alimentent un réseau composé de 36 sites web, 15 newsletters, ainsi que des agendas militants et culturels entièrement automatisés. Le réseau est maintenu et développé par une mystérieuse Tech Team No Gods No Masters, dont AnarchOï est l’unique porte-parole visible. Cette infrastructure est financée par une prétendue coopérative, sans existence légale, baptisée Ni Dieu Ni Maître, derrière laquelle, là encore, seule la figure d’AnarchOï apparaît publiquement. Cette coopérative tire ses revenus de cinq boutiques en ligne spécialisées dans la vente de vêtements et accessoires « militants » reprenant les logos et slogans issues des cultures populaires et des luttes sociales. Ces boutiques sont également l’œuvre d’AnarchOï, comme en témoignent ses propres annonces sur les forums Résistance et Pirate-Punk, ainsi que ses interventions, au fil des années, sur les plateformes de support technique destinées aux développeurs.
C’est en 2010, qu’AnarchOï lance Ni-Dieu-Ni-Maitre.com, une boutique en ligne de t-shirts et accessoires, et impose à sa communauté et ses modérateurs bénévoles l’affichage des bannières publicitaires sur l’ensemble des forums. Face aux contestations internes, il réagit violemment : « Ceux qui s’opposaient à cette commercialisation ont été exclus sans ménagement, accusés ironiquement d’abus de pouvoir », confie un ancien modérateur banni à l’époque. AnarchOï ne laisse pas vraiment le choix et menace même de fermer les sites : « Il nous a présenté ça comme la seule option possible, nous assurant que les campagnes de dons n’étaient pas suffisantes pour couvrir le coût du réseau ». La communauté demande des comptes pour analyser les options possibles, mais l’administrateur qui a toutes les clés en main refuse de donner les chiffres et de quantifier les besoins. Lassés par « le flou, les mensonges et les calomnies », des membres quittent le bateau et ceux qui s’accrochent à leur communauté et au forum qu’ils ont maintenu pendant des années, verront leurs accès coupés. Depuis lors, l’ensemble des sites du réseau affichent sur toutes leurs pages des grands placards publicitaires pour les tee-shirts qui servent la cause.
Dropshipping militant
La ou plutôt les boutiques en ligne, déclinées en cinq langues, se présentent comme des outils de production au service des organisations militantes et des luttes. Sur le blog de Ni-dieu-ni-maitre, on parle de « chaînes d’approvisionnement », de « fournisseurs », de la « hausse du cours du coton » sur les marchés ou encore du coût de l’énergie qui augmente. Des considérations matérielles logiques, qui semblent accréditer la thèse d’une entreprise du secteur du textile et de la mode.
imprimé sur demande et fabriqué manuellement pour vous.”
Le modèle de production est présenté comme vertueux : « notre coopérative militante n’est pas un vulgaire supermarché du tee-shirt voué à la surconsommation, nous ne stockons pas de produit en magasin ». L’impression se fait « sur demande et fabriqué manuellement pour vous », garantissant une production « zéro déchets et développement durable ». Cependant, au-delà des prétendus bénéfices écologiques et sociaux de ce modèle économique, l’impression à la demande offre surtout un avantage stratégique non négligeable : la possibilité de proposer instantanément « un catalogue quasi illimité de designs et de produits » directement connectés à l’actualité militante diffusée sur le réseau NDNM. Black Lives Matter, Palestine, LGBTQ+... Les produits mis en avant suivent le rythme des mouvements sociaux. Sur le site de la boutique, on ne se cache pas, la logique de surconsommation qu’on dénonce par ailleurs devient même un argument éthique : « plus notre catalogue offre de choix différents, plus nous atteignons nos objectifs de lever des fonds pour faire des dons à des causes militantes ». Derrière ces discours, qui tentent de noyer sous un verbiage de « business éthique et militant » la réalité du modèle économique, se cachent en vérité les pires pratiques de l’économie capitaliste numérique : le dropshipping et la fast fashion.
