Journal le Spigaou

Dans ce premier numéro, on parlera du confinement, du contrôle technologique et de la 5G (ainsi que de ses implications militaires), de l’apocalypse (et de nos petits potagers), de cette saleté de patriarcat ! … pour finir par un dossier « santé », de nos rapports à la folie, à sa romantisation ; aussi du courant hygiéniste à travers l’histoire de la médecine dite « sociale » de la gestion sanitaire de la « main d’œuvre productive » et de ses premières quarantaines,..
Voilà, bonne lecture !

sommaire et intro


Toute l’histoire de la civilisation occidentale peut être lue comme une tentative systématique d’exclure et ségréger le corps. Depuis Platon, celui-ci a été considéré tour à tour comme la folie à contrôler, l’impulsion à réprimer, la force à encadrer, l’inconscient à psychanalyser. [...] Une libération profonde des individus implique une transformation tout aussi profonde de la manière de concevoir le corps, son expression et ses relations.
Le corps et la révolte – Canenero - 17 février 1995

I. Interruptions - page 3
II. 5G : Le réseau de la domination - page 4
III. En attendant l’apocalypse - page 11
IV. Guerre au patriarcat - page 14
V. Autour de la folie - page 17
VI. La folie se porte bien ! - page 19
VII. La longue marche vers la contention sociale – page 20

Depuis le début de l’épidémie, de nombreuses personnes se sont mises à écrire différentes analyses ou suppositions, et les réactions les plus diverses ont pu être observées. Certain.es se rencontrent, cherchent à voir les choses le plus finement possible tout en acceptant le degré d’incertitude inhérent à la situation. D‘autres parlent de « régulation naturelle » et lorsque l’on en arrive à voir une opportunité dans la possible perte (même par un virus) d‘un groupe spécifique de la population le fascisme n’est plus très loin. D’autres encore souhaitent un retour à la normale, sans précaution, dans une vision très libérale de la liberté. Beaucoup ont des difficultés à percevoir la portée de ce virus, puisque principalement entouré.es de personnes jeunes et en bonne santé ; quand certain.es, accros aux actualités, paniquent. On peut aussi avoir tendance à simplifier, déformer voire même nier la réalité, de manière plus ou moins intentionnelle, pour tenter d’y échapper. L’État lui voit dans la situation un parfait chantage pour la mise au pas d’une bonne partie de la population.
La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui implique de vivre mais aussi de réfléchir autrement. Il n’est pas possible d’attendre que l’étau se resserre cette fois-ci encore plus rapidement que d’habitude en nous laissant irrémédiablement envahir par un contrôle toujours plus poussé. Il s’agit alors pour nous de sortir de la binarité, ne pas faire le jeu du tout sécuritaire, sans pour autant nier toute une partie de la réalité qui est en train de s’installer. À l’heure de la publication de ce journal, le discours dominant se veut plus que rassurant, néanmoins le virus continu de tuer peut-être moins en fRance mais à d’autres endroits la situation reste critique ; et rien ne dit que d’autres virus ne vont pas continuer à nous tomber dessus, dans une époque où la destruction massive des écosystèmes est de mise.
Depuis toujours, les anarchistes combattent l’idée selon laquelle en l’absence de régulation étatique, se mettrait en place la loi du plus fort. Ne donnons pas raison à nos détracteurs. Selon mes propres aspirations anarchistes, les personnes dites « fragiles » d’un point de vue médical, ne devraient pas se retrouver exclues ou mises en danger pour que d’autres puissent vivre librement. Il s’agit alors de trouver des moyens de continuer à vivre en prenant en compte les limites de chacun.es, opposant ainsi sa propre éthique personnelle à une logique de « gestion des populations » toujours plus invasive.
Nous nous retrouvons aujourd’hui face à des enjeux énormes. Réussir à penser et agir au-delà de la peur et du contrôle, tout en restant attentif.ve n’est pas une mince affaire. Mais le désir, propre à chacun.e, peut survivre même dans les situations les plus difficiles. Il s’agit alors donc de continuer à réfléchir, rêver et expérimenter sans pour autant attendre une éventuelle « sortie de crise » qui ne viendra pas. La catastrophe est déjà là, depuis des décennies.

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Ce qui fonde la séparation entre les gestes quotidiens tels qu’ils sont vécus – banalement – dans la vie quotidienne et ces mêmes gestes tels qu’on les revit passionnément dans le rêve, c’est la séparation que l’on est à faire dans chacun de nos gestes, entre les pulsions du désir et sa satisfaction. Seul le désir, s’il passionne nos gestes quotidiens, peut en créer le sens ; et les rêves, qui sont aux gestes ce que les idées sont aux mots, ne s’améliorent qu’à cette seule condition. « Les rêves s’améliorent aurait dit Lautréamont ; la passion que l’on met dans les gestes quotidiens y contribue. »
Quand le désir ne passionne plus nos gestes, la destruction s’affadit et ne sale plus l’espace. Et si, par là, le temps, n’a plus pour s’améliorer un champ d’expérience digne de lui, c’est parce que notre sentiment du temps est lui-même indigne de nos tâches historiques… « Le temps s’améliore ; la destruction de l’espace y contribue. »
Mais l’espace est devenu indestructible ; les bâtiments ne vieillissent pas : ils sont déjà vieux le jour de leur inauguration. C’est parce que la séparation entre le désir de créer et sa réalisation, séparation qui est à la base du minable métier d’architecte, est simplement et énormément démultipliée par l’industrie. Il faudra éliminer tout temps qui existe en dehors des individus.

Mépris de conduire - Maroine Dib, Le désir libertaire novembre 1075

Journal complet :
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