L’action directe : histoire d’un concept
L’action directe, théorisée comme concept politique et outil de lutte, est principalement issue des milieux anarcho-syndicalistes ou syndicalistes révolutionnaires de la fin du 19ème siècle en Europe. Elle peut être définie de plusieurs manières en fonction des auteur·rices mais une des idées centrales est celle d’agir par soi-même dans un cadre de luttes sociales, c’est-à-dire sans passer par la délégation de pouvoir, sans intermédiaire, en fonction de ses propres moyens, pour porter des revendications collectives.
L’idée d’agir sans délégation renvoie au refus de toute forme de représentation politique et de processus parlementaire, et le fait de refuser tout intermédiaire postule une autonomie politique et le refus de toute personne interposée (organisation, porte-parole, leader,..). Le critère des moyens propres suppose quant à lui d’agir par les seuls moyens de l’individu ou du groupement en question et non en fonction de l’avis, du soutien ou de l’autorisation de forces extérieures (État, médias, organisations…).
On retrouve un principe basé sur l’idée d’autodétermination politique, dont le contenu est par définition inépuisable et dont la force est de ne pas se refuser de modes d’action a priori. Partant de l’idée que le collectif en question est le seul à même de juger, collectivement et en situation, des moyens de luttes adaptés à ses différents objectifs et ses finalités, il s’agit de faire un choix sans que la question de la légalité (légal ou illégal) ou de la morale dominante (bien ou mal) ne soient des critères préalables.
Ainsi, une action directe pourra aussi bien être légale (faire de l’auto-média, des cantines de luttes, de l’anti-répression..) qu’illégale (occuper un lieu, faire des auto-réductions, une manifestation non déclarée,...), offensive (saboter des machines de chantier, une banque,…) que non-offensive ou « non violente » (faire grève, bloquer des ronds-points, des entrepôts,…), l’essentiel étant que le choix découle d’un raisonnement collectif éthique et pragmatique [2].
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