Samedi, les États-Unis, en collaboration avec les forces aériennes jordaniennes, ont parachuté des paquets d’aide sur Gaza.
Ce qui est présenté comme une aide bénévole n’est rien d’autre qu’un théâtre de l’aide humanitaire qui ne contribue aucunement à mettre un terme à la campagne systématique et intentionnelle de famine qu’Israël et ses alliés américains et européens mènent contre les Palestiniens, avec la complicité des régimes de la région.
Des experts et des responsables de l’aide ont clairement expliqué que ces parachutages ne constituent pas une façon efficace de soulager la famine qui touche 2,3 millions de personnes à Gaza, une famine délibérément provoquée par Israël, avec le soutien intégral des États-Unis.
En participant à ces parachutages, l’Égypte et les Émirats arabes unis, mais tout particulièrement la Jordanie, qui les effectue avec ses forces aériennes, fournissent une couverture de relations publiques aux pays directement impliqués dans le génocide israélien des Palestiniens à Gaza.
L’effet – intentionnel ou pas – est de libérer Israël et ses partisans de la pression en vue de lever le siège total imposé par Tel-Aviv à l’enclave côtière dans l’intention manifeste de provoquer un maximum de souffrance et de mort chez le plus grand nombre de personnes possible.
Les enfants meurent de faim
En ce moment précis, les enfants de Gaza « sont affamés et au pire niveau jamais vu dans le monde », a déclaré Melanie Ward, CEO de l’ONG Medical Aid for Palestinians.
« C’est très simple. C’est parce que l’armée israélienne ne permet pas à l’aide d’entrer », a déclaré Ward sur CNN ce jeudi, expliquant pourquoi l’aide n’arrivait pas à Gaza.
« Nous pourrions tout simplement mettre fin dès demain à la famine si les Israéliens nous autorisaient d’accéder aux personnes sur place. »
Mais, samedi, l’armée américaine et la Jordanie ont parachuté des marchandises le long de la côte de Gaza, prétendument pour alléger la famine qui gagne rapidement du terrain.
Ceci vient après que le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, les Émirats arabes unis et même l’Égypte – tous fidèles alliés d’Israël – ont déjà participé à des coups similaires, généralement facilités par la Jordanie.
Le Commandement central américain – ou CENTCOM – a déclaré que les parachutages de samedi « de plus de 38 000 repas » contribuent « aux efforts actuels du gouvernement américain en vue de fournir une aide humanitaire vitale aux habitants de Gaza ».
Selon l’ONU, 576 000 Gazaouis – soit un quart de la population – « sont à un pas de la famine » et la totalité de la population est désespérément en quête de nourriture.
Israël bloque des milliers de camions d’aide
Entre-temps, des images par satellite montrent des milliers de camions d’aide bloqués au carrefour de Rafah avec l’Égypte et dans l’impossibilité d’entrer à Gaza parce qu’Israël ne les y autorise pas et que Washington refuse d’utiliser son énorme levier pour forcer Tel-Aviv à accepter ou à mettre fin à son siège contre Gaza.
Cela rend plus bizarre encore la participation de l’Égypte à ces parachutages, puisque c’est elle qui contrôle à Rafah la frontière terrestre avec Gaza, mais qu’elle refuse d’exercer sa souveraineté et son contrôle sur place.
Entre-temps, Israël continue quotidiennement de tuer et de mutiler des gens à l’aide de bombes et de missiles de fabrication américaine, et ce, même au moment où ces personnes font désespérément la file pour quêter de la nourriture.
https://twitter.com/muhammadshehad2/status/1763651267237216587?t=akaRnIK_3YQkZzfSJsxf7A&s=19
Depuis octobre, l’administration Biden a donné carte blanche à Israël pour qu’il perpètre son génocide et provoque délibérément la famine à Gaza en toute impunité, via des livraisons d’armes quasi ininterrompues à Israël, et ce, même en se passant du feu vert du Congrès.
Des épisodes dramatiques en coordination avec Israël
La Jordanie parachute des marchandises sur Gaza depuis novembre.
