Extraits de l’interview donnée par Nikos Maziotis depuis la prison de Diavata

Le site internet du Secours Rouge a mis en ligne la traduction d’une interview donné par Nikos Maziotis, membre de l’organisation armée Lutte Révolutionnaire (LR) au journal Efimerida ton Sintaktion. Arrêté en juillet dernier après deux ans de cavale, Nikos Maziotis est interrogé dans cet entretien entre autre sur la lutte armée et l’organisation à laquelle il appartient, et son rapport à la répression. Mais c’est aussi l’occasion pour lui de revenir sur son interpellation et ses conditions de détention.

Extraits retranscrits à partir du pdf mis en ligne par le Secours Rouge et de la version anglaise qui est entre autre dispo sur Indymedia Suisse.
L’intégral de l’entretien est désormais disponible de la n°13 des Cahiers du Secours Rouge.

*Les notes en bas de page ont pour but d’apporter quelques infos complémentaires et aider à mieux cerner le contexte de la guerre sociale en Grèce.

Vous êtes membre de Lutte Révolutionnaire, une organisation armée anarchiste, pourquoi avez-vous choisi la lutte armée comme méthode d’action ?

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La lutte armée fait partie intégrante de la lutte pour la révolution sociale. C’est une part intégrante du mouvement révolutionnaire qui cherche à renverser le capital et l’état. [...] La lutte armée ou en d’autres termes la propagande armée est un outil très puissant pour le combat et ses messages politiques peuvent être très puissants tant qu’il y a une conception et une analyse globales à propos d’où nous agissons, de ce que nous voulons et de ce que nous visons.
Dans Lutte Révolutionnaire nous pensons que la lutte armée vise à dispenser au plus grand nombre, dans les classes populaires, la nécessité de la révolution sociale et du renversement du capital et de l’état.
Aujourd’hui, particulièrement en Grèce mais pas uniquement, au cours de la plus féroce attaque du capital impérialiste, alors que la Troïka et l’état grec mettent en place un politique de génocide social, la lutte armée est plus que jamais nécessaire et opportune. En 2009, au début de la crise, lorsqu’elle avait toujours les caractéristiques d’une crise du système financier, et avant de devenir un crise de la dette, nous avions émis l’opinion qu’une magnifique occasion d’ère révolutionnaire se faisait jour en Grèce, parce que les conséquences de la crise seraient la fin du consensus néo-libéral et la délégitimation du système économique et politique aux yeux de la majorité.
En vertu de ces circonstances, l’action armée contre le régime peut conduire à une cascade pour un système ayant une interdépendance avancée dans tous les domaines [...] et agir comme une prolifération du risque de déstabilisation. [...]

Lors de votre dernière arrestation en 2010, vous avez assumé la responsabilité politique de votre participation à Lutte Révolutionnaire. Quelle est la signification de la "responsabilité politique" ?

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Pochoir qui dit "Lambros est l’un des notres"

En tant que membre d’un groupe armé, j’ai fait ce que je considère comme évident. J’ai défendu l’organisation à laquelle j’appartiens, j’ai défendu les attaques commises par l’organisation, j’ai défendu Lambros Foundas, un membre de l’organisation qui a été tué au cours d’un affrontement armé avec la police [1][...]
Pour nous la prise de responsabilité politique fut une décision collective et pas un choix individuel. Par conséquent après nos arrestations, nous avons réussi à garder intacte notre collectivité et les membres emprisonnés de Lutte Révolutionnaire ont résisté, et nous avons continué à parler de la nécessité d’une contre-attaque prolétarienne moderne et d’une révolution sociale en intervenant avec des déclarations dans les importantes grèves et manifestations populaires contre le Mémorandum de 2010-2011. Nous avons eu la même attitude durant le procès. N’importe quelle autre attitude que la prise de responsabilité politique aurait été une trahison de nos principes et de nos idéaux et un manque de respect envers les morts, tel que Lambros Foundas.

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que l’action armée occasionne la répression ? Par exemple, après l’évasion de prison de Christodoulos Xiros [2] et dont , le gouvernement s’est efforcé de conclure le projet de loi pour les prisons de type C [3], destinées aux membres des organisations révolutionnaires armées.

