Nous devons organiser l’autodéfense collective

Depuis quelques semaines, les fafs s’en prennent sans cesse au mouvement social. Parmi les charges récentes, Nemesis et ses chevaliers lors de la manif Nous Toutes à Paris le 22 novembre. Gazeuses, coups de ceinture, gants coqués. Ces tentatives d’intimidation vont se reproduire. Quelles réponses pouvons nous apporter ?

L’accélération de la violence des fascistes n’est pas étrangère à l’élection présidentielle, forcément catalyseur politique, et à la surreprésentation dans la campagne des candidats et idées d’extrême droite, la preuve de relais puissants, de moyens financiers et matériels, d’autant qu’il n’y a pas de différence profonde de nature entre extrême droite institutionnelle et extrême droite radicale, simplement des variations de doctrine stratégique. Les uns et les autres se tolèrent d’ailleurs très bien. Comme l’explique l’AFA Valence sur son compte Twitter, en réaction à une attaque avant hier : “Les extrêmes droites locales se sont recomposées autour de la campagne d’Eric Zemmour ces dernières semaines, et pour les citer « ça commence maintenant »”.

Zemmour est une comète et donc les groupuscules nationalistes sont sa traînée. Si vous me permettez de filer cette métaphore, les bouts de météore s’arrachent pour nous tomber sur le coin du nez. Pour éviter les dégâts durables sur nos structures et nos camarades, pour éviter de devoir se retrancher et se couper de la population, il nous faut une atmosphère protectrice. Il nous faut développer une autodéfense intégrée à nos organisations, c’est-à-dire de refuser de se reposer entièrement sur des spécialistes peu nombreux, pas invincibles et pas toujours disponibles, les groupes antifascistes et les services d’ordre. Chaque militant a la responsabilité d’assurer la sécurité des actions, chaque organisation a la responsabilité d’assurer la sécurité de ses militants. Il est donc de la responsabilité de tous de se doter des moyens physiques et des compétences techniques pour mener à bien cet objectif. Le refus de se lancer, c’est mettre en danger tout le monde.

Alors que les batailles s’accumulent, il y a de quoi être atterré par le manque de précautions dans les événements. Par exemple, le 18 novembre, au meeting toulousain d’Anasse Kazib, candidat à la présidentielle largement menacé sur les réseaux, 350 spectateurs pour moins apparemment d’une dizaine de personnes affectés à la sécurité alors que les fafs du coin ont attaqué la manif antipass mi septembre avec une cinquantaine de types armés, laissant vingt cinq blessés. A l’entrée, les sacs sont mal fouillés. Aucun dispositif de cordon extérieur conséquent. Une seule personne au bord de l’estrade où les intervenants s’expriment. L’insouciance et l’amateurisme, c’est mettre en danger tout le monde.

Pour la pratique, je trouve intéressant de s’inspirer de ce qui a été fait dans des circonstances similaires. Je cite Tenir la Rue : l’autodéfense socialiste (1929-1938) de Matthias Bouchenot (Editions Libertalia, 2014), qui nous dit que “ la formation des membres de l’autodéfense socialiste se résume en trois points : la préparation physique, aux travers de pratiques sportives ou de méthodes simples de combat ; l’apprentissage du maniement des armes de poings pour les sixainiers [pour les cadres et dans notre cas bâtons, gazeuses, etc.] ; et l’enseignement de tactiques de défense et de combat de rue. La préparation de l’autodéfense socialiste passe enfin par un travail de renseignement sur ses ennemis ” (p. 195). Si le troisième point est plutôt maîtrisé, les deux premiers nous font clairement défauts. A charge pour les individus et leurs orgas d’y remédier, ce n’est pas une fatalité. C’est un besoin pressant ceci dit.

Quel peut être le rôle des groupes antifascistes autonomes dans cette logique ? Saluons le communiqué de l’AFA Tolosa disponible sur leur instagram : “(...) nous revendiquons la nécessité d’un mouvement ancré et dynamique, nous croyons en l’autodéfense populaire comme forme de détermination et de résistance (...). Concretement, cela signifie pour nous qu’il faut s’organiser en groupes et nous former à la fois physiquement, aux sports de combat et aux situations conflictuelles dans la rue (...). Nous proposons ainsi à nos membres et sympathisants des entrainements de préparation individuelle et collective, de faire des moments de formation politique et stratégique (...)”.

J’aimerai aussi ajouter que les actions contre des personnalités comme Usul ou Raphaël Arnault, contre des librairies et des associations engagées par exemple à Lyon, les attaques de cortège à Montpellier ou à Toulouse, les agressions contre des militants de la CNT à Amiens, de Sud-Rail à Paris, de la CGT à Albi montrent bien que rien ni personne n’est vraiment à l’abri, que l’extrême droite entend venir nous disputer nos espaces habituels.

Il n’échappera pas au lecteur que ce texte est très fragmentaire et ne répond pas à toutes les problématiques autour de l’autodéfense collective. J’avoue qu’il s’agit au mieux d’une ébauche, mais la succession de blessés dans nos rangs impose de proposer des pistes de réflexion sans délai.

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