Le roi Abdallah de Jordanie a participé à certains de ces parachutages, comme on peut le voir sur un clip spectaculaire de deux minutes, publié par la Maison royale jordanienne.
La vidéo, qui rappelle un trailer de film d’action hollywoodien, montre le monarque en train de commander une opération de largage de paquets par parachute.
Ces parachutages sont effectués en coordination avec Israël, puisqu’aucun avion ne peut pénétrer dans l’espace aérien de Gaza sans l’autorisation explicite d’Israël, sinon il risque de se faire abattre.
Tel-Aviv sait qu’en termes pratiques ces parachutages n’interféreront pas grandement dans sa politique visant à délibérément affamer les Palestiniens jusqu’à ce que mort s’ensuive, mais il est très satisfait de toute l’imagerie de propagande qui suggère faussement que les gens de Gaza reçoivent une aide significative.
« Une opération de parachutage a délivré avec succès 160 paquets de nourriture et de fournitures médicales aux résidents du sud de Gaza et à l’hôpital de campagne jordanien installé à Khan Younis », s’est vantée mercredi la COGAT, le bras bureaucratique de l’occupation militaire israélienne.
Washington pourrait mettre fin à la famine
Avant les parachutages de samedi, quatre hauts responsables américains – restés anonymes – ont déclaré au média Axios que Washington envisageait cette démarche « du fait que les livraisons par voie terrestre devenaient de plus en plus difficiles » – comme si l’une ou l’autre force naturelle était la cause du problème.
En réalité, les dirigeants israéliens savent que, sans les livraisons d’armes de Washington, ils seraient forcés de mettre un terme à leur génocide au bout d’un certain nombre de jours.
Ainsi donc, si l’administration Biden avait vraiment l’intention de mettre un terme à la campagne de famine et d’extermination, elle se servirait de son influence pour ordonner à Israël de laisser entrer immédiatement les camions d’aide et de faire cesser les bombardements.
Outre le fait d’empêcher tous les camions d’aide, sauf quelques-uns, d’entrer à Gaza, Tel-Aviv permet à des hordes de fanatiques sionistes d’organiser des rassemblements en vue d’interdire l’entrée à Gaza aux camions d’aide transportant des marchandises vitales.
Ces racistes génocidaires sont installés dans des tentes et bénéficient de la protection de l’arme israélienne. Ils accueillent même des soirées dansantes en plein air.
« Un processus indigne et avilissant »
Les agences internationales d’aide et même un ancien haut responsable américain rejettent les parachutages en disant qu’ils sont inefficaces et même contreproductifs.
« Oxfam ne soutient pas les parachutages américains sur Gaza, qui serviraient surtout à soulager les consciences coupables des hauts responsables américains dont la politique contribue aux atrocités en cours et au risque de famine à Gaza », a déclaré Scott Paul, un responsable de l’ONG installée au Royaume-Uni.
« Alors que les Palestiniens à Gaza ont été poussés au bord du gouffre, le fait de parachuter une quantité d’aide symbolique et dérisoire, sans même prévoir sa distribution en toute sécurité, ne servira à rien et sera profondément humiliant aux yeux des Palestiniens », a ajouté Scott Paul.
« Au lieu de procéder à des parachutages sans discernement à Gaza, les EU devraient interrompre le flux d’armes qu’Israël utilise dans ses attaques indiscriminées, insister pour qu’il y ait un cessez-le-feu immédiat et que soient libérés les otages et insister également pour qu’Israël se plie à son devoir qui est de fournir de l’aide humanitaire, des accès et d’autres services élémentaires. »
« Les parachutages sont inefficaces, onéreux, dangereux et utiles uniquement lorsqu’il n’y a pas d’autre option de livraison », a déclaré David Harden, un ancien responsable de USAID, l’agence américaine de développement international.
« Les parachutages bénéficient avant tout à l’administration Biden – en dissimulant un échec politique massif. »
L’aide tombe en mer, en Israël
Ces derniers jours, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés sur une plage de la partie centrale de Gaza, au moment où la Jordanie et la France larguaient des marchandises, lesquelles sont tombées à la mer.
