Le fascisme au Portugal de nos jours

Petit aperçu des tendances fascisantes sur l’échiquier politique portugais

Longtemps passé pour une exception sur le continent européen, à tort ou à raison, le Portugal doit faire face depuis quelque temps à l’émergence de groupes fascisants.

Le Parti National Rénovateur

Quand Bolsonaro fut élu président du Brésil fin 2018, un petit parti portugais appelé Parti National Rénovateur a été l’un des premiers à le féliciter de son succès par la voix de son président, José Pinto Coelho. Fondé en 2000, le PNR est l’agrégat de membres appartenant à plusieurs organisations d’extrême droite aujourd’hui dissoutes. Aucune surprise dans leur CV. On retrouve pêle-mêle des délits de port d’arme, divers procès pour apologie du fascisme, des condamnations pour racisme, jusqu’aux assassinats d’un dirigeant du parti socialiste révolutionnaire et d’un immigrant cap-verdien. Pas de surprise non plus côté programme, on reste sur du classique : haine du socialisme et du néolibéralisme, du syndicalisme "partisan" et des grèves, défense de la natalité et de la famille, rejet de l’immigration, demande du renforcement de la répression et des forces armées, dénonciation du régime actuel et exaltation du passé du Portugal. Rien de neuf sous le béret, donc. Et si, par hasard, on n’avait pas compris, Pinto Coelho rendit hommage en janvier 2019 aux soldats qui luttèrent contre l’indépendance des colonies africaines entre 1960 et 1970 ainsi qu’à son gourou, Salazar.
Le PNR a des relations avec d’autres formations européennes d’extrême droite telle que le Rassemblement national ou le Parti de la Liberté autrichien, entre autres. Même si l’impact au niveau électoral est nul sur la scène politique portugaise, on note tout de même un relatif accroissement du nombre de votes depuis sa fondation culminant à 27 000 aux législatives de 2015 et 16 000 aux européennes de 2019.

Chega

Mais le PNR n’est pas le seul parti d’extrême droite. L’année passée a vu l’arrivée d’un nouveau venu à l’ascension plus rapide que les autres, Chega (pour "ça suffit !"). Six mois après, son leader, André Ventura, transfuge du parti social-démocrate (PSD, plutôt de droite et affilié aux Partis populaires européens) est élu au parlement.
A l’inverse du PNR, Chega ne se présente pas comme radicalement fasciste, mais le rejoint sur la majorité des points : dénonciation de l’actuelle constitution portugaise comme étant d’orientation “marxiste”, appui des politiques anti-immigration et durcissement des peines. Économiquement Chega navigue sur un programme clairement néolibéral. Aux dernières élections européennes, Chega participa à la coalition Basta !, composée du Parti Populaire monarchiste et du Parti citoyen et Démocrate Chrétien.

Quelques pistes de réflexion sur l’origine

Au Portugal la croissance du fascisme tire ses origines de la crise capitaliste de 2008. Le Portugal fut l’un des pays les plus affectés, le conduisant quasiment à la banqueroute. La troika (FMI, BCE et Commission européenne) imposa un régime brutal d’exploitation des travailleurs portugais et de la petite bourgeoisie. Ceci eu pour résultat une explosion sociale et une intensification de la polarisation politique, désintégrant les partis traditionnels et radicalisant les positionnements à gauche (émergence du PCP et du Bloco) et à droite avec l’apparition du PNR et de Chega.
Au delà de ces partis, d’autres organisations d’extrême droite se sont multipliées ces dernières années come Movimento Nacional Socialista, Nova Ordem Social, Portugueses Primeiro, Nova Portugalidade, Lisboa Nossa, Escudo Identitário et Misanthropic Division Portugal. Ils s’appuient principalement sur la jeunesse des classes moyenne et haute et se positionnent sur les mêmes thèmes.

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