Aujourd’hui, se balader dans les rues de Toulouse sans se faire harceler par ces innombrables panneaux relève de l’impossible.
C’est un fait, dans l’espace public, il n’est pas possible de changer de chaîne de télévision, de station de radio, d’activer son bloqueur de publicité ou encore de coller un autocollant "stop-pub" sur sa boîte aux lettres. Dans la rue, le fond de commerce des publicitaires, c’est la contrainte.
Cependant, lors du dernier procès antipub qui s’était déroulé à Toulouse, une solution avait été proposée par le procureur au militant alors accusé : "Mais monsieur, si cela ne vous convient pas, pourquoi n’allez-vous pas vivre à la campagne ?". La voilà la solution : lâcher encore un peu plus de terrain à leur logique libérale pour aller se réfugier dans les quelques îlots de liberté restants... et encore, pour combien de temps ?
Il existe pourtant une alternative et il serait urgent qu’elle soit prise en compte : la reconnaissance du droit de (non) récéption. Corollaire de la liberté d’expression, il s’agit de garantir, pour tous, le droit de choisir où et quand nous souhaitons accéder à de l’information publicitaire. Ceci afin d’avoir la possibilité de se protéger de son influence et des multiples risques auxquels elle nous expose.
La liste est longue et non exhaustive : surcharge cognitive, développement des stéréotypes, atteintes à la dignité de la femme, homogénéisation des modèles socio-culturels, apologie de comportements irrespondables et individualistes, entretien convoitise et frustration, culte de la perfection physique et d’une éternelle jeunesse, mauvaise alimentation, anorexie, obésité, stress, comportement violent, incitation à la surconsommation, au gaspillage, à la pollution, pollution paysagère et du cadre de vie, son caractère anti-démocratique met à mal l’indépendance des médias ainsi que certaines attributions des maires et des prefets (bel exemple : les baches illégales "Euro 2016" sur la mairie du Capitole en ce moment), augmente les risques d’accidents de la route (en attirants les regards des automobilistes), surendettements, renforce les inégalités, fausse la concurrence et accentue la concentration de marché.
Si aujourd’hui la publicité est reconnue intrusive par une grande majorité de la population et que ses effets nocifs sont reconnus par la communauté scientifique, elle n’en reste pas moins défendu par la justice.
Néanmoins, quelques juges ont déjà, par le passé, été sensibles aux arguments des militants antipub. Le 25 mars 2013, le collectif des déboulonneurs de Paris avait obtenu une relaxe pour "état de nécessité". Par cette décision le tribunal de Paris reconnaissait deux choses : d’une part que le danger sanitaire que fait peser la publicité sur la société est immédiat et important, d’autre part qu’il existe un dysfonctionnement dans notre démocratie et que les méthodes classiques d’interpellation des pouvoirs politiques sont inopérantes.
Dans la pratique, les conditions nécéssaires pour une relaxe au motif de l’état de nécessité sont les suivantes :
- reconnaître l’imminence du danger,
- la nécéssité de l’acte (soit le fait qu’il n’y ait pas de meilleure solution, pour éviter le danger, que de commettre l’infraction),
- la proportionnalité de l’acte.
C’est ici la principale question à laquelle devra répondre la cour mardi prochain lors du procès de Johan : "Est-ce que le fait d’arracher 15 affiches en papier est un acte disproportionné en comparaison du nombre de dangers auxquels elle nous expose ?"
Pour faire masse devant le tribunal et ainsi exprimer notre dégoût pour ce médium, rendez-vous :
mardi 31 mai, jour du procès, à 12h, devant la Halle aux grains pour un pique-nique de soutien, avant de se rassembler devant le Tribunal d’Instance (40 avenue Camille Pujol, attention pas le TGI !)
Pour que nos prochains soient épargnés par les formatages dont nous avons été et sommes victimes.
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