Il est stupide de croire que la lutte pour la liberté ne fera pas face à une réponse de l’état et qu’elle n’aura pas de sérieuses répercussions. La lutte a comme boussole la révolution sociale et le renversement du capital et de l’état. Il est évident qu’elle n’est pas gouvernée par le code pénal ni par les lois de l’ennemi. Par conséquent elle adoptera forcément des formes d’actions illégales comme la lutte armée, au-delà des formes d’actions légales qu’elle adopte.
Dans la lutte pour la liberté et la révolution, la guerre sociale et la guerre de classe, il y aura des effusions de sang, il y aura des morts, il y aura des emprisonnements, il y aura des lois spéciales anti-terroristes et prisons spéciales pour les membres des organisations armées.
Christos Kassimis, Christos Tsoutsouvis [4], Christopher Marino, Lambros Foundas ont payé de leur vie d’avoir combattu le fusil à la main dans la lutte pour la révolution. Comme à une autre époque les guérilleros de l’ELAS et de l’Armée Démocratique [5], et pareil pour les membres d’organisations armées en Europe et en Amérique Latine, telles que les Tupamaros, les Brigades Rouges, la RAF, Action Directe...
Les morts dans les affrontements armés ou suite à des grèves de la faim en prison, ainsi que les années de condamnations furent le prix payé. En tant que membre de LR j’ai toujours pensé que le prix de mes choix serait soit une longue et lourde peine de prison, que j’ai déjà reçue, soit la mort dans un combat avec les chiens de l’état. J’aurais pu être tué à Monastiraki. C’est une chose qui pouvait arriver et je le savais. Le prix et les conséquences de la lutte ne signifie pas que nous devrions laisser tomber. La seule cause perdue est celle pour laquelle on ne s’est jamais battu. [...]
A la différence des affirmations selon lesquelles l’action armée exacerbe la répression je réponds que les attaques des groupes rebelles armés contre les forces de répression ont un effet dissuasif sur l’intensité de la violence policière.[...] Celui qui pense qu’il est un révolutionnaire ou un anarchiste et qui croit qu’il doit agir dans les limites de la légalité ferait mieux d’adhérer à un parti parlementaire légitime [...] Provoquer l’état lorsqu’on combat est normal. On devrait être plus inquiet de ne pas provoquer de réaction puisque si l’ennemi ne nous considère pas comme dangereux, c’est que nous ne sommes pas sur la bonne voie.

En 2012, toujours en procès pour Lutte Révolutionnaire, Pola Roupa et vous avez enfreint votre liberté conditionnelle et avez choisi d’entrer en clandestinité. pourquoi avez-vous choisi cela ?

Entrer en clandestinité est quelque chose que nous avions choisi depuis notre libération après 18 mois de détention préventive sans condamnation probante. Nous savions que nous serions condamnés à 25 ans de prison et n’étions pas prêts à accepter cela passivement [6]. Au moment où nous avons choisi d’entrer en clandestinité, la phase des auditions des témoins de l’accusation contre les opérations de l’organisation étaient terminées. Au cours de cette période nous avons mené un combat de plusieurs mois, défendant les actions de l’organisation, une par une, restant là pour transformer notre procès en un forum pour la défense de LR, de l’action armée et de la révolution sociale. Nous ne nous satisfaisions pas de prendre une position politique à la fin du procès, moment où la défense des accusés les autorise à une déclaration sous la forme "d’excuses". Nous avons donc choisi d’entrer en clandestinité pour ces raisons évidentes : être libres, poursuivre la lutte armée, continuer de se battre pour la nécessité de la révolution sociale.[...] Dans ce contexte il y a eu la réactivation de LR avec l’attaque du 10 avril 2014 contre le bâtiment du conseil d’administration pour la supervision de la Banque de Grèce, rue Americis où réside le représentant du FMI en Grèce. En tant que membre de LR, j’assume la responsabilité politique de cette action.

