Pour lire l’article directement sur notre blog
L’amphi de la fac initialement prévu pour les accueillir ayant été pris pour cible par des individu-es énervé-es (merci), la conférence s’est redirigée vers les locaux du PCF, encadrée par un service d’ordre de 5 gros bras (moins merci). Un point pour le PCF : leur amphi était non-grossophobe selon les dires de camarades, et plutôt cosy.
Pendant les 10 premières minutes, une étudiante de l’UEC et une fâmme du Nid ont semé la confusion dans le public à coups de slides chiantes comme la pluie. Volontairement, elles ne distinguaient pas les notions de traffic d’humains, de détournement de mineurs, de pornographie et de prostitution, se disant pour l’abolition de tout et rien à la fois. Le cap était pas clair.
Nous avons été plusieurs dans le public à décider d’intervenir pour mettre fin à ce calvaire. Sur un fond de Mylène Farmer sorti d’on-ne-sait-où, des personnes ont demandé pourquoi ce n’étaient pas les “survivantes” ou des TDS sur le devant de la scène. Elles ont expliqué être plusieurs TDS dans le public et vouloir avoir la parole à égalité. En bonnes gourous, les fâmmes du Nid ont botté en touche avec mépris du haut de leur estrade, sans remettre en question leur place centrale de non-concernées, payées à déblatérer des absurdités. Echec.
D’autres personnes dans l’assistance ont aussi demandé d’où venaient les (trop nombreux) chiffres présentés. Réponse : de sondages « pas biaisés du tout » créés par le Mouvement et l’Amicale du Nid, ou bien provenant du ministère de l’Intérieur lui-même, avec anciennement à sa tête le féministe invétéré Gégé Darmaninp. Autre exemple du sérieux du Nid : une intervenante a fait la démonstration d’un raisonnement plus qu’objectif. Lors de la présentation d’un résultat de sondage à hauteur de 30%, l’intervenante faisant appel au sens logique du public ajoute « quand même, rendez vous compte : il suffit d’ajouter 20 et on est à 50% !!! ». Stupeur et tremblement dans la salle, les spectateurs émus par cet argumentaire arithmétique sans faille. E=M67
Bref, ça nous a soulé donc on a commencé à leur dire chut et tous les gens du public pas super convaincus criaient des trucs à tout va. Sincèrement, comment discuter avec le Nid ? Avec leurs discours alarmistes, leurs chiffres « implacables » et leur position de sachantes, elles dissimulent de force les vécus des concernées. Elles cachent le fait que leurs actions alimentent des politiques coloniales et misogynes en triant les personnes suffisamment dignes pour obtenir des papiers et des droits (pas les TDS évidemment). Elles attisent un imaginaire raciste notamment, en utilisant le « proxénétisme » à tout va, même pour décrire de l’entraide et du soutien entre personnes TDS (étrangères ou non d’ailleurs). Elles créent des images horribles autours de la prostitution, en ne rappelant jamais que les violences sexuelles peuvent survenir dans n’importe quel contexte hétérosexuel. Franchement quelle meuf ne s’est jamais sentie obligée de faire du sexe avec un mec parce qu’il lui a payé un resto, qu’il l’a invitée à rester dormir ? Tout ça on leur a dit mais évidemment elles s’en fichaient royalement.
Sortie de route : une intervenante de l’UEC a tout de même avoué qu’elle avait pensé à se prostituer pour sortir de la précarité, car en tant que salariée de la fac, elle ne touche plus de salaire depuis novembre (omg le problème ne serait donc pas le travail du sexe mais bien le PATRONAT pour reprendre le vocabulaire de nos hôtes de la soirée <3). Quand une camarade pute a gentiment proposé de lui donner des conseils pour faire ça dans un cadre sécurisant, elle l’a traitée de proxénète « vous voulez me prostituer de force ??? ». Ouin-ouinades et white women tears. Un peu drôle, mais violent de jouer avec des vécus qui ne sont pas les siens pour se victimiser.
Le seul moment de la conférence à saluer est l’opportunité donnée à d’anciennes TDS de s’exprimer pendant 1m15 de podcast préenregistré (faudrait pas que ça prenne trop de place), sur fond de musique mélodramatique. Le Nid, qui prétend accompagner TOUTES les prostituées, a refusé d’expliquer pourquoi ne pas donner la parole à d’autre vécus TDS, plus positifs. A ce stade, on le voit clairement : ces meufs ne sont intéressées que par des TDS ou ex-TDS sur lesquelles elles peuvent exercer leur pouvoir. QUE FAIT LA MIDILUVES ?
Faut savoir que tout ça s’est déroulé devant une “survivante” assise au second rang de la tribune, que personne n’a présentée et qui a fini par se barrer. Force à toi meuf, force pour le jour où tu te rendras compte que le Nid t’utilise pour se rassurer que son combat est bon, que tu n’es pour cette secte qu’une preuve vivante qui justifie leurs chiffres. Qu’en utilisant tes traumas pour se battre contre les TDS plutôt qu’alimenter des outils d’autodéfense et d’éducation populaire, elles te retraumatisent en permanence. Tous les chiffres et sondages déshumanisants ne provenaient pas de notre côté de la salle mais bien des personnes qui t’entouraient. À cela on tenait à te dire qu’en effet : tu n’es pas qu’un chiffre, et bravo pour ton courage d’avoir pris le chemin qui te convient le mieux et d’en parler.
Pour finir en beauté et ajouter à la violence, le Nid s’est lancé dans une explication plus que foireuse des « traumatismes » qui mènent à la prostitution. Elles ont osé mentionner l’inceste et les violences sexuelles vécues dans l’enfance. DEGUEULASSE, à vomir. Littéralement, puisque certaines camarades putes n’ont pas tenu et sont parties dans les couloirs pour souffler un coup, nez-à-nez avec la sécu. En discutant, iels ont cependant réussi à retourner des membres du PCF qui, outré-es, ont fini par proposer de les escorter pour reprendre le micro aux abolitionnistes à la tribune. Un peu la flemme à ce stade, puisque la salle était trop dissipée et les intervenantes humiliantes et dégradantes, en rage de ne pas pouvoir être confusionnistes en paix. Peut-être que nos nouveaux alliés auront le courage de porter un discours plus complexe sur le TDS, pour faire bouger les lignes du Parti ? Ou de booker leur « premier » rendez-vous tarifé, on ne sait pas de quoi est faite la lutte finale.
La conférence s’est terminée en eau de boudin, tout le monde avait l’air saoulé‧e. On est plein du public à avoir eu des discussions à la sortie. La majorité du public semblait très confuse de ce qu’elle venait d’entendre. Pas vraiment convaincue par les mensonges du Nid, conscient‧es d’avoir été pris pour des con-nes, frustré‧es de ne pas avoir pu écouter une vraie discussion avec des points de vue variés. La prochaine fois, dites à vos copains coco d’inviter les concerné‧es, « survivant‧es » ET TDS, pour parler de comment on sort de la précarité et on nique les systèmes de domination ! Là on discutera volontiers 🙂
Bravo à tous les gens qui se sont déter pour ne laisser aucune place à la putophobie !!!
Brassé-es de culpabilité de ne pas avoir fait de pédagogie aux abolos et leurs soutiens ce soir-là, on remet ici le lien vers un texte déjà publié qui explique pourquoi le mouvement du Nid et ses soutiens ne sont pas féministes.
complements article
Proposer un complément d'info