La pollution de l’air nous rend malade. En effet, depuis la révolution industrielle l’humain ne cesse d’extraire de la matière des sols et des sous-sols pour la brûler et créer de l’énergie, de la chaleur ou du capital. Malgré les nombreuses alertes et rapports des scientifiques, les décideurs continuent d’alimenter ce système d’extraction des ressources au détriment de la vie de centaines de milliers de personnes.

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Un État, des lieux macabres

La pollution de l’air se matérialise par une multitude de particules souvent invisibles à l’œil nu flottant dans l’air. L’inhalation de ces particules et leur arrivée dans notre organisme est la source de maladie cardio-vasculaire, d’AVC, de cancer du poumon ou d’apparition de maladies respiratoires.

D’après un rapport publié par l’Agence Européenne pour l’Environnement les particules fines étaient responsables en 2018 de la mort prématurée de 417 000 européen.nes. [1] Santé Publique France estime les morts françaises dues à la pollution de l’air à une moyenne de 40 000 par an. [2]

Mais attention, comme d’habitude les chiffres sont à prendre avec des pincettes. Surtout ceux validés par l’Union Européenne historiquement connue pour ses traités ultra-libéraux propices à la mort de tous les êtres vivants sauf les riches.

Début 2021 une nouvelle étude de plusieurs universités dont Harvard University College de Londres publient des chiffres plus de deux fois supérieur à ceux validés par l’UE. On arrive à 97 242 français.es de plus de 14 ans mort.es prématurément tous les ans. [3]

L’Europe et le gouvernement : grosses merdes

Pour faire face à ce sujet de santé public massif, l’UE met en place des directives et des seuils de pollution à ne pas dépasser. Malgré le fait que les seuils fixés par l’Europe soient plus hauts que ceux proposés par l’OMS, ils sont régulièrement dépassés dans de nombreuses villes françaises [4].

Excepté la mise en place de ces seuils et la mesure régulière de la pollution atmosphérique de certains lieux, l’Europe n’a pas imposé à ses états membres d’actions à mettre en œuvre pour lutter contre cette pollution, seulement des résultats. En France, suite à l’inaction des gouvernements successifs, chaque année depuis 2005 ces seuils sont dépassés expliquant la mort de dizaines de milliers de français. [5]

Mais ne vous inquiétez pas la ZFE arrive pour nous sauver la vie.

ZFE c’est quoi cette merde ?

La ZFE (Zone à Faible Emission) c’est la solution baguette magique des politicards pour réduire la pollution de l’air meurtrière. L’idée de base est bonne : enlever les émissions de polluants dans les zones fortement peuplées. Dans notre réalité ça donne autre chose.

Crit’air la vignette qui défie la logique

Pour déterminer quel véhicule pollue plus qu’un autre l’État met en place un arrêté fixant des vignettes Crit’air allant de 1 à 5. Sur le papier plus vous êtes proche de 1 moins votre véhicule pollue, si vous êtes proche de 5 vous êtes un méchant pollueur qui ferait mieux d’aller s’acheter une nouvelle caisse.

Ce qui détermine la couleur de votre vignette c’est soit l’année d’immatriculation de votre véhicule soit, s’il en a une, sa Norme Euro qui est une limite max de polluant rejetés autorisés pour les véhicules neufs.

Concrètement ça veut dire qu’un.e cadre dynamique qui paie son abonnement à Indigo Vinci Parking pour garer son SUV Peugeot 2008 devant chez ellui au Chalet et qui va au travail avec son 4x4 tous les jours aura une vignette Crit’air 1 couleur mauve comme les violettes alors qu’un.e prolo lambda avec sa twingo diesel de 97 qui habite en périphérie et qui utilise ellui aussi tous les jours sa caisse pour bosser aura une vignette Crit’air 5 couleur marron comme le caca et sera donc interdit de venir nous polluer le centre-ville.

C’est validé par les pollueurs

Comme d’habitude ça vaudrait le coup de creuser un peu les normes « objectives » qui font les vignettes Crit’air. Ces indicateurs sont des seuils, la Norme Euro ou le WLTP (acronyme : on s’en tape), ils sont cités comme des bases solides par les décieur.euses pour justifier leurs nouvelles politiques. Mais, comme nous le savons, pour élaborer ces normes les puissants activent leurs pouvoirs et les industriels leurs armées de lobbyistes dans un but unique : continuer à vendre leur merde sans qu’on les fasse chier.