"Aux premières heures du Jeudi 10 Avril 2014 – après deux alertes téléphoniques aux médias – une voiture remplie de 75 kg d’explosifs a sautée devant un bureau de la Banque de Grèce, situé sur Amerikis Street à Athènes, causant d’importants dommages matériels dans toute la zone (mais pas de blessés)." Source : ContraInfo

A Monastiraki, pour éviter d’être arreté, vous avez ouvert le feu dans une foule de citoyens sans méfiance. Le résultat est que deux touristes ont été légèrement blessés. qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Tout d’abord, je suis désolé que ces deux touristes aient été blessés, même légèrement. La souffrance de citoyens sans rapport, de quelque façon que ce soit, est quelque chose que nous évitons soigneusement dans LR, et nous l’avons bien fait comprendre durant le procès de l’organisation, au cours duquel nous étions accusés, par nos attentats, d’exposer des vies humaines au hasard. Après un long combat au tribunal [...] plusieurs accusations de tentatives d’homicide étaient retirées, et ne restaient plus que celles concernant les trois policiers en 2009 à Exarchia, en représailles à l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos [7].[...]
L’histoire elle-même prouve que nous prenons des mesures et que nous faisons attention aux vies des citoyens qu’elle que soit la cible. A Monastiraki, comme c’est affirmé dans le rapport de la police, les blessures des deux touristes proviennent d’éclats et pas de tirs directs de fusil. Leurs blessures se situent dans la jambe [...] Cela montre que je ne les ai même pas visé. Comment se fait-il que je sois aujourd’hui accusé de tentatives de meurtre ? Cela excède l’hypocrisie, dans trois de nos actions la police a mis des vies en péril. A Syntagma, au Ministère des Finances, où leur bêtise est allée jusqu’à ne pas interdire l’accès à la zone. Une fois au Ministère de l’Emploi, où le garde spécial a ordonné à un sans-abri de transporter le sac-à-dos contenant la bombe, de l’entrée du bâtiment à quelques pas de là. Et une autre fois à la Bourse où la police n’a pas conseillé aux gardes d’évacuer les immeubles voisins. [...] Sans compter qu’en février 2010, lors d’une opération pour arrêter un fugitif, Marjan Kola à Vyronas, neuf balles policières ont tué un passant innocent, Nikola Todi. personne n’a alors été accusé de meurtre. Et le ministre de l’Ordre public de l’époque, Chryssochoidis avait même déclaré qu’une vie humaine avait été perdue mais que la chose la plus importante était que deux criminels avait été arrêtés.[...] Ils ont l’audace de m’accuser de tentative de meurtre, ces mêmes personnes dont la politique de génocide social est responsable de morts en masse, de 4000 suicides, de morts en raison de pénuries dans les hôpitaux, responsable du fait que les gens fouillent les poubelles pour manger, responsable de millions de chômeurs, responsable de l’appauvrissement de tout un peuple.

Vous êtes accusé de deux attaques à main armée de banques. Pensez-vous que les braquages de banques soient un acte révolutionnaire ?

Sous certaines conditions, l’expropriation d’institutions financières rapaces peut être considérée comme l’élément d’une politique d’activité révolutionnaire. Pour financer la guérilla par exemple, comme ça a été le cas à travers l’histoire. Toutes les organisations (Tupamaros, Brigades Rouges, RAF, Action Directe) ont eu recours aux braquages pour financer leurs activités. Des expropriations de banques ont été effectuées par les anarchistes espagnols comme par les bolchéviques. Même en Grèce, les rebelles de la troisième division de l’Armée Démocratique dans le Péloponèse ont réalisé des expropriations dans des agences de la Banque nationale à Kalayrita et à Amaliada en 1948 durant la guerre civile. Mais lorsque l’expropriation est un choix individuel, ce n’est qu’une profession sans lien avec l’action politique et révolutionnaire [...] Dans cette catégorie se trouve nombre de prisonniers sociaux inculpés pour braquage. Puisque ces actions ne visent pas les citoyens ordinaires, mais les institutions financières rapaces, qui sont armées, avec le droit de voler les gens, de prendre les maisons et les biens de ceux qui ne peuvent pas rembourser leurs crédits ; alors il n’y a rien de mal à ça. Avec la crise nous avons des banques, locales ou étrangères, qui sont responsables de la pauvreté et de la misère des gens. [...] Donc je ne peux rien trouver de mal dans l’expropriation de telles institutions criminelles - que ce soit dans le cadre d’une action politique révolutionnaire ou d’un choix personnel. En ce qui me concerne [...] tout ce que je peux dire, c’est que puisque j’étais dans la clandestinité je ne pouvais pas travailler comme employé. Ma survie dépendait donc forcément de ce genre d’expropriations.

