La « campagne antiracisme et solidarité » a débuté le 18 décembre dernier et s’achève avec la manif du 19 mars historiquement organisée par les EGM (Etats Généraux de la Migration) et surtout la LDH à Toulouse, alors que dans d’autres villes ce sont des familles de victimes de violences policières qui l’organisent. Le programme claque ! Débat en table ronde, soirée concert avec musique kabyle, rap, tournoi de foot dans un quartier populaire, partenariat avec différentes organisations... Mais voilà, il y a comme un malaise. Un sentiment de se faire utiliser, instrumentaliser, approprier nos luttes.
Pourquoi organiser un « week-end antiraciste » et utiliser une image du Black Panther Party comme visuel alors que les principales organisatrices sont blanches ? Ça choquerait si un groupe d’hommes cis organisaient un « week-end féministe », non ?
Rien qu’à travers la forme il y a un vrai problème de positionnement et d’appropriation. Les modalités d’organisation sont en revanche, elles, bien positionnées du côté blanc : être productiviste dans le militantisme quitte à être hors sol, absolument faire parce que sinon il n’y a « rien qui se passe », ne pas penser que ses choix stratégiques et ses alliances sont positionnés, etc.
La convergence des luttes n’est pas faire converger les luttes antiracistes autour d’un agenda militant et d’une temporalité de personnes blanches. La campagne nationale est tenue par des personnes racisées mais localement à Toulouse elle ne l’est pas. Ce sont des personnes blanches qui s’en sont saisies, qui ont décidé des événements, des alliances, des stratégies. La convergence des luttes ce n’est pas organiser un « week-end antiraciste » selon les modalités et les alliances décidées par des blanches ou mettre des personnes racisées pour chanter, faire la cuisine, faire du foot ou tenir une banderole de tête parce que ça fait joli sur la photo.
Nous n’avons pas les mêmes temporalités, les mêmes agendas, les mêmes alliances, les mêmes modalités de luttes, les mêmes manières de s’organiser, les mêmes stratégies, les mêmes ressources, la même crédibilité, ni le même temps à consacrer à la lutte. Et pourtant nous luttons tous les jours. Alors c’est bien beau de vouloir combattre le racisme en luttant à notre place, en nous disant quoi faire, quand prendre la photo, où aller jouer au foot et avec qui s’organiser mais il nous semble qu’une des constantes des luttes antiracistes et minoritaires en général c’est leur autonomie. Laissez les premièrEs concernéEs décider de leurs propres modalités de lutte !
FièrEs de nos races, fièrEs de nos racines
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