Lutte écologiste et libération de la Palestine : un lien indissoluble

Vendredi 9 février, plusieurs dizaines de personnes ont participé à la soirée organisée par Extinction Rebellion en soutien au peuple palestinien. Aux côtés de l’AFPS et Solidarité Palestine Toulouse, le Collectif Palestine Vaincra a participé à une table ronde « Colonialisme et génocide en Palestine : comment agir ici pour soutenir les luttes anticolonialistes et émancipatrices ? »

Nous retranscrivons ci-dessous une version adaptée de notre intervention :

Bonjour à toutes et tous,

Je vais intervenir au nom du Collectif Palestine Vaincra et je voudrais remercier Extinction Rebellion pour son invitation à cette initiative. Tout d’abord, je voudrais revenir sur la situation en Palestine occupée et souligner une nouvelle fois que le peuple palestinien fait face à une colonisation de peuplement depuis 75 ans. C’est-à-dire un type distinct de colonialisme qui fonctionne par le remplacement des populations autochtones par une société de colons qui, au fil du temps, développe sa propre identité et sa propre souveraineté. C’est le cas en Palestine occupée, mais aussi aux États-Unis d’Amérique, au Canada, en Australie ou encore en Algérie, avant que la résistance du peuple algérien arrive à vaincre le colonialisme français.

Ce qu’il est important de comprendre également, c’est que le colonialisme est fondamentalement, principiellement, écocide dans sa nature, car il a comme principaux objectifs d’exploiter et de piller la nature. En ce sens, les luttes contre le colonialisme sont des luttes pour la terre et sa sauvegarde. C’est pour cela qu’il est fondamental de comprendre que les luttes écologistes et anticolonialistes ont une communauté d’objectifs. Dès le début de la colonisation sioniste de la Palestine, les forces coloniales ont volé les terres les plus fertiles, détourné les principales ressources en eau, importé des plantes et des semences exogènes à la Palestine, etc. En mai 1948, les arbres indigènes (comme les chênes et les caroubes) et les cultures agricoles (olives, figues et amandes) étaient systématiquement déracinés et remplacés par des pins européens qui ont nui à la biodiversité et à l’environnement local.

L’occupation de la Cisjordanie et de Gaza en 1967 a ouvert des possibilités aux industries israéliennes. Nombre des plus grandes entreprises polluantes ont déménagé en Cisjordanie et ont reçu un soutien de l’État pour le faire. Cette politique a entraîné une perte considérable de la biodiversité dans les territoires palestiniens. Par exemple, l’État sioniste a détourné les eaux de la vallée du Jourdain ou a remplacé les arbres entourant des villages palestiniens par des monocultures. Plus récemment, le mur et les routes de l’apartheid en Cisjordanie entravent les activités humaines et les mouvements d’animaux, entraînant une perte de la biodiversité. Un des nombreux exemples de cette politique est la gestion des sangliers en Cisjordanie occupée entretenue par le projet de colonisation de peuplement. La perte de biodiversité nuit de manière irréversible au patrimoine culturel et naturel de la Palestine, à l’agriculture des Palestiniens tout comme à la préservation de l’environnement.

Un autre exemple flagrant est la politique du KKL (Fond National Juif), une organisation sioniste créée en 1901 et qui a participé au nettoyage ethnique de la Nakba de 1948, et a depuis planté plus de 24 millions d’arbres couvrant plus de 250 000 acres de terres dans le pays comme outil de colonisation et de greenwashing. Contre cette politique, les Palestiniens du Naqab continuent de résister.

Enfin, la situation du génocide à Gaza est dramatique de manière multidimensionnelle et notamment d’un point de vue écologique et sanitaire. En plus du bilan humain dramatique, l’eau, les sols et l’air sont pollués par près de 4 mois de bombardements intensifs, spécifiquement de produits hautement toxiques comme le phosphore blanc. Selon un rapport de l’ONU du 2 janvier 2024, on comptait à Gaza 179 000 cas d’infections respiratoires aiguës, 136 400 cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans, 55 400 cas de gale et de poux et 4 600 cas de jaunisse.
Aujourd’hui, on se demande comment agir ici pour soutenir les luttes anticolonialistes et émancipatrices. Déjà, nous devons souligner que nos luttes ici ne sont pas séparées des luttes là-bas. En ce sens, on a trouvé extrêmement positif un slogan comme « L’A69 tombera, Palestine vaincra » qu’on a vu fleurir ces derniers mois, car justement, il mettait en avant ce lien. Un lien qui est évident quand on voit la situation actuelle à Gaza. Si depuis quatre mois un génocide a littéralement lieu sous nos yeux, c’est qu’Israël est soutenu par l’impérialisme occidental. Il le soutient comme son prolongement organique dans la région, son représentant, en d’autre terme son chien de garde. Cela s’illustre de multiples manières, mais notamment par le soutien politique, économique et militaires de puissances comme la France ou les USA même s’il est de nature différente en fonction des États et de leurs intérêts. Ici, le gouvernement français soutient par ses exportations d’armes, ses accords commerciaux, son soutien politique. Des entreprises françaises participent comme Carrefour qui s’implante en Palestine occupée depuis 2022 ou Thalès qui collabore avec le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems pour fabriquer des drones. C’est pourquoi nous pensons qu’il est fondamental de lutter contre ces complicités quand on soutient la lutte du peuple palestinien. Cela passe par des campagnes de boycott, des actions comme celle que des activistes ont organisé mercredi dernier devant Thalès mais aussi en liant les luttes sociales ici à une perspective anti-impérialiste.

Les luttes que nous menons ici, contre l’A69, pour la justice sociale, sont autant de mobilisations qui affaiblissent un allié stratégique d’Israël. Et donc soutiennent le peuple palestinien dans sa lutte pour la libération de sa terre, la terre de Palestine, de la mer au Jourdain.

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