Pourquoi vouliez-vous quitter avec une telle précipitation l’hôpital Evangelismos ?

Les conditions d’hospitalisation à Evangelismos vont à l’encontre de la dignité humaine. J’étais 24 heures par jour avec leur unité de contre-terrorisme cagoulée (EKAM) autour de mon lit. La lumière restait allumée 24 heures sur 24 pour des "raisons de sécurité". C’est pour des "raisons de sécurité" bien sûr que quand on est venu pour me retirer le cathéter, ils ont tenté, selon des ordres venus d’en haut comme me l’a dit un officier, de me menotter au lit. J’ai réagi en arrachant la perfusion d’antibiotiques, en disant au docteur que je n’acceptais aucune médication et que j’allais entamer une grève de la faim. Toujours pour des "raisons de sécurité", pour pisser, ils laissaient la porte de la salle de bain grande ouverte pour être en mesure contrôler chacun de mes mouvements. Et j’ai besoin d’ajouter que les tests que l’on m’a fait avant que mon bras ne soit opéré ont été effectués en présence des cagoulés de l’EKAM et que [...] juste avant l’opération j’ai remarqué que des policiers s’étaient habillés en tenue médicale pour y assister, pour des "raisons de sécurité". Dans ces circonstances j’ai préféré accélérer mon transfert vers l’hôpital de la prison de Korydallos. Laissez-moi ajouter que l’isolement m’a également été appliqué à l’hôpital de la prison, en violation du code pénitentiaire qu’ils sont soit-disant obligés d’exécuter. Pendant deux jours j’ai été enfermé dans une cellule en isolement jusqu’à ce que le directeur de la prison et le comité de direction ne décident sous quel statut j’étais détenu.
Finalement, ils ont décidé que je pouvais aller quatre heures par jour à l’extérieur de la cellule, dans un corridor dont la longueur ne dépassait pas 10 mètres et où j’avais accès à un téléphone, mais j’étais toujours en isolement puisque je ne pouvais pas entrer en contact avec d’autres prisonniers et qu’il m’était interdit d’aller dans la cour de la prison, ce que chaque prisonnier est habilité à faire.

Pensez-vous que Lutte Révolutionnaire a un pied dans la société ?

Je crois qu’une organisation révolutionnaire armée agit de telle manière qu’elle vise les problèmes des gens et de la société. Et si ses actions sont contre les oppresseurs et les exploiteurs du peuple, contre ceux qui les volent, les tuent et les rendent misérables, il est alors logique que, malgré le lavage de cerveau médiatique montrant les membres des organisations armées comme des monstres criminels et antisociaux, une grande partie de la société soutienne les actions des organisations rebelles. Parce que l’action de LR a ces caractéristiques, je crois que oui elle a un pied dans la société. Je pense que beaucoup de personnes seraient prêtes à prendre les armes [...] et à achever les bourreaux du peuple. Mais pour ceci il y a besoin d’un mouvement révolutionnaire pour les organiser.
Le fait que LR ait un pied dans la société est également prouvé par le fait que l’état a mis notre tête à prix pour 2 millions d’euros. Un pour moi et un pour Pola Roupa, ma compagne. Si l’état avait le consensus universel et avait réussi à convaincre tout le monde que notre action était dirigée contre la société et les travailleurs, alors il n’aurait pas besoin de recourir à cette lâche mesure de fatwa, à savoir un signalement rétribué. Il compterait sur le signalement volontaire, en raison du sens présumé de la responsabilité sociale. Il est vil et méprisable d’être un dénonciateur et encore plus un dénonciateur payé.[...]
Le fait que moi, Maziotis, en tant que membre de LR, j’ai pu parcourir les rues et vivre dans la société comme j’ai pu le faire lorsque j’ai été libéré en 2011 démontre quelle personne est socialement acceptable. Tout le monde nous connaissait. D’autre part, Samaras, Venizelos, Papandreou [8], les ministres du gouvernement et les membres du parlement qui ont voté les projets de loi et toutes les mesures impopulaires, ne peuvent pas marcher dans la rue sans leurs escortes armées et leurs gardes du corps [9].

