Depuis le 1er mars 2010, La Poste est devenue une entreprise privée avec l’État comme actionnaire majoritaire. C’est à dire que, comme dans toutes les autres entreprises, elle répond à une logique de profit qui favorise les pressions managériales, la dégradation des conditions de travail, la précarisation de ses employé.es. Par exemple, tout les deux ans, on assiste à une « réorganisation ». C’est à dire que la direction supprime des tournées ou les modifie, ce qui a pour conséquence d’enlever aussi des postes de travail ( des salarié.es) . Les tournées restantes sont rallongées, surchargées et payées pareil, alors que la direction fait des économies sur les salaires. Les tournées saturées sont très difficiles à terminer et les facteur.ices sont souvent obligés de faire des « frigos ». Un frigo c’est le fait de « geler » du courrier, ne pas distribuer l’intégralité de la tournée le jour même, sans avertir les cadres, et de la repartir sur la semaine. C’est une pratique de survie, d’auto-organisation, nécessaire et propre au facteur.ices. Elle sert particulièrement aux CDD et aux précaires, qui ne peuvent pas avertir les supérieurs par peur de ne pas garder leur emploi.
En effet, La Poste n’emploie que très peu de CDI (non-fonctionnaires) et brasse beaucoup d’apprentis, de CDD. Cela permet de maintenir la pression sur les employé.es et d’empêcher une cohésion (mémoire, pratique, liens amicaux…) dans le métier.
Les précaires ( CDD et apprentis ) ne peuvent pas se mobiliser pour l’amélioration de leur conditions de travail car illes ont une épée de Damoclès sur la tête. Le chantage au renouvellement est implicite. Par exemple, Adam remplace une titulaire partie en congé maternité (donc bien 6-7 mois) et ne décroche que des contrats renouvelable au mois. On ne peut pas se projeter à l’année, on est dépendant du contrat, on ne peut pas faire grève, on ne peut pas se bouger avec les autres collègues… car sinon, c’est la porte.
Autre exemple, celui des heures sup’ : il n’est pas rare de ne pas se faire payer ses heures supplémentaires, ou sinon il faut batailler durant des mois pour obtenir le salaire dû.
Ce jeudi 09 juin, une factrice, Solange, passe en conseil de discipline pour une histoire de courrier pas distribué. Son fils, Adam, employé en CDD, renouvelé au mois, n’a pas distribué quelques bottes de courrier, soit 1100 plis sur 12 jours.
Au lieu de s’interroger sur les réelles causes de la non-distribution du courrier, La Poste préfère évincer Adam, le CDD ( mise à pied et non-renouvellement du contrat ), mettre à pied Eve (une autre CDD proche d’Adam) et menacer de licencier Solange, en CDI depuis 12 ans et la mettre à pied également.
Le fait d’étouffer l’affaire avec le CDD permet de ne pas se questionner sur les conditions de travail de plus en plus précaires.. Licencier un CDI permet alors à La Poste de réembaucher derrière un ou plusieurs CDD, précarisant de plus en plus les emplois à La Poste… un joli cercle vicieux pour les travailleur.euses, mais vertueux pour la direction et les actionnaires.
Non contente de mettre en jeu trois personnes, la directrice d’établissement s’en sert d’exemple pour menacer les grévistes d’un autre bureau de Toulouse.
Il est nécessaire de s’organiser entre travailleur.euses, précaires ou autres. Il y a un enjeu à soutenir ces personnes, d’établir des rapports de force face aux directions et de collectiviser nos luttes. La loi Travail n’est qu’une étape de plus vers la précarisation des emplois et la dégradation des conditions de travail.
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