Quand les électeurs et les électrices (re)découvrent le fascisme...

Les élections présidentielles mettent un coup de projecteur sur un phénomène qui revient désormais tous les cinq ans : la prise de conscience que le fascisme existe toujours.

Il n’y a pas de jouissance particulière ou de cynisme dans l’énoncé de ce fait, loin de là. Il permet juste d’illustrer vite fait que les gens aiment bien se dissimuler les problèmes jusqu’à ce qu’ils leur pètent à la gueule, à l’occasion d’une élection par exemple. Oui, le fascisme existe toujours et pas une fois tous les cinq ans, à la sortie des scrutins présidentiels. Il fait partie de notre vie quotidienne dans les partis affiliés à ce type d’idéologie mais également dans les plus traditionnels qui, depuis des années maintenant, ont décidé de faire leur certaines thématiques telles que l’immigration, l’islamophobie, la sécurité ou la surveillance qui dictent leur agenda politique. Aussi que l’on vienne s’exciter entre les deux tours sur la possibilité d’un fascisme a quelque chose de désespérant notamment parce que les antifas luttent depuis toujours contre ce fléau bien identifié avec comme seul retour de la part de la société civile, au mieux une ignorance, une querelle sémantique sur la définition précise du fascisme jusqu’à une mise au ban les renvoyant dos à dos avec les fascistes, les un·es étant supposé·es aussi violent·es que les autres. Les cas ne manquent pas depuis Clément Méric pour remonter il n’y a pas si longtemps que ça. Très récemment, je n’ai pas non plus souvenir que la dissolution du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (Gale) ait fait l’objet d’un soutien inconditionnel de la part des non-militant·es, et pour cause, ce type d’affaire étant la plupart du temps envisagé comme une histoire entre extrémistes parmi d’autres.

Mais le résultat est là. A force de s’immiscer dans tous les niveaux de la société, le fascisme a fini par être dédiabolisé jusqu’à presque passer inaperçu dans le paysage politique français. Car siphonner les partis d’extrême-droite en utilisant les mêmes thématiques qu’ils développent ne fait pas disparaître le danger fasciste. On l’a vu, non seulement cette stratégie permet de l’intégrer de manière durable dans nos vies mais aussi de déplacer le curseur idéologique toujours plus à droite, les partis légèrement à gauche étant alors perçus comme les potentiels sauveurs de la République. Pourtant les individus devraient être dessalés depuis vingt ans. D’abord aux portes du 2° tour, son représentant le plus notable, le Front national (FN) puis le Rassemblement national (RN), a déjà passé ce cap trois fois. En fait tout se passe comme si le supposé barrage républicain permettait de remettre le compteur à zéro, défragmentant les esprits jusqu’à la prochaine échéance où il sera à nouveau fait appel à lui.

Bref à l’aube d’une possible accession des fascistes au gouvernement, je n’ai pas spécialement envie de rigoler. Mais l’occasion était belle de mettre certaines choses au point en rappelant notamment qu’être antifasciste ce n’est pas une fois de temps en temps et que, si le fascisme en est là aujourd’hui, c’est qu’il progresse dans l’indifférence générale dans les corps et les esprits depuis des années. Ce serait bien de s’en rappeler si par hasard le RN voyait une fois de plus ses espoirs d’accéder au trône annihilé par la mobilisation électorale, histoire de ne pas encore se retrouver dans cette situation dans cinq ans. On ne combat pas le fascisme dans les urnes, encore moins dans ce système électoral, mais dans la vie de tous les jours.

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