Pire encore, pour mieux tromper les consommateurs, l’administrateur du réseau entretient volontairement la confusion, voire fait preuve d’une réelle malhonnêteté. Ainsi, sur son blog, la boutique affirme « partager ses moyens de production par solidarité militante » et présente les vêtements comme imprimés sur « nos imprimantes Kornit Atlas ». Tant pis pour l’internaute lambda ou le camarade-client si, en réalité, ces imprimantes et ces moyens de production appartiennent à SPREAD GROUP, la multinationale aux « 20 millions de clients » et aux « 175 millions de chiffres d’affaires » ! Car derrière les discours lénifiants et le ton résolument engagé de la boutique se cache une réalité bien moins reluisante : ce site n’est en fait qu’une des 250 000 boutiques partenaire du programme d’affiliation du fameux marchand de vêtements personnalisables Spreadshirt.
par la multinationale Spreadshirt"
Les artifices discursifs qui envahissent le site de la boutique — ces longs pavés de texte saturés de demi-vérités et de promesses trompeuses — fonctionnent d’autant mieux que les internautes y arrivent par le biais d’un réseau militant jugé digne de confiance. C’est qu’une partie du trafic est fléchée par les 35 autres sites de la constellation. Pourtant, au-delà des promesses mises en avant sur la page d’accueil, plusieurs indices disséminés sur le site pourraient éveiller la méfiance. Ainsi, ces longs argumentaires qui recopient, sans aucun recul critique, le discours promotionnel de l’industrie textile vantant des « conditions de travail » exemplaires ainsi qu’une production soi-disant « éthique » et « écologique ».
Autre exemple révélateur : en 2023, NDNM se félicite de proposer désormais une « livraison désormais 100% carboneutre et gratuite », précisant fièrement : « C’est quelque chose sur quoi nous travaillons depuis très longtemps et c’est enfin arrivé ». En réalité, cette annonce est presque entièrement copiée-collée de la communication officielle envoyée par Spreadshirt à ses revendeurs. La manœuvre est grossière : chacun peut aisément comprendre qu’une simple boutique ne maîtrise évidemment pas la neutralité carbone des chaînes logistiques internationales. Ce que NDNM tente de vendre ici, en reprenant à son compte les promesses creuses d’écoblanchiment formulées par une multinationale, c’est surtout l’illusion de son existence en tant qu’entité autonome — alors qu’elle n’est rien d’autre qu’une boutique partenaire de Spreadshirt. En définitive, la prétendue plus-value offerte au client se limite à un accès payant à une banque de logos et de slogans militants, déjà largement disponibles en libre accès sur internet.
Ce n’est qu’après avoir passé commande que les internautes les plus attentifs découvrent la vérité, imprimée sur leur facture ou leur bon de livraison. Une mauvaise surprise qui ne passe pas chez certains, s’étonnant de découvrir dans leur boite aux lettres un tee-shirt Fruit of the Loom fabriqué en Amérique centrale expédiée par Spreadshirt. Sur le site lui-même, seule une exploration minutieuse de la page consacrée à la confidentialité des données révèle discrètement que parmi les « tiers collectant des informations » figurent PayPal et Spreadshirt. On ne retrouvera mention de la multinationale que dans une seule autre page intitulée « Normes éthiques : Code de conduite des fabricants et conditions de travail ». C’est uniquement là qu’on apprend, en quelques mots soigneusement choisis, que SPRD Inc. (Spreadshirt) est en réalité le « partenaire exclusif de fabrication » de NDNM.
Éthique en toc
Pour mieux vendre ses tee-shirts, Ni Dieu Ni Maître met en avant une série de certifications censées garantir une production éthique, notamment le label « végan » de PETA. En réalité, la licence n’a été payée que pour une année avant d’être abandonnée, mais le logo continue pourtant de figurer en bonne place sur les pages produits. Cette stratégie d’écoblanchiment apparaît aussi clairement dans les affirmations selon lesquelles la « coopérative » NGNM.org utiliserait des « serveurs écologiques et autogérés ». Or, une rapide vérification suffit à révéler que ces prétendus serveurs militants ne sont rien d’autre que de simples espaces d’hébergement loués… chez le géant français OVH.