On pourrait remettre en question la logique de seuil qui ne prend pas en compte les facteurs de pollutions croisés, qui ne sont même pas fixés au même taux si on est l’OMS ou l’UE. On pourrait aussi questionner notre confiance envers les riches fabricants de voitures qui après avoir truqué des moteurs dans le scandale du DieselGate [6] continuent de tricher en gonflant leurs chiffres d’émission de CO2 par voiture neuve pour ce faire moins chier par la suite quand l’UE leur demandera de baisser les émissions de leurs véhicules. [7]

Ce qu’on constate en tout cas c’est que même avec des millions de morts humaines et sans parler de la mort des autres animaux, on ne remet jamais en question l’usage et la production de la voiture individuelle.

Prendre la rocade pour contourner les riches

Pour sauver la planète Toulouse aka les génies de l’écologie urbaine ont donc décidé de progressivement dégager les vielles voitures du centre-ville. Sur le site de la Mairie on peut lire : « Effet immédiat attendu : une baisse des émissions de polluants dans les zones les plus peuplées (420 000 habitants vivent dans ce périmètre). ».

Autre effet immédiat pas annoncé mais bien attendu : une intensification du trafic sur le périphérique. On déplace le problème pour qu’il tourne autour des 420 000 gens. Il touchera donc plus intensément les habitant.es de la périphérie loin des bourgeois des quartiers chics.

En plus de créer des bouchons la ZFE va construire une nouvelle barrière entre le centre-ville et la banlieue, le message est clair : les voitures qui puent du cul c’est plus loin.

Incitation à la consommation, désastre écologique

Une fois que les prolos auront réalisé.es qu’ielles ne peuvent plus aller au boulot en caisse, la seule solution qui leur reste c’est de la jeter et de s’endetter pour en acheter une nouvelle. Là par contre l’État à tout prévu : prime à la casse avec gros chèques pour acheter des voitures élec. C’est connu les smicards on que ça à foutre de changer de voiture en s’endettant pendant 15 ans alors que leur vielle voiture marche très bien.

En plus d’obliger les plus pauvres à payer encore et toujours plus, cette solution est un désastre écologique. Spoiler alert : acheter une voiture neuve c’est pas écolo, même si elle a une étiquette verte A+ collé sur la portière. La construction de millions de voitures dans le monde est à l’origine d’une importante pollution de l’air, de l’eau, des sols et détruit des hectares d’habitats naturels. [8]
Quand on réfléchit aux enjeux actuels que sont le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité, il est important de penser à échelle globale. Réduire en déchets une voiture qui marche ou l’envoyer rouler en Afrique pour en acheter une neuve qui pour être « propre » chez nous devra polluer les quatre coins de la planète, c’est débile.

En prenant du recul on peut aussi dire qu’actuellement, des vendeur.euses de machines arrivent à nous faire croire qu’en achetant des nouvelles machines on va sauver la planète.

Des nouvelles caisses et des amendes : c’est bon ça !

Du coup, à part remplir le centre-ville de voitures neuves et mettre des amendes aux pauvres gens qui auront pas l’envie et les moyens de changer de caisse on va pas chercher plus loin. La pollution de l’air a qu’à bien se tenir !

Aucune remise en question de la place que prend la voiture dans la ville vu qu’elles seront toujours là. Pas d’initiatives plus flagrantes que ça concernant les pistes cyclables même si quand on les écoute la Mairie ils sont au top sur les transports et le vélo. Pour info : actuellement prendre le vélo à Toulouse c’est respirer des gaz d’échappements et frôler la mort de manière quotidienne. De plus les transports en commun ne permettent pas aux gens d’aller au travail autrement qu’avec leur voiture.

Ils nous étranglent pour qu’on respire mieux

Comme d’habitude quand il s’agit de question de santé publique et de destruction du vivant la seule réponse du système capitaliste extractiviste c’est de pousser les précaires à l’endettement pour consommer et produire toujours plus. Quand on parle de vie humaine ils nous inventent de fausses solutions bonnes qu’à rebooster le PIB.

C’est pas avec leurs idées à la con, qu’on va arriver à se protéger les toulousain.es et les autres millions de gens qui meurent prématurément tous les ans dans le monde. Diviser notre classe à coup de vignettes et de voitures neuves ne rendra pas les villes vivables.

Pour conclure on peut dire que les deux objectifs de la ZFE sont de dégager les prolos du centre-ville de Toulouse et de les endetter pour qu’ielles achètent des voitures neuves aux riches qui visiblement décident de comment on doit se déplacer dans la cité.

Tout ça sans nous demander ni oui ni merde en se basant sur le triptyque gagnant caméra, amende, flic.

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On se laissera pas faire ZFE : pied bouche.