(Il faut mieux tard que jamais) Petite réflexion et réaction autour de la manif féministe du 23/11

L’assemblée féministe « Toutes en grève 31 » et d’autres organisations toulousaines ont organisés, le 23 novembre, une manif à Toulouse à l’occasion de la journée internationale de luttes contre les violences faites aux femmes et aux « minorités de genre » -selon leurs termes-.

Pendant cet événement des pancartes qui criaient « qui tue le plus de femmes ? Le pornocriminel » ou alors « porno ventes des féminicides », « prostitution= viol tarifié » ont été arrachées.

Il nous importe peu de savoir ce que les personnes qui les ont déchirées ont réellement fait ou pas. Ce qui est certain par contre, c’est que ces personnes ont réagi avec les moyens qu’iels ont jugés nécessaire et possible sur le moment.

Ce texte est né de l’envie de recentrer et contextualiser le débat car ces évènements ont l’air d’avoir fait pas mal parler en y amenant une confusion et un blabla général que ce soit sur le net ou dans notre propre entourage.

Le lendemain de la manif, des textes exagérés et disproportionnés par rapports à la situation ont été publiés. On y lit : « pour la première fois j’ai été agressée par des femmes , une des mes sœurs de lutte a été giflée, une autre a eu ses vêtements déchirées sur elle, les attaques ont été plurielles », « menace de morts et lynchage », « à devoir se défendre avec nos poings contre d’autres femmes »

En se mettant dans une position de victime, elles tentent de mieux nier une évidence : leur discours relayent et justifient le discours répressif de l’état. Ce même discours qui stigmatise et facilite les violences physiques et institutionnelles. Qui précarise de plus en plus (ce serait pas dans l’air du temps ?) et augmente les prises de risques pour les travailleurs et travailleuses du sexe.
Elles "luttent" implicitement contre l’écart a la morale bourgeoise que représente la « prostitution », elles parlent sans prendre en compte l’importance du contexte social et de l’autonomie, quelle qu’elle soit, des tds. En oubliant que le travail du sexe est aussi un lieu politique à la croisée de plusieurs mécanismes d’oppressions. Pour nous, cette idéologie applique une domination identique à la domination patriarcale qui essaye de dicter sa vision de la "dignité", contrôlé les corps, les droits et les choix des minorités.

Ce qu’il s’est passé a été relayé et amplifié sur les réseaux sociaux et au sein des milieux qui nous entourent. Beaucoup de personnes ont pu donner leur avis sur ce qu’elles et ils ont vu ou pensé de la situation. On trouve paradoxal que tant d’énergie ait été mise pour ça. Alors que, au contraire, très peu a été dépensée pour soulever la question des conditions de travailleur.euse.s du sexe, le stigmate étatique, notre putophobie intériorisée, les clivages entre les différents courants féministes et pourquoi ils existent.

Il nous paraît important de clarifier que l’arrachage des pancartes n’a pas été fait que par des personnes concerné.e.s contrairement à ce qui a été dit à plusieurs reprises. On n’a pas envie d’attendre d’être concerné.e.s pour réagir, ni la prétention de parler au nom des tds, on a cherché à faire disparaître leurs propos oppressifs.

Aucune réaction ou soutien n’a été formulée pendant ou dans les jours qui ont suivi la manif. Il n’y a pas eu de recherche de solidarité effective avec les travailleur.euses du sexe, ni même de tentative de formuler un discours clair et approfondi sur la question.

Mais pendant la manif, que fait l’orga à la place ? Une invitation à en parler en AG ! Un chouette moyen d’en faire une déresponsabilisation individuelle et collective !

L’assemblée générale toutes en grève 31, refuse de se positionner sur la question en entretenant un flou, par peur du clivage [1]. Par ce fait, elle contribue à reléguer l’abolitionnisme du travail sexuel à « une opinion parmi les autres ».

On dirait que Toutes En Grèves défend une image arrêtée de « La Fâaameee », avec une identité bien définie, unique, stable et lisse. Ces personnes ne feraient-elles pas le jeu du patriarcat, en invisibilisant toute personne qui ne rentre pas dans leur image du féminisme, alors même qu’elles se prétendent inclusives ? En gardant le silence radio ? Ne faudrait-il pas questionner l’apparition dans leur dernier communiqué sur ces évènements seulement une fois que des personnes concerné.es s’en sont chargé [2] ?

Oui en effet, nous sommes divisé·es, on dirait que cette réalité devient gênante pour celleux qui veulent massifier et unifier. Mais ce genre d’événement (comme tant d’autres) matérialise, expose, l’hypocrisie de cette unité.

Solidarité avec tou·te·s dans leurs batailles quotidiennes contre la technocratie du genre !

Ni (patriarche), ni abolos, que crève le capitalisme rose et son système policier

Bisous si consentis.

Notes

[1On considère qu’il y a DES questions dites « clivantes ». Mais on a fait le choix de se concentrer autour du sujet de l’abolition de la prostitution. Évoquer dans les affiches que « tout propos oppressant ne sera pas toléré » n’ enlève pas le flou dans le reste des textes publiés, discours, et regards. Ne pas aborder ce genre de questions est ignorer l’ intersectionnalité nécessaire pour mieux faire face à un système hétérocentré dominant et aux violences qui en découlent. On pense que cela invisibilise doublement des personnes dont l’identité est systématiquement discriminée et ignorée par le patriarcat, au sein même du milieu féministe.

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