Sous une avalanche de certifications pompeuses — « Worldwide Responsible Apparel Foundation », « Vérité Fair Labor », « Empowering Ethical Supply Chains », « Ethical Trade Audit », « California Safety Compliance Corporation », « Business Social Compliance Initiative », « Social Accountability 8000 », « Oeko-Tex Certification » — la prétendue « charte éthique » de SPRD Inc publiée intégralement par Ni Dieu Ni Maitre a de quoi laisser dubitatif. La multinationale y présente comme une avancée spectaculaire le fait d’obliger ses sous-traitants à respecter tout simplement « la législation en vigueur dans le pays de production ». Entre deux formules creuses sur la « dignité » et « l’égalité », on découvre sans ironie que les conditions jugées exemplaires incluent des semaines pouvant atteindre « 60 h de travail » réparties sur « six jours », et que la rémunération promise ne dépasse pas le strict minimum légal local. Il est légitime de se demander en quoi le simple respect de législations parmi les plus faibles au monde en matière de droits sociaux et environnementaux pourrait constituer un quelconque critère éthique. Face à une telle mascarade, la « coopérative » NDNM ne manifeste pourtant aucun recul critique.
Dans la même logique consistant à s’approprier sans nuance les discours pseudo-éthiques des grandes multinationales, NDNM va jusqu’à afficher fièrement sur son site : « Nous endossons la coalition du Responsible Sourcing Network contre le travail forcé en Ouzbékistan ainsi que l’appel lancé par des citoyens et des ONG ». Une posture qui se résume à recopier mécaniquement les opérations d’écoblanchiment de son fournisseur SPRD Inc. Militants, artistes, multinationales : chez NDNM, tout est bon à recopier tant que cela peut remplir les rayons virtuels d’un militantisme prêt-à-porter.
NDNM se targue même d’utiliser exclusivement du coton américain, reproduisant intégralement sur son blog une page issue directement du géant textile Fruit of the Loom, qui revendique avec fierté son boycott du coton ouzbek. Or, en 2023, la presse internationale révélait précisément l’implication de Fruit of the Loom — sous-traitant officiel de Spreadshirt — dans un scandale majeur d’exploitation brutale et systémique d’enfants migrants isolés.
Serveurs low cost, revenus premium
Sur son site, NDNM assure que l’argent généré par les ventes sert à financer l’infrastructure technique de son réseau. Mais ici encore, à l’image de ce qui se passe avec sa boutique, le flou est soigneusement entretenu. La formulation donne habilement l’impression que NDNM administrerait ses propres serveurs. Cependant, quelques rapides vérifications en reverse DNS montrent, que l’intégralité des sites est en réalité hébergée chez OVH. Certes, l’information est accessible sur le site, cependant, elle n’apparaît qu’au détour de pages secondaires, très loin du récit soigneusement entretenu en première page. S’il est difficile de présumer du coup réel de l’infrastructure, l’information n’est jamais dévoilée aux communautés d’autogestion, une capture d’écran postée sur un forum par AnarchOÏ dévoile quelques détails concernant la commande d’un nouveau serveur passée chez l’hébergeur OVH. On y découvre que l’administrateur loue un serveur bas de gamme, censé héberger trois de ses sites, pour un coût estimé à 16,99 € par mois.
À de nombreuses reprises, la « coopérative » fait état des solutions d’hébergement gratuit qu’elle fournirait à une centaine de sites web militants. Intrigués autant que perplexes, nous avons, en premier lieu contacté quelques-uns des 400 sites scrapés par InfoLibertaire, partant du principe que c’était là que nous aurions logiquement le plus de chance de trouver confirmation. Sans résultat pour l’instant. Rien ne permet cependant d’exclure que l’infrastructure serve aussi à héberger des sites de militants extérieurs à l’écosystème NDNM. Mais, comme toujours avec AnarchOï, aucune preuve ne vient étayer cette affirmation. Il faudra, une fois de plus, se contenter de sa version — celle d’un administrateur coutumier des approximations, des effets d’annonce et des arrangements avec la réalité.
Ni Dieu Ni Maître affirme reverser l’intégralité des bénéfices restants, après financement du Réseau Résistance, à des associations et ONG militantes. Pourtant, à défaut de toute garantie autre que la parole de son fondateur, l’examen attentif des annonces de dons révèle une réalité nettement moins généreuse : quelques milliers d’euros seulement distribués sur plus d’une décennie, tandis que des bénéfices substantiels s’accumulent, sans contrôle externe ni transparence quant aux activités réelles. On pourrait certes supposer que l’administrateur de NDNM, pris d’une soudaine et inhabituelle pudeur, ait choisi de ne pas communiquer l’intégralité des dons effectués ; quoi qu’il en soit, les montants affichés restent dérisoires au regard des bénéfices substantiels accumulés depuis quinze ans.