Si vous aviez l’occasion d’envoyer un message à Pola, que diriez-vous ?

Je dirais que je vais bien et que j’ai bon moral, qu’il faut qu’elle reste libre pour élever notre fils et qu’en dépit de nos pertes, la lutte continue.

P.-S.

"Il est à présent possible d’envoyer des lettres (mais pas de livres) à Nikos Maziotis. Attention, s’il n’y a pas d’adresse d’expéditeur, le courrier ne sera pas délivré." (Secours Rouge)

Nikos Maziotis
Geniko Katastima Kratisis Thessalonikis
57008 Diavata, Thessaloniki
Greece

Notes

[1Lambros Foundas était un militant anarchiste, membre de LR, assassiné par la police grecque le 10 mars 2010. (voir la brève publiée alors sur Indymédia Grenoble) Pour plus d’infos, voir le texte Quelques mots sur Lambros publié par le Groupe des archives anarchistes d’Athènes, traduit par Non-Fides

[2Membre de l’organisation du 17 Novembre (17-N), groupe de lutte armée d’orientation marxiste, anti-impérialiste et actif en Grèce de 1975 à 2002. La première action de l’organisation fut de tuer le chef de la CIA en poste à Athènes, le 23 décembre 1975. Le nom de l’organisation fait référence au 17 novembre 1973, date à laquelle la dictature militaire, connue sous le nom de "régime des colonels" réprima dans le sang le mouvement populaire qui voulait sa chute, en faisant attaquer par les chars d’assaut de l’armée l’Université Polytechnique, bastion de la résistance, où étaient retranchés des milliers d’étudiants anti-dictature. Il y aura une quarantaine de morts et plus de cent blessés. La dictature tombera l’année d’après, en 1974.
Christodoulos Xiros était condamné à perpétuité pour sa participation au groupe 17-N. Le 30 décembre 2013 il bénéficiait d’une permission d’une semaine, dont il a profité pour se faire la belle et entrer en clandestinité afin, dit-il dans une vidéo, de "pointer [son] fusil de guérillero contre ceux qui volent nos vies et nos rêves pour faire du profit". (source : Secours Rouge - 21 janvier 2014)

[3La loi sur les prisons de type C a été voté au début du mois de juillet par les parlementaires grecs. Elle entérine la création de prisons de haute sécurité (type C) pour y enfermer les personnes accusées par exemple de terrorisme ou de vol en bande organisée. Les anarchistes emprisonnés en Grèce sont directement visés par cette loi qui vise à restreindre drastiquement leurs droits, notamment celui de communiquer entre eux. Cette loi entend aussi limiter le contact de ces prisonniers avec leurs proches, leur interdire l’accès au travail en taule ou encore aux cours qui permettent généralement d’obtenir des réductions de peine. Fin juin, une grève de plateau a d’abord été lancée par des prisonniers. Quelques jours plus tard le mot d’ordre de grève de la faim a été lancé dans les taules grecques, il a été suivi par près de 4500 détenus (voir le communiqué du Comité de lutte des prisons publié sur ContraInfo et des grèves de la faim de quelques jours ont eu lieu en solidarité en Allemagne ou en Suisse, de la part de prisonniers révolutionnaires.