Des Palestiniens se sont précipités dans l’eau froide afin de tenter d’en repêcher une partie.
Quelques jours plus tard, les forces aériennes jordaniennes ont accidentellement parachuté des paquets dans le sud d’Israël au lieu du nord de Gaza.
Même quand les marchandises atterrissent à Gaza, les gens qui sont assez chanceux pour mettre la main sur certaines d’entre elles peuvent les vendre à des prix élevés en pleine pénurie désespérante. Un Palestinien de Gaza a qualifié la chose de « processus indigne et avilissant au détriment des personnes réellement dans le besoin ».
Masquer la complicité dans le génocide
Pour la Jordanie et d’autres États régionaux, ces coups douteux servent vraisemblablement à la consommation domestique, dans un effort en vue d’apaiser la colère des habitants à propos de l’inaction de leurs gouvernements quand il s’agit de faire cesser un génocide qui entre dans son sixième mois.
La Jordanie a même engagé un influenceur d’Instagram, un cinéaste américain et a invité le réseau de radio américain NPR à assister à l’un de ses parachutages.
https://twitter.com/20_allmz/status/1762856346163056930?t=3CFiO85CnFFQJjVaWW9thA&s=19
Mais il n’y a eu aucun signe d’apaisement parmi la population, puisque les Jordaniens continuent de manifester et de réclamer l’arrêt du commerce jordanien avec Israël, y compris la livraison de produits agricoles.
Le Royaume-Uni, qui s’est constamment opposé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, a lui aussi participé à une de ces opérations de parachutage en collaboration avec la Jordanie.
https://twitter.com/FCDOGovUK/status/1760403877952733211?t=L2lUQHHDS2-pomSTrFPOXA&s=19
Bien qu’elle ait réclamé un cessez-le-feu, la France reste une fidèle partisane d’Israël et elle résiste aux appels en vue de faire cesser les exportations d’armes vers Israël.
Le Canada, un ennemi implacable des droits palestiniens et autre fournisseur notoire d’armes à Tel-Aviv, prévoit lui aussi de parachuter de l’aide à Gaza, probablement en collaboration avec la Jordanie.
Et, de façon tout aussi flagrante, les Pays-Bas, qui fournissent des pièces de rechange destinées aux avions de combat israéliens qui bombardent les Palestiniens, ont eux aussi participé le mois dernier à un parachutage d’aide en compagnie de la Jordanie.
Bien qu’un tribunal hollandais ait ordonné que soit mis fin aux exportations de pièces détachées vers Israël, le gouvernement, bien décidé à continuer de contribuer au génocide, a promis d’aller en appel conte la décision.
En facilitant les parachutages pour le compte de ces pays, la Jordanie les aide effectivement à blanchir leur rôle dans le génocide.
Aujourd’hui, les États-Unis, le pays le plus responsable du génocide avec Israël, revendique une part de l’action. Certains voient là un signe de la faiblesse de Washington, mais c’est une erreur.
« J’ai vu Israël humilier les précédentes administrations américaines mais, hormis la frappe aérienne israélienne contre le navire américain Liberty, en 1967, le fait aujourd’hui de forcer [les EU] à effectuer des parachutages d’aide à Gaza, comme si [les EU] ne valaient pas mieux que l’Égypte et la Jordanie, constitue la pire humiliation infligée par Israël [aux EU] à laquelle j’ai assisté », a écrit Robert Ford, un ancien diplomate américain, sur X (anciennement Twitter).
« Je devrais ajouter que [les États-Unis] procéderont à des parachutages d’aide humanitaire sur Gaza si les forces aériennes israéliennes acceptent avec courtoisie de ne pas abattre les avions américains au-dessus de Gaza. »
Ce sentiment peut se comprendre, mais il met la réalité sens dessus dessous : Washington contrôle. Washington veut que le génocide se poursuive. Il veut tout simplement faire semblant qu’il aide les Palestiniens alors qu’en fait il aide Israël à les assassiner.
Washington perçoit manifestement les parachutages comme un moyen d’y arriver.
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