Un échange découvert en 2020 sur un forum d’assistance vendeur Spreadshirt révèle l’ampleur réelle des profits. Dans un message véhément contre la nouvelle politique tarifaire de Spreadshirt, AnarchOï se plaint publiquement qu’une hausse d’un dollar du coût d’impression par tee-shirt ferait, « selon son comptable« chuter ses bénéfices « de plusieurs dizaines de milliers de dollars annuels ». Si on croit sur parole le tenancier de la boutique, les ventes de teeshirts, sweat à capuche et autres s’élèvent donc à plusieurs dizaines milliers d’unités par an. D’autres éléments permettent de préciser ces estimations. D’après des messages publiés sur le forum, puis supprimés par la suite, il apparaît qu’en 2020, la coopérative vendait environ 2 400 t-shirts par mois. Avec un bénéfice moyen de 8,77 $ par t-shirt, cela représenterait un confortable revenu annuel de 250 000 $.
Un royaume virtuel aux frontières floues
L’opacité juridique semble soigneusement entretenue. Sur certains sites de la galaxie NDNM, comme ConcertsPunk.fr — qui agrège automatiquement les annonces de concerts militants — AnarchOï mentionne deux sociétés distinctes : PunkShows LLC et NGNM LLC, prétendument enregistrées au Nouveau-Mexique. Or, une simple vérification dans les registres légaux de l’État montre que ces entités n’y figurent pas. Une société nommée NGNM LLC a bien été constituée en février 2023, à North Canton, dans l’Ohio, mais les documents d’enregistrement ont été signés par un statutory agent, un tiers chargé de faire office de contact officiel avec l’administration — une formalité qui n’implique en rien qu’il soit le propriétaire effectif de l’entreprise. La piste s’arrête là.
Au-delà des incohérences structurelles, le fonctionnement du réseau soulève de nombreuses zones d’ombre. Certaines ont déjà été pointées, sur les forums internes au réseau et dans des prises de positions publiques. Toute critique fait systématiquement l’objet d’attaques virulentes, voire de menaces de poursuites judiciaires. AnarchOï n’hésite pas, par exemple, à instrumentaliser les lois américaines sur le droit d’auteur (DMCA) pour réclamer à Google la suppression de résultats de recherches pointant vers des pages critiques, prétendant, comble du cynisme, qu’elles porteraient atteinte à ses droits de propriété intellectuelle.
« Ni Dieu, Ni Maître… Ni Scrupules »
Le système mis en place par AnarchOï repose sur une logique simple, mais redoutablement efficace : piller, rediriger, engranger.
Le contenu militant, les productions artistiques, les articles et les analyses de collectifs militant : tout est aspiré à grande échelle grâce au scraping automatisé et à l’agrégation de flux RSS — un protocole qui permet de recevoir automatiquement les nouveaux contenus publiés sur un site web, sans avoir à le consulter manuellement. Aucun tri, pas d’éditorialisation, aucun accord bipartite : les publications sont intégrées dans les sites du réseau NDNM et toujours accompagnées d’un encart publicitaire menant aux boutiques.
Une armée de bots relaie ensuite ces contenus sur les réseaux sociaux, dont les publications ne pointent jamais vers les sources originales. mais toujours vers les sites de la galaxie NDNM. Résultat : un afflux constant de trafic capté, une autorité renforcée dans les résultats de recherche, un SEO boosté par l’exploitation du travail militant… et une boutique qui trône en bas de chaque page.
Tout est pensé pour que le système s’alimente lui-même. Le contenu détourné crée le trafic, le trafic alimente la boutique, la boutique finance le réseau. Un cercle parfaitement verrouillé, rentable, et piloté par un seul homme — qui réussit le tour de force de se faire passer pour une coopérative « non-profit » tout en capitalisant sur les luttes et le travail militant des autres.
Ce système bien rodé repose sur une illusion soigneusement élaborée et entretenue : des collectifs inexistants, des dons anecdotiques, des certificats éthiques fictifs, des sociétés fantômes et une opacité totale. À l’heure où les critiques — légitimes — se multiplient contre celles et surtout ceux qui transforment les luttes en capital symbolique et en rente économique, le Réseau Résistance offre un cas d’école caricatural de l’exploitation cynique et mercantile qui gangrène le milieu militant.
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