[4Christos Kassimis était connu comme le fondateur de l’organisation armée ELA (Lutte Révolutionnaire du Peuple), active de 1975 à 1995 (ayant pour cibles fétiches les structures de l’OTAN en Grèce ainsi que les intérêts américains). Il a été abattu par la police suite à un affrontement, en 1977.
Christos Tsoutsouvis fait aussi partie des premiers membres de ELA qu’il quittera plus tard. Il meurt dans une fusillade avec la police, en 1985, au cours de laquelle trois policiers laisseront leur peau.

[5Fondée fin 1941, l’Armée Populaire de Libération Nationale (ELAS), qui regroupe les Partisans grecs, est le principal mouvement armée de la résistance à l’occupation nazie, mais aussi en partie italienne et bulgare, en Grèce. Avec à sa tête le communiste Aris Velouchiotis, l’ELAS mènera une guerre de libération aux accents de transformation sociale, puisque dès l’été 43, alors qu’elle a libéré près d’un tiers du pays, se mettent en place dans cette zone des modes de gouvernance à base de comités locaux, s’appuyant un fonctionnement de type assembléiste. La Grèce est définitivement libérée en octobre 44, avant que n’arrivent les troupes britanniques. Quand celles-ci débarquent des affrontements ne tardent pas à éclater avec les partisans de l’ELAS pour le contrôle d’Athènes. La Grande-Bretagne de Churchill, en tant que membre important des forces alliés, a clairement l’intention d’imposer ses choix en Grèce, dans le cadre du nouveau partage de l’Europe entre les vainqueurs de la seconde Guerre Mondiale. Ces affrontements sont les prémices de la guerre civile que connaîtra la Grèce de 1946 à 1949. Avant cela, en 1945, les accords de Varkyza, dans lesquels le Parti Communiste Grec (KKE) joue un rôle majeur, décident du désarmement de l’ELAS, ce qu’une partie importante de ses membres, dont Velouchiotis qui meurt peu de temps après, refuseront. Beaucoup rejoindront alors l’Armée Démocratique qui affrontera trois années durant l’armée régulière de Grèce, soutenue par la Grande-Bretagne puis les États-Unis animés par la peur de voir les communistes prendre le pouvoir en Grèce. A la fin de la guerre civile en 1949, beaucoup de partisans durent fuir le pays. La Grande-Bretagne et les États-Unis ont appuyé le retour de la monarchie parlementaire en 1945, et a été un soutien précieux des divers gouvernements, libéraux comme ultra-conservateurs, y compris du régime des colonels, dès lors que ces politiques s’inscrivaient clairement dans la ligne anti-communiste.L’anti-impérialisme prégnant des divers groupes armés grecs depuis les années 70, du 17-N à Lutte Révolutionnaire est le produit de cette histoire.

[6En Grèce, le délai maximum de détention provisoire est de 18 mois. Si une fois passé ce délai les personnes inculpées n’ont toujours pas été jugées, elles sont relâchées dans l’attente du procès. C’est ce qui est arrivé à Nikos Maziotis, Pola Roupa et Kostas Gournas. Par ailleurs, malgré des condamnations à perpétuité dans les verdicts des juges, voire des additions de peines, les condamnés à perpet’ sont généralement tous éligibles à la liberté conditionnelle au bout de 16 ou de 20 années d’enfermement. Y compris celles ou ceux qui sont condamnés à plusieurs peines de perpétuité (ça existe, c’est par exemple le cas de Christodoulos Xiros). En dessous de la perpétuité, la peine maximale est de 25 ans.

[7Début janvier 2009, un mois après l’assassinat du jeune Alexis Grigoropoulos par le policier Korkoneas, qui a provoqué un mois d’intenses émeutes à travers toute la Grèce, un commando armé de fusils d’assaut allume des policiers anti-émeute qui gardaient l’entrée du Ministère de la culture. Un des trois policiers sera grièvement blessé au cours de cette attaque revendiquée par LR.

[8L’actuel premier ministre et deux de ses prédécesseurs

[9En 1989, au lendemain d’un attentat, la presse faisait paraître un sondage qui demandait : "Si vous saviez que des membres du 17-N habitaient près de chez vous, les dénonceriez-vous ?" 77 % ont répondu non.

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